CHAPITRE 7

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Rappel des chapitres précédents :
Typhen et Jacob, deux adolescents de dix-sept ans résidant dans la petite ville de Winsburg, se sont fait enlever par d'étranges personnages, travaillant pour "l'Organisme".
Après avoir découvert un laboratoire rempli de machines expérimentales et après avoir déambulé dans des couloirs tachés de sang, Jacob a pris les rennes en mains et s'est enfui avec sa meilleure amie, affaiblie par les sérums qu'on lui a injecté. Mais après trois jours de fuite, il semble que l'Organisme les ait finalement retrouvés, car Typhen, partie ramasser quelques fruits sauvages, se retrouve soudainement encerclée par une dizaine de personnes.

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Vingt-quatre heures plus tard. 
Prison de l'Organisme.
[Point de vue : Typhen]

- Train, tu peux dire à Typhen d'arrêter de râcler ses ongles contre la terre ? Crache Jacob depuis la cellule voisine, ce bruit est insupportable."

Je déglutis avec difficulté et ramène mes genoux contre ma poitrine, cessant toute activité - dommage, celle-ci m'aidait à garder mon calme, au moins un peu -.
Je soupire, profondément.
Quoi que je fasse, Jacob trouve toujours un moyen pour m'attaquer. J'ai beau me défendre de toutes les façons possibles, rien n'y fait. Je savais que Jacob était quelqu'un de borné, mais à ce point, je dois avouer que je suis surprise. Et pour être honnête, ça commence à être agaçant.
Je ne sais plus quoi lui dire, à force. Je n'ai plus l'énergie de lui renvoyer ses pics continus. Train, qui est une fois encore chargé de nous surveiller, semble tout autant lassé que moi.

- Je ne suis pas ton pigeon voyageur mec, soupire ce dernier, si tu as un truc à lui dire, tu t'adresses directement à elle.

- Ah non, fait Jacob d'une voix pincée, sorry not sorry, je ne parle pas aux meurtrières, moi."

Un silence s'installe. Je suis de dos, mais je sens très bien le regard insistant de Train, qui jongle entre Jacob et moi. Il ne sait plus où se mettre, et moi non plus.

- Bon, me dit-il après de trop longues secondes, quelque chose à dire pour ta défense, miss tigresse ?

Pour la énième fois, je soupire, excédée.

- À force, je ne vois pas ce que je peux dire de plus, je réponds d'un ton que j'aurais voulu détaché, mais qui trahit inéluctablement ma fatigue, dans tous les sens du terme, et arrête de m'appeler comme ça, "Train" (je n'arrive toujours pas à me faire à l'idée que ce mec ait le nom d'un moyen de transport), ça m'agace.

- Tu n'es pas en position de me donner des ordres, miss, rétorque-t-il fièrement, d'ailleurs, si j'étais toi, je me tiendrais un peu plus à carreaux, vu la pagaille que vous avez foutue, tous les deux."

Et là, vous vous demandez probablement depuis de bonnes minutes ce qu'il a bien pu nous arriver pour qu'on en soit rendus à la case départ, alors que nous fuyions depuis plus de trois jours. Et surtout, vous devez vous demander pourquoi Jacob et Train s'acharnent autant sur moi, en me traitant de "meurtrière", et j'en passe.
Pour la faire courte, Jacob et moi nous sommes faits rattraper par nos poursuivants, il y a vingt-quatre heures de ça. Ils se sont tout d'abord attaqués à moi, mais sont tous morts mystérieusement en l'espace de quelques minutes. Et il en va de même pour les assaillants de Jacob.
Ce n'est que lorsque je me suis réveillée que l'on m'a dit la vérité à ce sujet : toutes ces personnes sont en fait mortes de mes mains.

Oui, de mes mains.

Comment ? Par quel moyen y suis-je parvenue ? Je n'en ai aucun souvenir. Et cela m'embête plus que je ne le voudrais, car je n'arrive pas à faire entendre ma version à Jacob. Après tout, comment voulez-vous que Jacob me croit quand mon excuse se résume à lui dire que je ne me souviens de rien, et que je ne me contrôlais pas ? Je ne comprends moi-même rien à ce qu'il s'est passé, à ces deux reprises ? Pourtant, je sais qu'on ne me mentait pas, car j'ai réellement la sensation d'avoir commis ces meurtres, et qu'il en valait de notre survie à tous les deux, que ce soit Jacob, ou moi.
Alors, persuadée que, dans le fond, je n'y suis pour rien, je m'efforce à rester de marbre.

Mad Seeds - RED (T1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant