Chapitre 2 - Différences

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Quand Maxime s'était réveillé pour la troisième fois, il n'était plus seul. Cyril était roulé en boule sur le sol, le visage en sang et les yeux dans le vague. Les gouttes rouges dégoulinant de ses multiples blessures au front, aux tempes, et aux joues formaient une flaque par terre, créant un bruit de gouttes qui stressait particulièrement l'agent, qui se doutait en voyant l'état du roux que les soldats l'avaient aussi frappés à d'autres endroits, et Maxime, même s'il s'était juré de ne pas ressentir ce genre de choses pour ses ennemis, avait pu sentir une vague de pitié le traverser comme un mirage. Il avait donc doucement approché la hyène, qui cette fois, l'avait regardé avec des yeux hagards, comme s'il était dans un autre monde. L'agent avait prit les poignets de la hyène avec douceur, avant de l'asseoir, et d'utiliser un morceau de son foulard et l'eau qu'ils avaient eu pour nettoyer un peu le visage de l'homme.
-Pourquoi tu fais ça pour moi?avait demandé la hyène faiblement.
-Parce que je suis un être humain avec un coeur, j'allais pas te laisser là en position foetale alors que je peux t'aider.
-Tu as eu pitié, pas vrai?
Même amoché, Cyril restait très perspicace. Maxime avait continué de laver ses plaies en silence, et soudain, après avoir prit une inspiration, le roux avait commencé à parler, et ce qu'il avait dit avait à la fois terrifié et renforcé le sentiment de pitié du brun:
-Ils m'ont frappés d'abord. Ils m'ont dit de dire ce qu'on avait comme armes, j'ai dis non. Ils ont demandé si on prévoyait de les attaquer bientôt et si j'étais un éclaireur. J'ai dis non. Ils ont posé des questions sur les membres des hyènes, j'ai refusé de répondre. Ils m'ont fait miroiter de la drogue si je leur disait des choses. C'était un des pires moments de ma vie.
-Tu n'as pas besoin de la drogue pour vivre, elle te pourris juste la vie.
-Tu peux pas comprendre, toi et moi on est différents, tu connaîtras jamais la sensation de manque.
Sur ces mots, le silence était retombé sur les deux hommes, qui après des heures de silence, s'étaient endormis.

Au quatrième réveil, ç'avait été le tour de Maxime de se faire emmener par un soldat dans une autre pièce. Elle ne contenait qu'un siège sur lequel des liens étaient attachés. Il savait déjà ce qui allait se passer. Malheureusement, l'homme ne pouvait pas lui faire miroiter de drogue pour le faire parler. Le brun avait été assis de force. Il ne pouvait pas bouger, et ses poignets et chevilles étaient entravées par les ceintures qui était attachées à la chaise. L'homme en noir l'avait regardé avant de s'asseoir sur une autre chaise, en face de lui.
-Identification.
Maxime savait qu'il avait plutôt intérêt à lui dire qui il était. Mais en même temps, il repensait à Cyril, qui avait réussit à résister à tout. Mais préférant retarder l'inévitable, Maxime s'était présenté.
-Maxime Chabroud, chef de l'escouade 4. Matricule d'agent 124.
L'homme semblait satisfait de sa réponse.
-Eh bien agent 124, où est ta base?
Et le silence de Maxime avait signé le début de son inconscience.

