Chapitre 1 - Cohabitation difficile

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Les yeux de Maxime étaient fixés sur la hyène en face de lui. Il avait très peur de la réaction de l'homme. Il était imprévisible, et serait capable de le tuer à mains nues pour respecter sa promesse de ne pas le laisser en vie à leur prochaine rencontre. Il se demandait, parfois, à quoi ressemblait la hyène avant d'en devenir une. S'il était un jeune homme promis à un avenir brillant, ou pas. S'il avait eu une vie aisée. Mais il se reprenait en se disant que les réponses à ces questions ne changeraient pas son tempérament actuel, et le fait qu'ils soient ennemis. Mais pour le coup, il semblait qu'ils allaient devoir cohabiter, et ça terrifiait Maxime.

Quand il s'était réveillé pour la première fois, il avait vu qu'il était encore dans les vappes, puisqu'il lui avait adressé un sourire faible, sans aucune malice, et s'était frotté la tête. Ses yeux d'un vert irréel n'aidait pas l'agent à se détendre, il était encore sur ses gardes, mais il avait fait un effort et rendu son sourire au rouquin.
-Où on est?avait-il demandé d'un air un peu déboussolé.
-Chez les Black Tusk.
-Et pourquoi je suis dans la même prison qu'un agent, ils ne sont pas au courant que je pourrais te tuer d'une minute à l'autre?
-Visiblement, ce n'est pas leur principale priorité.
-Oh si, ça l'est. Ils ne pourraient pas récupérer les informations qu'ils veulent si tu es mort. C'est eux qui te tueront, que ce soit par la torture, ou purement et simplement parce que tu ne leur sert plus à rien.
-Comment tu sais ça?
Encore une fois, la curiosité de Maxime avait prit le dessus, et il avait posé la question au roux, sans penser aux conséquences.
-Je suis pas le premier à avoir été prit par les Black Tusk. J'ai perdu des hommes parce qu'ils se sont fait attraper.
-Alors pourquoi tu es venu, tu es leur chef, t'avais qu'à en envoyer un à ta place.
Maxime, sans le vouloir, utilisait le sarcasme. Lui comme tous les agents avait une sorte de mépris pour les hyènes, involontaire. Ils étaient connus pour être une faction libre et impulsive, et surtout pour être les plus pauvres, les plus sales, les moins civilisés, mais surtout, la faction dans laquelle la loi du plus fort régnait en maître. Et voir le chef ici surprenait Maxime.
-Parce qu'ils sont tous trop cons pour le faire.
-Faire quoi?
Encore une fois, les mots avaient passé la barrière des lèvres de Maxime avant qu'il ne puisse les retenir.
-Tu crois que ça te regardes, l'agent?
-L'agent a un nom!
Entendre le roux lui donner des surnoms qui sonnaient, dans sa bouche, comme des insultes l'énervait.
-Et je le connais pas. Donc je vais t'appeler l'agent.
-Je m'appelle Maxime - le brun avait jugé que ce n'était pas une information qu'il était dangereux de donner à la hyène.
-Bah je vais continuer à t'appeler l'agent.
Le sourire malicieux de l'homme avait fait comprendre à Maxime que le roux le testait, le jaugeait, et attendait, tout comme le prédateur dont sa faction portait le nom, qu'il fasse un faux mouvement pour lui sauter dessus et l'éliminer. Il y avait cette lueur de folie dans ses yeux qui terrifiait et fascinait le jeune homme, qui définissait les hyènes en général. Maxime, sentant qu'il commençait à fatiguer - un contrecoup du choc sur la tête sûrement - s'était allongé sur le sol très inconfortable pour essayer de récupérer, malgré sa peur de mourir dans son sommeil assassiné par la hyène et son angoisse pour son équipe. Juste avant de sombrer, une voix lui avait dit, d'un ton neutre:
-Au fait, moi c'est Cyril.
La hyène avait à présent un nom.

La deuxième fois que les deux hommes s'étaient réveillés, Cyril ne ressemblait plus à son lui du réveil précédent. Il semblait bien plus dangereux, et une parole de Maxime aurait pu le faire exploser, ce qui avait incité l'agent à garder le silence. Mais la hyène était décidée à être vicieuse, et à torturer le brun.
-Alors, l'agent, tu regrettes ta mission maintenant, non?
-Je ne vois pas de quoi tu parles.
-Tu es venu parce que tu avais une mission. Et là, tu es enfermé en ma charmante compagnie dans les cachots des Black Tusk. Belle réussite, non?
-Tu es enfermé avec moi, non? Tu as échoué aussi.
Maxime s'était fait la réflexion que ce sarcasme automatique qu'il semblait posséder ne l'aidait pas du tout, puisque l'air dangereux et colérique de la hyène s'était aggravé.
-Oui, mais personne ne viendra me chercher, il n'y aura qu'un mort. Que vas donc bien pouvoir se passer quand une équipe d'agents paniquée va débarquer ici pour sauver leur petit chef?
L'agent bouillait. Il avait envie de frapper la hyène, une envie très forte. En effet, le sujet de son équipe était très glissant. Il détestait avoir à en parler, surtout à une ennemi. Il avait donc serré les dents pour ne rien répondre de cinglant qui le mettrait déjà plus en danger qu'il ne l'était.
-Non, tu sèches? Eh bien ils vont tous mourir les uns après les autres, et ça fera du boulot en moins pour ma faction...
Maxime avait vu rouge et s'était levé, faisant exactement ce que voulait la hyène, qui se tenait face à lui, un sourire narquois au visage.
-T'en fais pas, quand tu seras mort personne te pleureras, et on éliminera ton second comme on t'aurais éliminé toi si tu n'étais pas enfermé ici...
Maxime avait un ton froid, qui traduisait sa colère, et la haine qui l'animait envers le rouquin de la faction adverse. Cyril avait perdu son sourire, et ses yeux avaient reflété la même folie que la veille, mais cette fois animée par un but: faire payer l'agent pour son affront. C'était quand la folie sous-jacente de la hyène était dirigée sur quelque chose qu'elle en devenait vraiment effrayante. Heureusement, avant qu'ils ne puissent faire quoi que ce soit, un soldat tout de noir vêtu était entré, emmenant la hyène avec lui. Maxime, épuisé de nouveau par la peur et la colère qu'il avait ressenti, et terrifié à l'idée de réellement perdre son équipe, s'était laissé glisser dans un coin, les yeux dans le vague. Les heures étaient passées et toujours pas de signes du retour de la hyène. C'était paradoxal, il détestait sa présence autant qu'il la voulait. En effet, même si Cyril n'était pas la meilleure compagnie que Maxime puisse souhaiter, il l'empêchait de devenir totalement fou à lier, seul dans ces cachots mal éclairés, glauques et froids. A force de cogiter, le brun s'était endormi de nouveau.

𝑳𝒐𝒄𝒌𝒆𝒅 𝒕𝒐𝒈𝒆𝒕𝒉𝒆𝒓 - Supermixem DivisionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant