Chapitre 5

689 25 7
                                    


Je sortis du gymnase, les mains dans les poches, la tête baissée.

La moitié de la classe était venue me voir pour me féliciter, me demander depuis combien de temps je faisais de la gymnastique, le prof lui-même était venu me demander si je voulais faire des compétitions en m'inscrivant au club du lycée. Ils avaient tous été déçus que je refuse. J'ai regardé mon professeur dans les yeux en lui répondant que la compétition était uniquement pour ceux qui avaient quelque chose à se prouver,et que le sport devait être un loisir, pas une source d'angoisse ou d'excuse pour montrer qui était le meilleur. Je n'avais jamais vu un visage si décomposé. J'ai bien cru qu'il allait falloir appeler les urgences tant il était rouge.


J'avais essayé de ne pas trop en faire, me contentant de roues et de poiriers, j'avais juste fait un saut périlleux, un seul ! Et ça m'avait déjà valu des« waouh ! » impressionnés. Mais même eux pouvaient le faire, alors je n'avais pas très bien compris leur enthousiasme.Peut-être était-ce le grand-écart que j'avais fait pour m'échauffer en début de séance... Mais tout de même, il n'y avait rien de bien impressionnant là-dedans.


Je m'assis sur le banc qui était devenu ma place attitrée en soupirant. Je posai lourdement mon sac à côté de moi. Théodore arriva devant moi en fronçant les sourcils.


- Tu en tires une tête, Jenna. Quelque chose de mal s'est passé ?

Je lui racontai la séance de sport et la discussion avec mon professeur. Il explosa de rire.


- Les profs cherche les éléments un tant soit peu doués pour le club de sport du lycée. Le problème,c'est que très peu d'élèves arrivent à faire ce que tu fais,aussi simple cela puisse te paraître. Et puis les trois quarts du lycée sont plus branchés football que gymnastique et on en peut pas être bons en tout. Mais ce que tu lui as dit était magique !Tu es géniale, petite Jenna !


Il tendit son poing pour que je le lui cogne, mais je n'en fis rien. Je le regardai comme s'il était devenu fou.

- Tu parles, rien de mieux pour un premier jour que de se faire détester par un prof !

- Tu y es peut-être allée un peu fort, mais je suis certain qu'il s'en remettra. Je ne pense pas qu'il soit si rancunier.


J'en doutais, mais il essayait de me rassurer. Comme il tendait toujours son poing, je le lui tapai en souriant.


Angelo vint à notre rencontre, Lorène sur ses talons.


- Eh, Jenna, t'as assuré en sport !Je t'ai vue par la fenêtre, tu te débrouilles super bien !s'exclama-t-il.

- Non, je ne ferai pas de compétition.

- Je ne voulais pas te le proposer, ma jolie ! Tu as l'air de mauvais poil.


Je soupirai en essayant de me calmer.Théodore m'avait rassurée, mais Angelo avait rallumé le feu.


- J'ai toujours eu le droit au même discours, chaque année : « viens dans mon équipe, t'es super douée ! », « viens avec nous, pour la gym, ça va être marrant ! » et puis en dehors, c'était l'ignorance totale et ils m'évitaient tous. Je n'étais là que pour les aider en travaux de groupe, mais hors de question de traîner plus que ça avec moi !

Enfants de la scienceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant