Chapitre 29 : Du sang sur les mains

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           Au beau milieu de la nuit, Karin ouvrit les yeux. Malgré l'absence de ses lunettes, elle n'eut aucun mal à reconnaitre la silhouette de Suigetsu, penchée au-dessus d'elle. Dans un reflexe défensif, elle tira sa couverture jusqu'au menton. Allongée sur l'un des canapés du salon Uchiha, elle ne se sentait pas en position de force.

« Dégage, lui dit-elle.

-Déjà énervée ? En général tu attends que je dise quelque chose.

-Ta simple présence justifie ma mauvaise humeur.  Maintenant bouge, j'ai sommeil. »

Suigetsu ricana.

« Bon pousse-toi un peu, j'ai envie de dormir moi aussi, lui dit-il après un moment de silence.

-Comment ça ? »

La jeune fille s'empressa d'attraper ses lunettes pour mieux le dévisager mais surtout pour bien viser si elle devait le frapper. Elle se redressa sur un coude et constata que Suigetsu avait déjà posé une main sur le canapé en signe de possession. Elle plissa ses yeux vermillon.

« Qu'est-ce que tu veux ? demanda Karin pleine de suspicion.

-Le marché est simple, tu m'as pris ma couverture donc soit je la récupère, soit on dort ensemble.

-Va en chercher une autre.

-Toi va en chercher une autre ! C'est la mienne », protesta Suigetsu.

Karin se sentit piégée. Evidemment elle aurait pu aller en prendre une autre si elle savait où elles étaient, ce qui n'était pas le cas. Elle lâcha un profond soupir d'agacement.

« T'aurais pas pu réveiller Juugo ? marmonna-t-elle tout en se décalant.

-Pour qu'il soit pris d'une pulsion nocturne et qu'il me tue ? Je passe mon tour. »

Karin déposa du bout des doigts ses lunettes sur la table basse, avant de se pousser au fond du canapé. Suigetsu s'empressa de la rejoindre, frôlant sans faire exprès ses pieds froids à ceux de la jeune fille.

« Mais tu es glacé ! s'exclama-t-elle.

-C'est ce qui arrive quand quelqu'un te pique ta couverture.

-Arrêter de chialer, la voilà ta couverture, maintenant laisse-moi dormir. »

Elle lui tourna le dos avant de rajouter.

« Et n'en profite pas pour avoir les mains baladeuses pendant que je dors.

-Tu penses que j'aurai envie de te violer ? T'es fêlée, tes ronflements me rappellent ceux de mon ex-compagnon de cellule, un type baraque qui puait de la bouche, pouffa Suigetsu.

-Vous avez dû bien vous entendre, entre ton haleine de poisson pourrie et la sienne, marmonna Karin.

-Tant qu'il s'agit de tes ronflements et pas de tes pleurs, moi ça me va... »

Le corps de la jeune fille se raidit. Malgré son air de gros benêt permanent Suigetsu était sans aucun doute plus observateur qu'il voulait le montrer. Elle se mit à gigoter dans le canapé, mal à l'aise.

« Je ne ronfle pas...

-Mais il t'arrive parfois de pleurer. Tu penses que je ne t'entends pas mais c'est faux.

-Pourquoi tu m'en parles maintenant ? demanda Karin. Tu aurais pu te moquer de moi sur ça.

-Tout simplement parce que ce qui te perturbe, m'a perturbé aussi. Je ne sais pas ce qu'Orochimaru a fait pour te traumatiser à ce point, mais un jour tu verras, ça finira par s'atténuer. »

L'Espoir Fait Vivre L'Attente Fait MourirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant