La chaleur de l'été

Chapitre 20 : La Départy

La soirée bat son plein.
Il faut dire que depuis qu'il y a eut le face à face, l'ambiance est devenue clairement plus agréable.

Je danse, je ris, j'essaye de profiter un maximum avec tous le monde, mais je n'arrive pas à me sortir Léo de la tête.
Je devrais peut-être aller lui parler.

Non. Je n'ai pas envie de gâcher ma dernière soirée à cause de lui. En plus c'est lui qui a créé ce jeu débile.
  - CHANEL !
Je sors brusquement de mes pensées.
  - Ça fait cinq fois que je t'appelle, tu vas bien ?
  - Euh oui, désolé Isaac cris-je par-dessus la musique.
  - Tu veux qu'on aille parler plus loin ? On sera un peu plus tranquille nan ?
  - Je sais pas trop si...
  - Super suis moi !
C'est reparti.

Isaac me prend par la main et se faufile à travers le groupe. Je n'ose plus l'arrêter maintenant, donc je le suis à contre coeur.

Quand on arrive sur la plage, il s'assoit et je fais la même chose.
  - Alors, tu passes une bonne soirée ? m'interroge-t-il.
  - Oui, enfin ça va et toi ?
  - Oui merci.
Silence. Long silence.

  - Enfaite si je t'ai demandé de venir c'est parce que je voulais te dire quelque chose.
- Dit moi tout.
- C'est juste que je me suis réconcilié avec Luna et c'est officiellement terminé entre nous.
Il marque un petit arrêt.
- On s'est dit que c'était mieux si on s'arrêtait la tous les deux et... ça ne la dérange pas si je vois quelqu'un d'autre, tu vois.
Je me sens plutôt gênée. Je réfléchis pendant un moment puis je finis par dire :
- Écoute Isaac, on est de super bons amis et je veux pas que ça change. Je pense vraiment que ça a été une erreur entre nous, mais ce n'est pas contre toi hein.
- Oui, bien sûr...
Il baisse les yeux mais semble me comprendre sincèrement.
- T'en fais pas, on sera bien mieux en amis qu'en amoureux, je t'assure.
On rigole tous les deux et Isaac reprend quelques secondes plus tard :
- Écoute, je t'en veux pas mais je pense que c'est mieux que je remonte. Tu veux venir ?
Je prends la main qu'il vient de me tendre en acquiesçant.

Durant notre court trajet, je prends une décision radicale : je laisse tomber les garçons de cet été. Ils ne sont pas pour moi et je ne veux plus avoir affaire avec Léo, il m'insupporte trop. Je me promet de lui annoncer de ne plus vouloir le voir quand on rangera le camp.

On rejoint la fête et on se remet à danser.
J'ai l'impression d'avoir quelques poids en moins sur la conscience, ça me fait un bien fou.
On s'éclate pendant des heures et des heures : tout le monde sait que c'est la dernière soirée à passer ici, donc on se lâche.

Il est 2 heures du matin quand Summer baisse la musique et que les projecteurs s'éteignent.
- J'ai passé une super soirée et un séjour vraiment cool en votre compagnie, merci beaucoup, s'exclame Summer, mais demain on a une grosse journée de rangement, donc c'est l'heure d'aller dormir. J'ai pas envie qu'on se fasse engueuler par vos parents parce qu'ils vous retrouvent complètement mort quand même !
Le groupe se remet à rire et chacun se dirige vers sa tente.

Avant que je puisse entre dans la mienne, Olivia m'attrape la manche :
- Eh, ça va Cha ?
- Oui, nickel pourquoi ?
- Fais pas semblant, j'ai vu que tu cherchais quelqu'un du regard toute la soirée. En plus, quand tu m'as écrasé le pied, tu t'es retourné et tu m'as dit « Pardon Léo », j'ai l'air dupe à ton avis ?
Quand je me rends compte de ma bêtise je bégaye.
- Mais... c'est faut je... je vois pas de quoi tu parles.
- Aller arrête, pas à moi Cha !
- T'as raison, on s'est disputé et j'arrête pas d'y penser.
- Eh ben, t'as toute la soirée devant toi pour lui en parler.
- Eh merde... J'avais oublié.
- Bonne chance ma grosse.
Elle me donne une tape sur l'épaule et part vers sa tente.

Quand tout le monde est rentré, je pousse un soupir et pense « courage Chanel » avant de commencer à ramasser les gobelets.

Quelques minutes plus tard, Léo me rejoint sans un mot.
On lave, on débarrasse et on range sans même se regarder pendant au moins 20 minutes.

Je finis par rentrer dans la cabane pour aller déposer un sac poubelle plein. Quand je sors le regard baissé sur mes mains sales, je me cogne contre le torse de Léo.
- Oh, euh... par... pardon.
- Nan, c'est moi... enfin désolé.
On finit par partir chacun dans notre direction initiale.
Mais s'en est trop pour moi.
Je me retourne vers lui et l'appelle :
- Léo, il faut qu'on parle.
Il s'arrête et prends un moment avant de pivoter pour me regarder.
- Je t'ai déjà tout dit.
- Ecoute, depuis tout à l'heure je n'arrête pas de penser à notre dispute et c'est incroyable comment je suis en colère.
Mon ton monte en même temps que ma rage.
- Je sais que je suis pas parfaite, mais jamais j'ai voulu faire du mal aux gens, et avant que tu me fasse des reproches, j'avais jamais pensé que ça pourrait blessé quelqu'un. TU M'ENTENDS, JAMAIS !
Je lui hurle littéralement dessus.
- EN PLUS DE ÇA, TU PEUX PAS ME REPROCHER DE T'AVOIR ABANDONNÉ L'ANNÉE DERNIÈRE, PARCE QUE C'EST FAUX ET TU LE SAIS AUSSI BIEN QUE MOI, ON S'EST FAIT MANIPULER.
Mes mouvements et mes paroles deviennent presque violente. Je déballe tout ce que j'ai sur le coeur depuis bien trop longtemps.
- MOI AUSSI JE T'AI ATTENDU UN AN. ET PUTAIN J'EN AI PLEURÉ PENDANT TOUT CE TEMPS.
Les larmes coulent sur mes joues rouges de colère.
Je m'arrête et me claque la tête contre la main : ça faisait pas parti du plan ça.

- QU'EST CE QUE ÇA PEUT BIEN TE FOUTRE QUE JE NE N'AI PAS CHERCHÉ À COMPRENDRE ? me dit-il rageusement.
- ÇA ME FAIS CHIER AU PLUS AU POINT PARCE QUE JE T'AIME !
Je prends conscience de mes paroles, mais je ne peux rien retirer : c'est trop réel.
La colère de son regard se transforme en incompréhension.

Je ne veux plus dire un mot de plus : j'en ai déjà révélé bien trop. Alors je pars sans me retourner.