Si seulement tu savais à quel point cette jeune révoltée avait des pensées plein à craquer, là, dans son esprit, dans sa tête. Tu sais cette tête qui possède des rêves, des questions à l'intérieur... Tellement d'idées qu'elle n'avait pas le temps de toutes les noter. Des idées et des rêves à réaliser. Un nombre incalculable de coups de gueule à pousser, de révoltes à mener. Et pourtant combien de fois elle avait voulu se taire pour ne pas devenir celle qu'on jugeait désormais. Elle avait ouvert la parole contre le manque de tolérance. L'ado révoltée souhaitait parler de l'amour qui semblait disparu dans notre nouvelle société. Elle voulait chanter sa rage contre toutes ces haines, comme le faisait Kurt Cobain. Chanter ses pleurs, ses coups de blues, ça aurait pu être sa manière de réparer ses blessures. L'ado révoltée, habillée de son manteau de plumes, pantalon noir, des Doc Martens aux pieds. Cette ado avait crié « Longue vie au véritable amour, honte à la non tolérance ». Maintenant qu'elle avait affirmé ses idées, le monde semblait s'être retourné. C'était la première fois qu'elle se sentit enfin vraiment écoutée. Depuis très longtemps. Car oui, elle voyait bien que la foule l'observait. Elle, la gamine qui aurait pu incarner tous les rebelles de la terre en quelques secondes, en une minute. On la regardait, celle qui prônait la paix et l'amour. Celle qui prônait la rébellion et la révolution, le genre de rébellion qu'on voit dans les films où les héros et héroïnes déchus changent la fin de l'histoire. Celle qui avait plein de voyages à réaliser, mais qui n'osait pas avancer. Une minute, un quart d'heure de gloire. Le temps de déclarer le manque d'amour et le respect qui avait disparu envers les uns et les autres. Elle avait envie de chanter son deuil du monde en harmonie auquel elle croyait gamine. Il y avait en réalité toujours de la haine, de l'incompréhension, de la peur des autres. Elle voulait parler de l'énorme peur de s'affirmer, de l'envie de s'effacer pour se faire accepter. La révoltée voulait grimper du plus haut, observer les gens. Vite, une guitare ou un micro, avant que les gens ne la quittent des yeux. Vite, la révoltée avait besoin d'un micro pour chanter comme une désespérée, fasciner le public et laisser une trace dans le cœur de tous ces gens. Marquer le monde, se battre contre ce conte de fée qu'on nous vendait depuis des années. Qui n'existait plus vraiment, sauf dans la tête des gens. Elle avait besoin de chanter la peur de grandir, ce grand effroi qu'elle avait eu quand elle avait découvert la haine et la peur des autres dans cette société. L'ado révoltée voulait tout simplement chanter sa rage et partager ses visions. Comme avait fait Kurt Cobain bien avant elle.
