XV - Avoir les idées larges

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Vers la fin du mois de novembre, alors qu'Adrien était en train de réchauffer le dîner, son téléphone vibra. C'était un appel de Kylian.

— Salut, ça va ? demanda-t-il en décrochant.

— Euh, ouais.

Quelque chose dans la voix de son camarade alerta Adrien.

— Ça n'a pas l'air, objecta-t-il.

— Eh bien... Ça poserait problème si je venais chez toi ce soir ? Pour dormir.

— Non, bien sûr. Viens quand tu veux.

— Ok, merci. Je devrais être là dans une demi-heure, à peu près.

— On t'attends, Kylian.

Adrien ajouta un couvert et prévint Tom et Sabine qu'ils avaient un invité surprise quand ils remontèrent. Ils se mirent à table sans l'attendre car Tom devait se coucher rapidement. Ils en étaient à l'entrée quand Kylian arriva. Ce dernier paraissait gêné et Adrien fit le mieux pour le mettre à l'aise et l'inviter à les rejoindre. Pour le laisser se poser, ils continuèrent leur conversation précédente.

Une fois le repas terminé Tom leur souhaita bonne nuit et Sabine laissa les garçons ranger la cuisine pendant qu'elle prenait la planche à repasser. Quand ils eurent fini, après avoir souhaité bonne nuit à Sabine et récupéré le sac de Kylian, ils montèrent dans la mansarde.

— Tu sais où est ta chambre, plaisanta Adrien en montrant le paravent qui cachait le lit qu'il avait remis en place pour l'occasion.

— Je suis désolé de débarquer comme ça.

— Ne dis pas de bêtise. Je suis prêt à t'écouter, si tu as envie d'en parler, mais t'es pas obligé.

— Y'a pas grand chose à en dire.

Adrien se dit que son ami avait besoin d'aide pour trouver un peu de sérénité :

— Allez, viens, on va prendre l'air sur la terrasse.

Ils montèrent sur la mezzanine, passèrent par la tabatière au-dessus du lit et se hissèrent sur la terrasse. Adrien alla s'accouder à la balustrade.

— C'est encore plus beau la nuit, apprécia Kylian après avoir admiré quelques secondes en silence.

Adrien hocha la tête. Il adorait cette vue. Pas seulement pour la beauté des toits qui se découpaient sur le ciel noir, les rues éclairées qui se dessinaient dessous, les monuments éclairés, les bruits étouffés de la rue. Pour lui c'était surtout le souvenir des courses éperdues, la liberté totale, les bonds extraordinaires rendus possibles par sa transformation et puis sa Lady qu'il partait retrouver, ou bien qui venait, gracieux éclair rouge, le border dans son lit. C'était un formidable partenariat pour défendre leur ville et leurs concitoyens, contre la désolation et la destruction. C'était le sentiment du devoir accompli, la complicité, le « bien joué » qui marquait leur victoire, leurs phalanges qui se touchaient tandis que leurs yeux partageaient leur joie.

— Toi, tu penses à Marinette, fit Kylian.

— Oui, désolé, s'excusa Adrien un peu contrit.

— Il y a des moments où tu ne penses pas à elle ? demanda son ami d'un air amusé.

— Beaucoup de choses me font penser à elle, avoua Adrien. On a tellement de souvenirs communs. J'espère que c'est pas trop pénible, pour toi.

— Non, c'est sympa en fait. C'est mignon.

Adrien préféra en rire :

— Ça fait pas très viril, mais ça ira.

— T'as besoin d'être rassuré là-dessus ?

La fille de la photoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant