Mercredi 7 Décembre 1633

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J'eusvraiment passé une mauvaise nuit, dans un vieil immeuble abandonnéqui menaçait de s'effondrer à chaque fois que j'ouvris une portetrop brutalement. Je chercha de quoi manger à chaque étage, sanssuccès. Après tout, les démons se contentaient de se manger lesuns, les autres. C'était à se demander s'il y avait de lanourriture potable en ces lieux, en dehors de ce qu'ils servaient auHappy Hôtel. Quand je repensais à la façon dont Lucifer m'avaitmit à la porte de l'hôtel de sa fille, cela me mit dans une ragefolle. Sous prétexte que "Monsieur" est le souverain desEnfers, il se croit tout permis sans donner de justificatif. Jesortis mon carnet de ma sacoche, en me disant que je pourraispeut-être faire passer discrètement un mot à l'adresse du HappyHôtel. Je m'assis, pris mon crayon et ouvris mon carnet. Quelquechose était écrit. C'était étrange, je ne me souvenais pas avoirécrit quoi que ce soit, d'autant plus que ce n'était pas monécriture. Il y était simplement écrit " Rendez-vous à lagrande horloge ". Qui avait bien pu me laisser ce message ? Jeréfléchis pendant un long moment. Je me résigna à me faire desnœuds au cerveau en me disant que la seule solution pour en avoir lecoeur net, c'était d'aller voir. Je rangea mes affaires, mis masacoche en bandoulière autour de mon cou, et partis pour le centreville. Il me fallut une bonne heure avant de parvenir à madestination. Non pas que le chemin fut bien long, cependant, ilfallait être extrêmement vigilant. Je croisa toute sorte de démons.Certains marchaient, tandis que d'autres volaient ou rampaient. Maisle pire, c'était quand il fallait traverser une route. Il n'y avaitaucun stop, aucun feu tricolore et les chauffeurs avaient tendance àrouler très vite, quittes à écraser deux ou trois piétons. Quandj'eus enfin fini de faire le parcours du combattant, je regarda lesalentours, au pied du clocher. Personne ne semblait attendre mavenue. Je décida d'en faire le tour. Toutes les faces de la tourétaient visibles depuis la route, sauf celle de derrière. En m'yrendant il n'y avait toujours personne. Je finis donc par me demanders'il n'y avait pas un moyen de rentrer à l'intérieur. Cependant jen'avais vu aucune porte. Je m'approcha du mur pour l'examiner de plusprès. Quand tout à coup, une main sortit du mur, agrippa le col dema veste et me tira à travers. Je retrouva rapidement mes esprits etregarda tout autour de moi. Il faisait sombre, mais je réussis àdistinguer deux personnes dans l'ombre :

Qui est là ? leur demandais-je. Qu'est-ce que vous me voulez ?

Pas d'inquiétude, me dit l'une des deux personnes. Nous sommes là pour t'aider.

Bienque je ne l'avais pas entendu souvent, je reconnus la voix sifflantede Sirpentium. Cela me faisait plaisir de revoir quelqu'un d'amical.Une lumière tamisée se mit à faiblement éclairer les environs. Laseconde personne s'approcha. Je m'attendais à voir n'importe quellepersonne du Happy Hôtel, mais pas elle... pas Lilith. Me retrouveren face d'elle me fit me sentir affreusement petit :

Je me retrouve enfin en face de toi, me dit-elle. Depuis le temps que j'entends parler de toi...

Vous savez, Alastor n'est pas un nom commun, mais il en existe sûrement d'autres qui ont ce prénom, lui répondis-je.

Vous avez sans doute raison, un démon nommé Alastor et qui a perdu la mémoire, je dois pouvoir en trouver un autre en Enfer sans problème, me répondit-elle avec une pointe d'ironie.

Et pourquoi voudriez-vous m'aider ? leur demandais-je.

Car en te voyant avec Charlie, et les rapports détaillés que m'a fait Sirpentium, je pense que mon mari a fait une erreur fatale, me répondit Lilith.

Des rapports ? répétais-je en me tournant vers Sirpentium.

Carnet de non-retourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant