Lost Hearts ➳ Camren

Chapitre 4 ➳ 𝐬𝐭𝐚𝐫𝐫𝐲 𝐧𝐢𝐠𝐡𝐭

La soirée. La seule chose que j'ai en tête depuis plusieurs jours avec l'invitation de ma meilleure amie. À sa présence là-bas. Je me sens tourmentée, assise entre deux chaises sans savoir quoi faire. Maintenant que je suis devant l'appartement avec le bourdonnement des basses audibles depuis la rue. La seule chose que j'entends c'est les battements de mon coeur. Je sens chacun d'entre eux. Ils appuient avec puissance contre ma cage thoracique et m'empêchent de respirer. Je suis figée devant la porte. Les passants doivent me prendre pour une aérée à fixer un panneau en bois de la sorte. Cependant je me refuse à chaque fois d'abaisser la poignée. Toute la force que j'ai voulu me donner ces derniers jours s'est soudainement enfuie de mon corps en apercevant sa voiture. Elle est à l'intérieur. J'en suis certaine. La seule chose que j'ignore c'est si mon coeur est prêt à supporter une si grande souffrance une fois qu'elle sera devant moi. Je sais qu'une fois à l'intérieur, la douleur reviendra en un éclair. Je ne pourrais pas le fuir. Je serais comme jetée aux lions affamés. Incapable de me défendre, abandonnée à encaisser les coups et souffrir jusqu'au bout. À ressentir chaque chose sans avoir la force de quoi que ce soit pour me soulager.

Mon anxiété m'amène les pires pensées. Je ne peux pas lutter. Je sais que je suis dans un cercle vicieux et que je ne cesserai pas d'imaginer des choses pire que les précédentes. Même si il fait que quelqu'un degré et que ma respiration dégage une faible fumée. Mon corps est en feu. Je sens la chaleur se propager en moi à chaque pensée. Je sens la peur me consumer sur place et m'enlever toute lucidité. Peut-être que Lucy avait raison, j'ai besoin de temps. Même si je m'en veux d'abandonner si lâchement sans même essayer, je tourne le dos au bâtiment et m'éloigne de la raison de ma peine depuis plusieurs mois. Ce soir, je préfère être lâche que souffrante.

Tout le long de ma marche pour rentrer chez moi, la culpabilité me ronge. J'ai conscience que plus je vais la fuir plus il sera dur pour moi de revenir dans notre cercle d'amis. Je sais que en m'éloignant d'elle, je m'éloigne de tous ceux que j'aime et je me déteste pour cela. Elle n'est plus là mais elle garde une emprise sur ma vie. Je suis encore enchainée à elle, que je ne le veuille ou non. Les larmes coulent le long de mes joues. Je pense à mes amies qui s'amusent et rigolent ensemble. Je pense à leurs sourires, aux jeux et photos qu'ils doivent partager. Alors que je suis seule dans la rue et dans le froid. Mes larmes comme seules compagnons ce soir. Je sais qu'à force de m'éloigner de ceux que j'aime, je les habitue à mon absence. Et que je vais souffrir à cause de cette solitude.

Une migraine commence à se former sous toute la pression dont ma tête est victime depuis plusieurs minutes. Je hais cette facette de moi, celle qui se perd dans ses pensées et les laisse m'obséder de la sorte. En général cela part d'une petite chose, un petit rien et cela finit par des pensées noires qui m'assènent encore plus de coups. Mon hyper-sensibilité rend chaque petite chose qui passe par ma tête, un objet tranchant qui peut me transpercer le coeur à tout moment.

"Je dois croire au destin ou plutôt croire que tu me suis partout et appeler la police?" Une voix me sort de mon moment absence.

"Pardon?" Je demande en me tournant.

      C'est avec surprise que je tombe sur des prunelles noisette qui me toisent avec amusement. Pendant plusieurs secondes je ne dis rien prise de court par sa présence et sa remarque.

"Je pense que c'est la première option vue la tête que tu fais." Elle lâche cette fois avec un léger rire.

"Je suis désolée. J'étais perdue dans mes pensées et je ne m'attendais pas à te croiser ici aussi tard." Je réponds assez gênée sans le comprendre.

L'inconnue m'offre un autre de ses regards curieux comme pour desceller ce qu'il se passe en moi. Sauf que je me renferme sur moi-même une nouvelle fois et tente d'aborder une image plus sereine, surtout plus joyeuse. Je tente de garder en moi la douleur et le stresse. Avec de la chance, l'avoir devant moi m'aide à le faire assez rapidement, sans même que je sache comment.