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Quand elle aperçut la porte de son immeuble, Lena poussa un soupir de soulagement. Ses sanglots avaient fait couler son maquillage, son gloss ne brillait plus. Elle avait du vomi au coin de la bouche, les cheveux en pétard, et elle tenait sa robe en lambeaux sur sa poitrine d'une main. Elle se retourna et vérifia une énième fois qu'on ne l'avait pas suivie. Elle se rua dans l'immeuble, tapa le code à toute vitesse, dévala les escaliers quatre à quatre, rentra la clé dans la serrure de l'appartement et prit soin de refermer la porte à double tour. Elle se laissa tomber à genoux sur le carrelage froid de la cuisine. Et elle pleura.
Elle refusait qu'on l'entende, et elle savait qu'elle ne pourrait pas rentrer dans sa chambre sans faire de bruit. Elle pleura, pleura, elle espéra que toutes les larmes de son corps la lavent de la honte qu'elle avait connu ce soir là.
Flash-back :
La soirée battait son plein, et tout le monde semblait s'amuser. Léna la première, buvait, chantait et dansait à un rythme effréné. Elle riait, discutait, plaisantait avec qui voulait bien l'entendre.
Quand elle ressentit les premiers signes de la fatigue, Lena quitta la pièce pour s'aérer un peu. Elle descendit les escaliers prestement et poussa la porte de l'immeuble. À peine posait t'elle la main sur la poignée qu'on l'attrapa par derrière. Elle voulut hurler, mais une main d'homme etouffa son cri.
- Je te conseille de fermer ta gueule si tu veux sortir d'ici vivante.
La voix grave et froide de l'homme résonna dans le cerveau de Léna comme une alarme. Elle paniqua, voulut se débattre mais deux autres mains l'en empêcherent.
En deux secondes elle fut projetée au sol, et elle sentit quelqu'un s'approcher d'elle.
Elle distingua dans la pénombre deux hommes, de grande taille. L'un deux posa la main sur son jean et Léna comprit ce qu'il allait lui arriver. Pas à elle. Non c'est impossible, elle allait se réveiller, elle allait sortir de son lit, rejoindre ses parents et ses sœurs au salon. C'était ça. Elle ferma les yeux quelques secondes comme pour mieux se réveiller.
Malheureusement, ces secondes ne la firent pas s'éveiller, bien au contraire. Un des deux hommes, arracha sa robe, tandis que l'autre plaqua une main sur sa bouche.
Quand le premier homme déboutonna son pantalon et s'introduisit violamment en elle, Léna mordit de toute ses forces la main qui l'empêchait de hurler. Au lieu de la lâcher, celui ci renforca sa prise.
Elle entendit des voix, et reconnut celle de Yaelle.
- Merde, voilà ma sœur, pesta le premier homme.
Léna réussit à se défaire de la main qui l'empêchait s'appeller son amie et hurla :
- YAELLE !! AIDE MO...
Elle se prit un coup de poing dans le ventre qui l'empecha de finir sa phrase.
- Ta gueule salope, lui chuchota un des deux agresseurs.
Il redoubla de violence dans ses coups de reins, et Léna commenca à saigner. La douleur la faisait pleurer et quand elle sentit un liquide chaud en elle, elle eut des hauts le coeur.
Après l'avoir copieusement rué de coups, les deux hommes s'en allèrent, non sans l'avoir menacé de la tuer si elle parlait.
A genoux dans le hall, la jeune blonde se mit à vomir ses tripes.
Elle ramassa son téléphone par terre, et partit en courant de ce lieu maudit.
Quand elle arriva devant son immeuble, elle ne put s'empêcher d'être soulagée.
La douleur lui donnait envie de hurler. Mais personne ne devait l'entendre. Elle devait pleurer, pleurer jusqu'à qu'elle n'ait plus de larmes, après viendrait la haine. Après viendrait la vengeance, pensa t'elle en s'effondrant sur le carrelage de la cuisine.
Elle sanglota longtemps, jusqu'au moment où elle entendit du bruit dans le salon. Elle pria pour que ce soit son chat et s'approcha de la porte.
Celle ci s'ouvrit doucement et elle tomba nez à nez avec Élise et la pantoufle de son père.****
La sonnerie stridante de son téléphone tira Coralie de son sommeil. Elle rala, en se demandant qui pouvait bien l'appeler à cette heure ci.
- Qu'est ce que c'est ?
Yanis venait de se réveiller et visiblement ne voyait pas l'origine du bruit.
- Rien, rendors toi.
Celui ci se frotta les yeux et se redressa légèrement. Il s'etira et sortit de la pièce pour aller aux toilettes.
- Allo ? Élise, je peux savoir pourquoi tu m'appelles à cette heure ??? s'exclama t'elle après avoir vu le nom sur l'appareil.
- Léna s'est fait violer. Amène toi, on va au commissariat.
Coralie se sentit pâlir. Si Élise l'appelait, ses parents ne savaient rien et c'est elle qui allait devoir les emmener.
- J'arrive.
Sa voix qu'elle voulait ferme était tremblante et elle se sentait sur le point de défaillir. Elle souffla, se rua hors du lit, s'habilla en deux temps trois mouvements et descendit les escaliers quatre à quatre.
- Qu'est ce qu'il se pa...
Elle claqua la porte sans attendre la fin de la question, et monta dans la voiture. Elle démarra, et une fois arrivée devant la maison de son enfance, une larme coula sur son visage fin.
Coralie envoya un message à sa sœur pour la prévenir de son arrivée, et quand elle les aperçut près de la voiture, elle ne put s'empêcher d'être soulagée.
Le trajet se déroula dans le silence, seulement interrompu par quelques sanglots de Léna. Elle jeta un coup d'œil dans le rétroviseur et son ventre se serra à la vue de sa petite sœur, recroquevillée sur elle même.
- On est arrivées Léna, descend s'il te plaît.
La voix d'Élise était presque suppliante et Coralie songea que jamais elle n'avait entendu autant de détresse dans celle ci.
Un homme à l'air grognon les accueillit dans le hall d'entrée.
- C'est pour quoi, maugréa t'il.
- Ma sœur s'est fait violer.
Cette fois ci, sa voix ne tremblait plus. Coralie avait prononcé cette phrase d'une voix rauque et était soulagée que l'on n'entende pas sa panique.
L'homme leva les yeux du dossier qu'il était en train de ranger et scruta le trio.
- Suivez moi.
Son ton était sans équivoque et correspondait plus à un ordre qu'à une invitation. Il les installa dans un bureau surchargé de dossiers, qu'il balaya de la main pour se faire de la place.
- Veuillez décliner nom, prénom, âge, raisons de votre venue dans le détail s'il vous plaît.
Coralie hésita, puis relata les faits. Léna leur avait expliqué à toutes les deux avant de partir dans la voiture, puis s'était murée dans un silence de plomb.
L'homme tapait sur son clavier d'ordinateur à une vitesse impressionnante et écoutait avec attention l'aînée des sœurs Richard.
-Très bien... Est ce que mademoiselle, vous pourriez me raconter avec vos mots à vous s' il vous plaît ?
Le policier n'avait pas levé les yeux de son ordinateur pendant qu'il posait la question mais Coralie savait pertinemment qu'il s'adressait à la plus jeune de ses sœurs.
Léna ouvrit la bouche, la referma, puis la ré ouvrit.
- Je suis sortie pour prendre l'air parce que j'étais fatiguée... Dans le hall... Il y avait...deux hommes qui m'attendaient... Et ils m'ont...ils m'ont...
Sa voix se brisa et un sanglot la secoua. Le policier continua à la dévisager sans dire un mot et Élisa la prit dans ses bras. Coralie se rendit alors compte que la robe de sa petite sœur était en lambeaux et elle se sentir bête de ne pas lui avoir donné quelque chose pour se couvrir. Elle se retourna pour prendre sa veste, posée avec soin sur la chaise et s'apprêtait à lui donner quand l'homme l'arreta.
- Ne lui donnez pas de vêtements. Vous pourriez effacer des preuves sans le vouloir. Mademoiselle, vous êtes vous lavée depuis le drame de toute a l'heure ?
- Non, elle n'a pas eu le temps, et puis je n'étais pas sûre qu'il faille faire ça, j'avais peur d'effacer des traces.
La voix d'Élise était un brin agacée et elle semblait sur le point d'exploser.
- Vous avez une idée de l'agresseur ? Enfin des agresseurs ?demanda l'agent.
Il y eut un silence. Puis Léna, d'une voix glaciale annonca :
- Hugo Livet.
Le visage d'Élise se décomposa.
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Richard's Family
General Fiction3 sœurs. Élise, Coralie, et Lena. Elles sont toutes différentes mais à la fois si semblables... Immergez vous dans la merveilleuse famille des Richard !