Chapitre 8

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Le 2 mai 2018

Martina


Je ne sais pas trop à quoi je m'attendais. Entre les parties de cache-cache pour éviter Jorge, qui comme par hasard me rend la tâche très difficile, mes hormones qui fusent et mon ventre qui gonfle, je ne sais vraiment plus où donner de la tête. Mais le pire dans tout ça, c'est que je me retrouve coincée dans mon ancienne chambre chez mes parents, comme pour ma grossesse avec Ylana. Retour à la case départ...

C'est vrai que ça a de nombreux avantages ; elle fait mes lessives, les repas... Mais je déteste me reposer sur elle comme ça. Surtout qu'elle a repris sa paranoïa... elle pense que je fais une dépression. Ah maman... si tu savais. J'ai juste le coeur brisé.

Je fais pipi au moins quinze fois par jour, m'enfile un paquet de chips goût pickles à chaque goûter, et me réveille même la nuit pour m'enfiler un bocal de cornichon. Quelle joie d'être enceinte et seule comme jamais.

J'aimerais désespérément retrouver un boulot, mais avec ce bide, mon expérience, mon statut de mère célibataire et le fait que j'habite chez ma mère... Disons que c'est un peu comme trouver une source d'eau en plein milieu du désert.

Ce matin, je me lève en piquant un vrai sprint jusqu'au toilette, il faut croire qu'en étant enceinte on devient sportive d'une certaine façon. Cette journée aurait pu être comme toutes les autres ; pipi, petit déjeuner, lit, tv, Ylana, pipi, grignoter, dormir. Mais il faut croire que mon karma en a décidé autrement. A peine les fesses posées à la table pour prendre mon petit déjeuner que ma mère me pose une enveloppe devant les yeux, avec une mine déterrée. Et je comprends pourquoi, parce que mon coeur quitte ma poitrine quand je découvre le sigle de la prison. Une nausée immonde me prend, c'est bien une lettre de Peter. Il ne manquait plus que ça...

- Je ne veux même pas ouvrir ça !

Je le repousse sur la table, comme une gamine je l'admets, mais je refuse que ce connard continue de me pourrir plus que ce qu'il ne l'a déjà fait.

- L'avocat m'a appelé ce matin pour me prévenir, il a fait une demande pour te voir avant le procès. La date est enfin fixée.

Je déglutis difficilement. Je veux bien n'importe quoi, sauf le revoir. Jamais.

- Pourquoi est-ce qu'il voudrait me voir ?

- Il a parlé d'une technique. Apparemment il compte plaider coupable, et s'il te demande pardon peut prouver qu'il regrette vraiment ses actes et peut jouer légèrement en sa faveur, mais il sera condamné quoi qu'il en soit.

- Je n'irai pas, je ne veux pas le revoir.

Ma mère me regarde compatissante. Comment je pourrais le voir en face ? On était fiancés, tout allait bien. Même si je savais qu'il n'était pas l'homme de ma vie, on était heureux. Mais il a touché à ce qui compte le plus, à mon petit trésor, mon soleil. Et ça, je ne pourrais jamais le lui pardonner. C'est simplement un grand malade.

- Je comprends pas chérie, tu n'es pas obligée. Même si l'avocat dit que ça montrerait ta bonne volonté face au procès. Mais tu as tes raisons de ne pas y aller.

Je hoche simplement la tête, je n'ai pas envie de m'attarder sur le sujet. Mais c'est déjà trop tard, les pensées noires m'envahissent, les souvenirs de cette période sombre ou j'ai bien cru que Peter avait tué ma fille, que je ne la verrais plus jamais. Les larmes me montent aux yeux immédiatement. Ma mère remarque mon trouble et vient près de moi, poser sa main sur la mienne.

- Il va payer pour tout ça...

On est interrompu par la sonnette. Je sèche rapidement mes larmes, quand j'entends déjà les petits pas dans le couloir. Ylana apparaît aussitôt, en courant depuis le hall d'entrée.

¿Dónde estás amor? {JORTINI} Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant