Il était une fois, un petit être nommé Luzolo, qui vivait dans des habitats souterrains situés au cœur de forêts montagneuses, avec toute sa communauté. Ses congénères s'y étaient réfugiés, des centaines d'années auparavant, pour se protéger des humains car Luzolo et ses semblables étaient des agogwés, des petits hommes poilus aux longs bras, que les hommes assimilaient à des bêtes sanguinaires. Pourtant, rien n'était plus inexact, car non seulement les agogwés étaient très intelligents - plus intelligents même que certains humains - mais en plus ils ne se nourrissaient que de fruits et de champignons.
Luzolo était orphelin et n'avait pas connu ses parents, tués par des humains. Néanmoins, il n'avait jamais ressenti leur absence car les petits agogwés étaient élevés et choyés par toute la communauté et pas seulement par leurs parents. Le passe-temps favori de Luzolo était d'explorer les tunnels creusés par ses ancêtres. Il en connaissait presque tous les recoins. Il aimait moins les heures d'études parce qu'il devait rester assis et écouter M. Longi son professeur déblatérer pendant des heures. C'était une véritable torture pour lui, aussi échafaudait-il des plans pour échapper à la vigilance permanente de ses tuteurs. Il s'imaginait souvent devenir le premier agogwé à quitter la sécurité des montagnes pour aller à la découverte du monde et des hommes.
En effet, les agogwés ne sortaient de leurs habitats que pendant certaines nuits, en petit nombre pour mieux se protéger. Quant aux plus petits, ils n'en sortaient que pour suivre des cours de survie et sous la surveillance de plusieurs adultes.
-N'oubliez pas mes petits que les humains sont passablement intolérants, même envers leurs propres semblables, disait souvent Mr. Longi. Que devez-vous faire si vous vous trouvez nez-à-nez devant un humain ?
-Nous devons aller nous cacher, scandaient tous les petits.
Enfin pas tous, parce que Luzolo pensait autrement. Pacifiste convaincu, il estimait qu'un dialogue devait suffire pour convaincre les humains de devenir plus respectueux envers les êtres différents.
-Au lieu de nous cacher ici, nous devrions montrer aux humains que nous ne sommes pas des monstres et que nous pouvons parfaitement nous intégrer à leurs communautés, proposait-il timidement, attirant immédiatement des regards hostiles sur lui.
Ce genre de philosophie ne l'aidait pas à se faire des amis parmi les jeunes, qui le trouvaient bizarre. Aussi passait-il le plus clair de son temps seul.
-Quel sentimentalisme grotesque, répondait M. Longi d'un air méprisant. Décidément, ton nom << Luzolo >> te va comme un gant. Tu es persuadé que tous les êtres pensants sont capables de s'aimer et de vivre ensemble. Mais malheureusement, la réalité est tout autre.
Il tapotait ensuite son petit bâton, qu'il ne quittait jamais, contre sa main gauche d'un air menaçant, pour empêcher Luzolo de l'interrompre à nouveau.
-Les humains, ajoutait-il, n'ont aucun respect pour la nature. À cause de leur cupidité, ils sont en train de la détruire. Si cela continue, nous n'aurons bientôt plus d'habitat, et il en sera de même pour les animaux.
Lorsque M. Longi pérorait ainsi, Luzolo se plongeait dans ses pensées, tout en prenant soin d'avoir l'air attentif. Il s'imaginait alors être un grand explorateur et apporter la paix entre tous les êtes vivants. Mais il savait que cela n'arriverait jamais s'il ne s'aventurait pas au-delà de la forêt. Sinon, il serait plus tard comme ces vieux qu'il connaissait, qui n'avaient jamais quitté la sécurité des montagnes. Il prit donc la résolution d'aller voir le village des hommes, situé en amont de la forêt.
Pour mener à bien son projet, il savait qu'il devait doubler d'ingéniosité pour échapper à la vigilance des sentinelles. Il se réveilla très tôt le lendemain, alors que ses compagnons du dortoir, réservé aux orphelins, dormaient encore et sortit silencieusement après avoir pris sa besace contenant des fruits. Il emprunta des passages secrets pour passer inaperçu, mais faillit tout de même être découvert à trois reprises.
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LES CONTES DU MBONGUI
ParanormalVenez vous asseoir, au Mbongui, autour du feu. Venez écoutez des histoires, inspirées des traditions africaines.