3. Une vie basée sur des mensonges

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Pdv Victoria

J'étais assise sur mon lit, abasourdie par la floraison de découvertes que je venais de faire.😱 C'était trop pour ma petite tête. Toute ma vie avait été construite sur un gros mensonge et je ne savais vraiment pas quoi faire ou penser. Mais comment nier que tout ce qu'on m'avait dit était faux? Une lettre écrite des propres mains de ma mère prouvait qu'elle-même reconnaissait les faits. Alors pourquoi mon cœur refusait d'accepter que tout ce qui venait de se passer, il y a quelques heures était réel? La lettre faisait partie des documents que Maman avait confié à Tonton Didier, le mari de ma tante pour qu'il s'occupe en tant qu'avocat de toutes les démarches administratives pour retrouver mon père, après son décès. Il n'avait pas eu le temps de la lire, parce que j'avais refusé de commencer ces démarches. Après plus d'une heure dans ma chambre à stresser, Tata Céline avait demandé que je revienne dans le salon. Là, j'avais retrouvé le monsieur, Tata Céline et Tonton Didier. Ma tante avait les yeux qui trahissaient sa douleur et son choc et après m'avoir mise au courant de tout ce qu'ils s'étaient dits, je pense que mes yeux aussi étaient dans cet état. Voici ce que ma mère disait dans cette lettre, long comme un fleuve :

''Ma chère Victoria, ma petite victoire,

quand tu ouvriras cette lettre, je serais déjà de l'autre côté de mon chemin et j'espère que le Ciel me fera bon accueil. Je n'ai pas eu le courage de régler toutes les conséquences de mes fautes pendant ma vie sur terre, mais pour le repos de mon âme et par amour pour toi, j'ai décidé de remettre de l'ordre dans ta vie et te donner la chance d'avoir une meilleure situation que celle que tu as toujours connue.

Tout a commencé, il y a plusieurs années, bien avant ta naissance, je travaillais à Cap-Skirring comme gouvernante dans un grand hôtel et c'était dans le cadre de mon travail que j'avais un soir revu un ancien camarade qui était en vacances avec son frère qui venait de la France. Ils s'appelaient Nestor et Michel Gomis. Il était prévu que Michel reste juste une semaine, mais dès le premier regard, nous étions tombés sous le charme l'un de l'autre. Alors nous avions commencé une relation sulfureuse en cachette. Il était resté une semaine de plus à l'hôtel avant de repartir à Dakar et on avait gardé le contact. Pendant presque trois ans, chaque fois qu'il venait en vacances, il venait roucouler avec moi au Cap et mes sentiments pour lui devenaient de plus en plus forts. Après son troisième séjour au Cap, j'avais découvert que j'étais enceinte. J'avais 31 ans à l'époque et cet enfant, même s'il n'était pas prévu, était le bienvenu dans ma vie. Mais ayant essayé plusieurs fois de le joindre sur son numéro français en vain, j'avais réussi à prendre quelques jours de congés pour aller à Dakar pour au moins essayer de trouver une solution avec Nestor, le frère de Michel. J'avais donc pu grâce à un ami commun me rendre chez les parents de Nestor et j'eus alors l'un des plus grands chocs de ma vie en apprenant que Michel s'était marié, il y a quelques semaines avec une autre femme. On nous présenta cette femme qui s'appelait Lise Faye. Mon cœur était en miettes, mais je dus faire bonne figure et la féliciter joyeusement pour leur union. En quittant cette maison, je m'étais promise de fermer définitivement le dossier de Michel, ce goujat qui s'était joué de moi et qui avait profité de ma naïveté alors qu'il savait déjà que j'étais une orpheline qui n'avait déjà pas une vie facile. J'étais retournée au Cap, en gardant pour moi, le secret de ma grossesse. J'avais pu continuer mon travail jusqu'à ce que mon ventre soit trop gros pour pouvoir continuer à travailler à l'hôtel, alors j'avais prévenu ta marraine Céline, parce que je ne savais pas si ce que j'avais mis de côté me suffirait jusqu'à la fin de la grossesse. Elle était un peu fâchée d'apprendre aussi tardivement ma grossesse, mais elle avait quand même à partir de cette instant pris à distance la plupart de mes charges. Elle insista en vain plusieurs fois pour que je rentre accoucher à Dakar, mais je ne voulais pas. Le huitième mois de ma grossesse, je dus être évacuée d'urgence à l'hôpital et avant que je ne comprenne ce qui m'arrivait, on m'annonça que le bébé n'avait pas survécu et pire encore le médecin me dissuada de retenter une nouvelle grossesse parce que je pouvais encore une fois faire une prééclampsie qui pouvait cette fois me coûter la vie. C'était une douloureuse nouvelle, mais j'avais toujours été une grande battante, alors j'avais accepté mon sort. Dès que je l'avais pu, j'étais rentrée à Dakar vivre ma convalescence chez Céline qui n'avait pu me faire avouer qui était le père de mon enfant décédé. J'étais restée trois mois à Dakar, puis j'étais retournée dans le sud. J'avais continué tranquillement ma vie pendant plus d'un an.

Sombre reflet(Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant