Rio Abé allait passer son Noël seul alors que ses parents vivaient au chaud en Amérique du Sud. De ce que savait Rio, ils possédaient plusieurs maisons dans différents pays. Dario, lui, devait étudier encore quelques mois afin d'atteindre son objectif.
On ne peut pas dire que Rio n'était pas apprécié par les autres. Certes, ils possèdait une bulle difficile à pénétrer, mais, lorsque vous appreniez à le connaître, Rio était gentil, blagueur et attentionné : un vrai ami. Malheureusement, depuis le drame, il n'étudia plus à l'université. Il oublia complètement les autres et se recentra sur lui-même. Pour vous dire, le seul contact social qu'il ait eu ces derniers jours était une lettre envoyée par Dario. Il lui avait présenté ses condoléances et quelques mots d'encouragement. Rio n'y donna pas trop d'importance. Comment mangeait-t-il ? Et bien, il ne mangeait pas ou très peu. Il perdait des kilos chaque jour à tel point qu'on commençait à apercevoir ses côtes. Il mourrait lentement. Il suffit qu'un être vous manque pour que votre flamme s'éteigne. Comme si le reste du monde était froid et sans vie. Un homme doit passer par des obstacles dans sa vie mais, lorsque l'obstacle est trop haut, il a besoin d'amis, d'une famille afin de le surmonter. Cette solitude consumait Rio et le consumera pendant de longues années.
Deux ans plus tard.
" Nous venons de retrouver un béret gris aux alentours de la scène de crime qui aurait pu appartenir au meurtrier de Sasha Abé. Après vérification, ce béret appartenait à Rio Abé. En effet, des témoignages d'étudiants connaissant Monsieur Abé affirme que c'était bel et bien son béret. Il devient donc le suspect numéro un de cette enquête. Ses voisins disent qu'il ne sort de chez lui que très rarement et cela depuis peu. Il y a six mois, il ne sortait pas du tout même pour faire des courses. C'est son frère qui lui apporte de quoi se nourrir. Or, d'après certains enquêteurs le béret est tombé là-bas depuis plus d'une année vu l'usure que ce dernier a subit. " Radio française d'information, 1974.
Rio Abé fut arrêté le vendredi 13 décembre 1974. Il se fit interroger par deux agents : une femme et un homme. La femme lui posa la première question d'une voix douce :
" Où étiez-vous au moment du crime ? "
Aucun signe de vie n'émanait de Rio. Il ne clignait même pas des yeux. Il avait le regard vide et semblait perdu. La policière essaya de le raisonner calmement en lui expliquant que s'il parlait, il se pourrait qu'ils trouvent l'assassin de sa fille. Cette phrase fit l'étincelle qui raviva la flamme de Rio un court instant. Il craqua ses doigts et fit signe aux agents présents de reprendre l'interrogatoire." Ok reprenons. Où étiez-vous et que faisiez-vous au moment du crime ?
- À l'université. J'étudiais, répondit-il d'un ton froid.
- Et qu'avez-vous vous fait après le crime ?
- On m'a appelé pour m'annoncer la mort de ma fille. Je suis allé à l'école maternelle puis à l'hôpital. "Il expliqua cela sans aucun begaiement et d'une froideur qui glacerait votre sang. Il paraissait absent comme s'il n'était pas maître de ses paroles. La policière eût un frisson et continua en haussant la voix.
" Comment pouvez-vous dire cette phrase sans aucune émotion ? Avez-vous réellement tué votre fille ?
- Non.
- Les médecins disent que quand vous étiez à l'hôpital vous n'aviez pas votre béret que vous mettiez tout le temps.
- Je l'avais perdu et d'ailleurs je ne l'ai toujours pas retrouvé, se défenda-t-il.
- D'après nos informations, un surveillant qui s'occupait de la sortie scolaire a aperçu l'homme avec qui est parti votre fille, et, il se trouve qu'il portait un béret gris identique à celui que vous aviez perdu, comme par hasard, ce jour-là.
- Quel habit portait cette homme ?
- C'est moi qui pose les questions ici ! hurla-t-elle.
- ...
- Il portait une veste en cuir et un pantalon noirs, interrompit l'autre policier.
- Je portais une veste beige et un pantalon marron ce jour-là. Demandez aux médecins. D'ailleurs, j'étais aussi dans cette tenue à l'université, rétorqua-t-il.
- Vous auriez très bien pu changer d'habits. Ne nous prenez pas pour des cons, s'énerva-t-elle.Elle sorta de la pièce. L'autre policier expliqua qu'elle était sur les nerfs parce qu'elle venait de perdre son mari il y a quelques semaines à cause d'un accident de voiture. Cette affaire lui rappelait un peu la mort de son mari. De ce fait, il demanda à Rio d'éprouver un peu de compassion. Lorsque Rio entendit ça, il esquissa un sourire. Il venait de se faire arrêter pour le meurtre de sa propre fille mais c'était à lui de compatir. Elle revint avec le béret. Rio affirma que c'était bel et bien le sien mais qu'il avait dû se le faire voler avant le crime. Il leur demanda d'aller voir la bibliothécaire de l'université qui pourra confirmer son alibi. Les policiers ont fini par être convaincu que Rio était innocent malgré sa froideur. Vu qu'ils n'avaient aucune preuve qu'il portait le béret au moment du crime, il a pu partir mais, il devra quand même se rendre au tribunal dans deux semaines.
Lorsqu'il rentra chez lui, le calme était revenu. Rio détestait le silence plus que tout mais il devait se l'infliger. Il regrettait de ne pas être aller chercher sa fille à l'heure et, d'une certaine façon, il se croyait complice du crime. Les pleurs, les rires, les sifflotements de sa fille avaient cessé et c'était de sa faute. Plus il y pensait, plus il en devenait fou. Il s'enfumait petit à petit dans sa monotonie. Rio ne croyait plus en la vie. Il n'avait plus confiance en elle. Valait-elle vraiment la peine d'être vécue ?
Un homme se dressa contre son malheur, Dario. Grâce à son frère, Rio mangeait de mieux en mieux. Cela leur arrivait même de faire une partie de cartes. Même si la partie restait silencieuse, cela permettait à Rio de penser à autre chose. Lorsque Dario repartait, la nuit tombait tandis que Rio, lui, pensait. Pensées de vengeance, de regrets, de mort l'envahissaient.
Alors que le jour du tribunal approchait, Rio décida d'aller sur les lieux du crime. Il inspecta chaque détail et imagina comment la scène s'était passée. Il se mit à verser des larmes, ses premières larmes, comme quoi il lui restait encore une once d'humanité. Il continua tout de même son inspection. Pourquoi les policiers avaient-ils mis autant de temps à retrouver le béret ? Pourquoi n'y avait-il aucun cheveux à l'intérieur de ce dernier ? Pour quelles raisons élaborer un assassinat envers une fille de seulement quatre ans ? Tant de questions qui devaient obtenir une réponse avant le jour du tribunal. Il resta des heures sur place afin de se dédouaner de ces accusations et découvrir le mobile du meurtrier.
Le jour J arriva. Rio entra dans la salle le visage inexpressif. La juge lança les hostilités.
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Rio Abé
General FictionRio Abé jure de devenir détective pour venger sa fille. Son rêve s'est transformé en obligation depuis la mort de cette dernière. Il ne vit que pour ça et va, avec l'aide de son frère, résoudre beaucoup d'affaires. Un jour peut-être resoudra-t-il l'...