Quand il avait de nouveau ouvert les yeux, il avait vu une silhouette penchée sur lui. Cyril semblait être dans une bonne période, et le regardait avec curiosité. Chaque partie du corps de Maxime le lançait, et il sentait du sang s'écouler le long de son crâne dans ses cheveux qui étaient déjà très ébouriffés et sales. Il se sentait vaseux, et il n'aurait pas réussi à se relever si Cyril ne l'avait pas un peu aidé.
-Alors l'agent, ça fait quoi de se faire tabasser?
Cyril avait un sourire un peu narquois, mais l'agent savait qu'il avait pensé la même chose que lui: seul dans ce cachot, il deviendrait sûrement fou à lier. Et déjà que sa santé mentale laissait visiblement à désirer, le brun savait qu'il ne pouvait pas se le permettre.
-Pas agréable du tout.
La hyène avait alors fait quelque chose qui avait surpris Maxime: il avait prit un morceaux de tissu de son t-shirt, l'avait imbibé d'eau et nettoyé avec attention le visage du jeune homme, qui le regardait avec un sourcil arqué.
-Penses pas que je t'aime bien, l'agent. Je n'aime pas avoir des dettes, c'est tout.
Maxime avait alors laissé faire le rouquin, le détaillant un peu. De là où il était, il aurait presque pu compter le nombre de taches de rousseur constellant les jours pâles de Cyril. Sa bouche était entrouverte, et son expression concentrée faisait apparaître un pli entre ses sourcils. Avec cette expression et si on faisait exception de ses yeux verts, la hyène avait presque l'air d'un jeune homme totalement normal. La folie dans ses yeux s'était en allée le temps d'un instant suspendu entre les deux êtres. Maxime s'était fait la réflexion qu'il trouvait le visage de Cyril très harmonieux.
Cela faisait des mois que Maxime se posait la question de son orientation sexuelle: en même temps, chez les agents, il n'y avait que très peu de femmes, il se disait que peut-être, c'était ce phénomène qui le rendait si sensible aux charmes de ses coéquipiers. En réalité, il se doutait depuis des mois qu'il était homosexuel, depuis qu'il s'était rendu compte que voir Jordan torse nu le faisait rougir, que la drague légère et peu sérieuse de Valentin lui faisait un effet fou. Il savait aussi qu'il n'aimait pas le chef des hyènes, mais pour sûr, il ne pouvait pas nier qu'il était attirant. Depuis qu'il était enfermé avec lui, il s'était rendu compte qu'il y avait encore un être humain sous la drogue et la folie. Il se demandait ce qu'étaient les effets de cette drogue, pourquoi est-ce qu'elle agissait ainsi sur eux. Ses pensées divaguaient, et il était presque incapable d'aligner trois pensées cohérentes. La fatigue le tiraillait, mais il ne voulait pas dormir. Il avait peur de ce qui pouvait arriver dans ses rêves, ou plutôt ses cauchemars. Cyril avait fini par s'éloigner, et les deux hommes étaient restés silencieux. Maxime avait soudain senti cette envie, ce besoin de parler, même si Cyril ne l'écouterait sûrement pas, ou le ferait taire quand il parlerait.
-J'ai pensé plusieurs fois à quitter les agents. Pas parce que j'aime pas mon escouade, ils sont mes meilleurs amis, mais parce que j'en ai assez de me battre, de servir à l'état pour qu'au final, ce soit inutile. Il y aura toujours autant de hyènes parce que vous prenez tous ceux qui ne rejoignent pas la division et toujours autant de Black Tusk parce qu'ils sont les plus équipés. La division ne sert à rien, au final.
-Si, à divertir ma faction. Si la division n'existait pas, les hyènes n'auraient plus de raison de vivre. On vit pour briser les lois, si personne n'essaie de faire respecter les lois, on ne sert à rien non plus, il n'y a plus de défi, ça rend les choses moins drôles.
Cyril avait ce sourire narquois qui le définissait, mais il était moins convaincu, moins large qu'habituellement. Il semblait fatigué lui aussi. Maxime avait réfléchi: ils continuaient de se détester parce qu'ils se devaient d'être ennemis, mais s'ils s'étaient connus dans d'autres circonstance, le sarcasme et le cynisme de Cyril auraient sûrement fait de lui un de ses meilleurs amis. Il avait les sourcils froncés, ce pli soucieux de retour entre ses sourcils. Le brun avait finalement soupiré, avant de mettre en place un plan. Il ne l'exposerait pas tout de suite à Cyril. Il ne le suivrait sûrement pas dans son entreprise qui pouvait paraître folle à lier, même pour quelqu'un d'aussi insensé que Cyril, et puis il ne lui faisait pas encore assez confiance. L'agent avait déjà une idée bien précise en tête, mais il allait devoir faire en sorte de se rapprocher de la hyène, et gagner sa confiance.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 25, 2020 ⏰

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