58 - Distance de sécurité non respectée

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Lorsque je me dirige vers la porte pour l'ouvrir, le bras d'Adam vient se mettre en travers de mon chemin pour m'empêcher de tourner la poignée. Il me prend la main et la porte à sa bouche pour y déposer un baiser. Mon cœur s'affole et ce qui me paraissait si évident 10 secondes auparavant commence à devenir beaucoup plus flou dans mon esprit. Mettant une main sur mes hanches, il me rapproche de lui et me serre dans ses bras.

Prise au dépourvu, je me fige. Ma colère me dicte de le repousser mais parallèlement je ressens un tel soulagement à son contact que je finis par lâcher prise. Je m'imprègne peut être pour la dernière fois de son odeur poivrée qui m'est maintenant si familière et je veux en profiter pleinement. Mes bras trouvent naturellement leur place autour de sa taille et ma respiration au début irrégulière finit par s'accorder au rythme de celle d'Adam. Comment peut-on se sentir à la fois autant en sécurité et en danger dans les bras d'une même personne ?

Tout en caressant mes cheveux d'un geste tendre, il me chuchote qu'il a bien compris la teneur de mes propos précédents mais qu'il ne veut pas me laisser passer la nuit toute seule et qu'il est prêt à dormir sur le canapé s'il le faut.

Toujours cet instinct protecteur à mon égard. Toujours ce contraste permanent entre les intentions qu'il affiche et ce qu'il fait au final.

J'hésite à le rembarrer puis la perspective d'errer dans mon appartement comme une âme en peine me pousse à accepter. Ma conscience me souffle que c'est loin d'être une bonne idée et que ça ne rime à rien de faire dormir chez soi un garçon que l'on vient de quitter. Elle a sûrement raison, néanmoins, pour la première fois de la soirée, je prends le parti de l'ignorer.

La porte du salon s'ouvre et je reconnais la tignasse blonde de ma meilleure amie. Adam se détache doucement de moi et me dit qu'il va commander un uber.

J'en profite pour aller à la rencontre de Laura qui me regarde un peu perplexe. J'ai beau lui dire en boucle que je vais bien, elle n'en croit pas un mot et jette des regards assassins en direction d'Adam. Voulant éviter de faire un debriefing directement devant le principal intéressé, je prends mon amie par le bras et l'entraîne dans la première pièce sur laquelle je tombe.

Je lui fais un résumé grossier de ce qu'il vient de se passer et je lis de la stupeur dans son regard lorsque le mot rupture sort de ma bouche. Mon amie secoue la tête en disant que j'ai fait le bon choix et que je ne peux pas être indéfiniment celle qui fera des compromis dans notre couple, surtout vu la façon dont il réagit lorsque c'est lui qui est mis de côté. Sa réaction me conforte dans ma décision. Même si au final, c'est à moi de faire mes choix en mon âme et conscience, j'avoue que ça me rassure que Laura rejoigne ma position. Ça veut dire que je ne suis pas folle et qu'il y a bien quelque chose qui cloche dans notre histoire.

On entend toquer à la porte et Adam dire que la voiture ne va pas tarder à arriver. La jolie blonde en face de moi me demande si je ne veux pas qu'elle m'accompagne. Sa présence serait un sacré garde-fou et éviterait tout écart de conduite puisqu'Adam n'aurait plus besoin de rester. Je me souviens toutefois de tous ses moments de complicités avec Martin et réalise qu'il n'est pas nécessaire que nos deux soirées soient gâchées. Je vais gérer la situation avec Adam sans aucun problème.

Enfin, ça c'est la version que je sers à ma copine. En vrai, je n'en mène pas large lorsque je monte en voiture avec celui qui était hier encore mon petit ami.

Chaque instant passé jusqu'à l'arrivée chez moi est empreint de malaise. Chaque espace entre nous me semble anormal. Chaque silence pesant est presque contre-nature. Nous sommes à présent l'antithèse de ce que nous étions.

Je me sens impuissante face à cette situation. Pourtant, j'en suis l'unique instigatrice. En terme d'esprit tordu, on s'est peut être bien trouvé finalement. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. On aurait pu se compléter mais il faut croire qu'on ne peut que se déchirer. Dès le début, nous avons été dans la confrontation. Nous ne savons clairement pas communiquer, il faut toujours que cela vire au règlement de compte. Peut être que si nous nous étions connus sans Justine, sans Tony, sans Jade les choses auraient été plus fluides entre nous. Peut être pas. Il ne sert à rien de chercher à le savoir de toute façon. Le passé ne peut pas être modifié.

Au-delà des apparences... [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant