CHAPITRE 6

25 3 1
                                    


Suite du flash-back. Environ 1h après la fuite de Jacob et Typhen.

[Point de vue : Casper]

Je n'aurais jamais pensé être entouré d'une aussi grosse bande d'abrutis. Il suffit que je détourne mon attention une petite heure,  et voilà ce qu'il en est.

J'ignore ce qu'il s'est passé, mais je ne vais pas tarder à le savoir. L'alarme ne doit être déclenchée qu'en cas d'extrême urgence. La règle est claire : si l'un des champs-de-force est menacé, pour une quelconque raison, nous devons impérativement agir pour le rétablir. Il en va de la survie de l'Organisme.

Il en va de notre survie, à tous.

Spencer - le mec qui a déclenché l'alarme - me suit de près, comme s'il était mon petit chien. J'ai horreur qu'on soit dans mes pattes ; alors je lui hurle de dégager. C'est lui qui a lancé l'alerte, alors qu'il s'active un peu, au lieu de me déballer des explications sans queue ni tête, qui me donnent plus envie de lui asséner mon poing dans la gueule que de l'écouter.

Une fois seul, je presse le pas, me fraye un passage entre les gardes de nuit, les patrouilles et les recrues chargées de la maintenance du système, qui se ruent bruyamment dans le sens inverse, jusqu'à ce que j'arrive face à la porte du bureau de Maria, une de mes meilleures recrues, davantage spécialisée dans l'informatique et la vidéosurveillance.

Je toque à la porte et entre après qu'elle m'ait répondu, d'une voix lointaine.

Maria ne m'adresse d'abord aucun regard. Elle est absorbée par les écrans des caméras et de son ordinateur, mais ne semble y soutirer aucune réponse. Sentant que je perds patience, je claque la porte derrière moi, en prenant soin de faire le plus de bruit possible, qui, malgré ça, se fond dans celui qui jaillit du couloir. Elle se retourne en sursaut et s'avance vers moi, paniquée :

- Ah ! Monsieur ! Merci d'être venu aussi vite !

- J'attends des explications, Maria. Tout de suite."

L'air grave que j'arbore, associé à mon regard menaçant et à mon ton sévère, la fait frémir et reculer d'un pas. Elle se triture les doigts et s'efforce de ne pas me regarder dans les yeux.

- D-des prisonniers se sont échappés, bafouille-t-elle.

- Tu me prends pour un con ou quoi ?! Bordel, je l'ai entendue l'alarme, je ne suis pas sourd encore !

- O-oui, veuillez m'excuser, je...

- Le temps presse, Maria ! La coupé-je, si tu m'as fait venir pour rien, je te jure que...

- N-non Monsieur ! Je ne vous ai pas fait venir pour rien !"

Elle s'interrompt un instant pour aller chercher sa tablette numérique, sur laquelle elle est censée stocker les informations importantes. Je la regarde manipuler l'écran tactile sans trop chercher à comprendre ce qu'elle fait, car l'informatique n'est pas mon domaine, et car je m'en fiche pas mal. C'est son boulot, pas le mien.

- V-voyez-vous, dit-elle sans lever les yeux de sa tablette, je me suis occupée de checker les caméras de surveillance...

- Allons bon, et qu'as-tu trouvé ? Fais-je en roulant des yeux, agacé par la lenteur qu'elle met à cracher le morceau.

- J-je ne pense pas que cela vous plaise, mais...

- Putain, Maria !"

Les bras autour de ma poitrine, je tape du pied, excédé. Si Maria ne passe pas la cinquième au plus vite, je serai obligé de le faire à sa place. Elle déglutit, le visage tiré par la peur, et me désigne son écran du bout de son doigt, tremblant, sans dire un mot. L'image est très pixelisée, mais je devine facilement qu'il s'agit de la prison, et plus précisément de la cellule où le nouveau était censé être retenu. D'ailleurs, je le vois, debout, en train de sortir tranquillement, sans aucunement se soucier des caméras qui le scrutent de toute part. Il n'a pas non plus l'air perturbé par le fait que sa porte soit soudainement ouverte.

Mad Seeds - RED (T1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant