Je soupirai, attristée encore une fois par ce que je venais de lire dans le « dossier militaire de maintenance, de déploiement et d'expérimentation de James Barnes ». Le cas no. 17. Tandis que je replaçais les feuilles dans l'ordre chronologique, mes yeux tombèrent sur les photos agrafées au côté gauche de la couverture. Je regardai d'abord la plus grande, soit celle du Soldat de l'hiver plongé dans son sommeil de glace dans son caisson de cryogénisation. Cet homme qui avait essayé de me tuer à trois reprises, sans y parvenir. Je souris en pensant que j'étais probablement la seule victime de l'assassin numéro 1 d'HYDRA qui ait survécu à ses attaques. Puis, mon attention se porta sur la seconde image, plus petite. Celle de James Buchanan «Bucky» Barnes en tenue militaire. Je me dis que si je l'avais connu dans les années 40, il aurait surement attiré mon regard. Ce qu'HYDRA avait fait subir à cet homme était tout simplement immonde. Ma haine envers cette organisation s'était accrue au fur et à mesure que je lisais le dossier soviétique sur le Soldat de l'hiver.
C'était Natasha Romanoff qui l'avait donné à mon petit ami, Steve Rogers. Les documents étaient écrits en russe. Sachant que je parlais cette langue, il m'avait demandé de les traduire afin de comprendre ce qui était arrivé à son meilleur ami au cours des 70 dernières années. Voilà déjà deux mois que j'avais ce dossier entre les mains. Puisque j'étais encore en convalescence après les blessures subies lors de la bataille du Triskelion, cela m'avait permis de m'occuper pendant ces journées passées à la maison. Et puis, j'avais promis à Steve de l'aider à retrouver Barnes.
J'avais appris le russe à l'École Xavier pour jeunes surdoués auprès d'un autre élève : Piotr «Peter» Rasputin, alias Colossus. Un mutant comme moi. Enfin... pas tout à fait comme moi. Il avait une très grande force physique et sa peau pouvait se couvrir de métal tandis que moi, j'étais télépathe et télékinésiste. Bref, j'avais fait appel à lui à quelques reprises pour certains termes techniques qui m'étaient inconnus. Il s'était fait un plaisir de m'aider. D'autant plus que la lecture de cette langue était mon point faible. Je le parlais assez bien, mais l'alphabet cyrillique me causait quelques difficultés.
Le dossier contenait des renseignements sur les expérimentations faites sur le sergent Barnes après qu'Arnim Zola, scientifique nazi et membre d'HYDRA, ait été libéré par le Strategic Scientific Reserve, le SSR, c'est-à-dire l'ancêtre du SHIELD. J'avais trouvé, entre autres, le protocole opératoire sur le remplacement des restes du bras gauche du «cobaye» par une prothèse cybernétique en métal. Ils avaient aussi testé sur lui leur propre version du sérum du super-soldat. À croire que toutes les grandes puissances des années d'après-guerre avaient décidé de développer une formule destinée à améliorer les capacités physiques d'un être humain. Il y avait également des rapports sur les différentes séances de lavage de cerveau et d'effacement de la mémoire auxquelles Bucky avait été soumis. Les détails des séances de torture que Barnes avait endurées et qui visaient à le briser étaient tout simplement horribles à lire. Prisonnier depuis que les Soviétiques l'avaient retrouvé après sa chute du train dans les Alpes, il avait résisté longtemps à tout cela, mais il avait fini par se soumettre à ses bourreaux. Le corps a ses limites et l'esprit finit par flancher, tôt ou tard.
Une fois totalement sous le contrôle de ses tortionnaires, on l'avait soumis à un entraînement rigoureux pour faire de lui une véritable machine à tuer. Sans émotion, sans âme, sans libre arbitre. Le parfait petit soldat obéissant aveuglément aux ordres qu'on lui donnait. L'effacement de la mémoire, avant chacune des missions, avait justement pour but de le détacher émotivement de ses victimes. Ensuite, il était renvoyé dans son caisson de cryogénisation jusqu'à ce que ses services soient à nouveau requis, empêchant ainsi son corps de vieillir trop rapidement. Alors, on «réactivait» le Soldat de l'hiver. Le dossier ne contenait pas ce protocole. Peut-être avait-il été perdu ou détruit? J'avais lu quelques références à un Livre du Soldat de l'hiver, mais je n'étais pas certaine de comprendre ce dont il était question. Colossus n'avait pas pu éclairer ma lanterne à ce sujet non plus. Cette partie m'intriguait beaucoup. Si on effaçait la mémoire de Barnes entre chaque nouvelle mission, comment avait-il pu me reconnaître et se rappeler qu'il était censé m'avoir tué trois ans auparavant? Car il s'était souvenu de moi lorsque je m'étais battue contre lui à Washington. Le plus étonnant concernant l'attentat dans lequel j'aurais dû mourir, c'était que si j'avais pu le déjouer, c'était grâce à lui! Quand il m'en avait avisé en glissant un bout de papier dans la poche de mon manteau, le message faisait clairement référence à notre première rencontre à Odessa : «Tu es ma mission». Comment se faisait-il qu'il se souvienne de moi? Mystère...
Steve me demandait souvent où j'en étais dans ma traduction. Je lui résumais mes lectures et lui parlais des différents crimes commis par son ami, dont l'assassinat du président John F. Kennedy. Oui, Lee Harvey Oswald avait bien tiré sur Kennedy, mais il ne l'avait pas atteint mortellement. Le coup fatal était venu du Soldat de l'hiver, caché derrière une clôture à bonne distance du cortège présidentiel et de la foule. Ce fait d'armes n'avait pas impressionné Steve. Il m'avait alors informé que Bucky était un excellent tireur d'élite pendant la 2e Guerre mondiale. J'avais pu le constater moi-même à Washington lorsqu'il avait tiré sur Nick Fury à travers le mur du logement de Rogers. Cependant, ce que j'avais découvert aujourd'hui n'allait pas réjouir mon amoureux. Au moment où je rangeais le dossier dans mon coffret de sureté, j'entendis la porte de l'appartement se refermer. J'essuyai mes larmes avant de rejoindre Steve dans la cuisine. Remarquant mes yeux rouges, mon petit ami me demanda ce que j'avais. « J'ai enfin terminé la traduction du dossier. Je suis encore sous le choc de ma dernière découverte, dis-je en m'asseyant sur une chaise.
- Ça a l'air grave, répliqua Steve en prenant place à côté de moi. » Je lui parlai alors de la dernière mission documentée dans le dossier : l'assassinat d'Howard Stark et de son épouse, Maria, le 16 décembre 1991. Les parents de Tony Stark. Je savais que Steve avait bien connu Howard pendant la 2e Guerre mondiale et qu'il l'avait en haute estime. C'était lui qui avait fabriqué son bouclier en vibranium. Après mon récit, mon petit ami ferma les yeux et resta silencieux un moment. Il me fit ensuite promettre de n'en parler à personne. Il mettrait Tony au courant au moment opportun. Je lui jurai de garder le secret.
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Kinesys la nouvelle Avengers [Tome 2]
FanfictionEn couple avec Steve Rogers depuis quelques mois, Rosalie Hamel se remet de ses blessures subies lors de la bataille du Triskelion qui a mené au démantèlement du SHIELD. Mais HYDRA n'a pas encore dit son dernier mot. Face à la montée en puissance de...