Chapitre 1

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Charlie se réveilla brusquement.

Pendant un instant elle se trouva perdue, ses sens furent obscurcis. Puis, elle réalisa qu'elle flottait. Une pénombre glaçante l'enveloppait, presque tendrement. En réalité elle se noyait. Elle battit des bras et des jambes, la surface était introuvable. Ses poumons se remplirent d'eau tandis que des bulles s'échappaient des ses lèvres. Prise de panique et malgré les flots qui l'entouraient, elle hurla. Un hurlement qui se prolongea à l'infini, tellement terrifiant qu'il l'éveilla.

Cette fois, elle se trouvait dans son lit. Elle ouvrit péniblement les paupières et constata que le jour ne s'était pas encore levé. Ce qui laissa penser qu'elle n'avait pas dormi bien longtemps.

Encore sous l'effet de cet horrible songe et voulant à tout prix s'en dégager, Charlie tourna l'interrupteur. Aucune lumière ne jaillit. L'ayant tourné en vain, et ce à plusieurs reprises elle se résolu à se lever. C'est à tâtons qu'elle traversa sa chambre et le couloir. Voulant se rendre à la cave afin d'inspecter le disjoncteur, elle réalisa qu'elle avait toute la demeure à parcourir. Sa démarche lui parût alors parfaitement ridicule. Elle revint sur ses pas en prenant soin de fermer les portes, réintégra son lit et se laissa glisser de nouveau dans les bras de Morphée.

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Charlie s'était installée dans un des salons. Il n'était pas rare de voir des pièces en double dans ce genre de maison. Il semblait qu'il n'avait jamais été modernisé. Du papier à fleurs couvrait les murs, des boiseries d'acajou sombres, lourdement sculptées. D'épais tapis aux couleurs douteuses, l'ameublement étouffant. Pas la moindre technologie, pas même une radio.

Il était pour elle impossible de sortir cette après-midi là . Le matin, elle s'était longuement promenée dans le jardin, dépourvu de soleil et de chaleur, mais depuis le déjeuner les orages d'été avaient amenés avec eux une pluie si violente et des nuages si sombres, qu'elle ne pouvait songer à aucune excursion pour le moment. Elle se contenta donc de se tenir près de la fenêtre, observant ainsi les gouttes d'eau, qui formaient de longues traînées lors de leurs descente.

La charpente de la maison craquait parfois, mais elle ne s'inquiétait pas et songea qu'elle avait dû affronter des vents bien plus violents au cours de ces dernières décennies. Lui vint alors à l'esprit, une idée qui lui sembla plus intéressante que de s'éterniser contre cette fenêtre. Elle quitta alors sa chaise et commença à déambuler dans la demeure.

Son regard fut alors attiré par ce corridor sombre, qui produisait chez elle un trouble inexplicable. Ce couloir obscur s'enfonçait dans les profondeurs de la maison. Elle commença à longer le mur de celui ci, faisant, au passage, glisser ses doigts le long du papiers peint, distraitement. Plongée dans ses pensées, elle avait à peine remarqué qu'au milieu de leur course, ses doigts avaient frôlés un morceau de papier peint ondulé par endroit, et déchiré au milieu. Intriguée elle revint sur ses pas et regarda plus attentivement. Depuis toujours les petits détails de ce genre l'avaient marquée et, le plus souvent elle ne pouvait pas résister malgré elle, la curiosité s'en sortait toujours victorieuse.

En regardant de plus près Charlie réalisa que le papier peint n'était pas tout à fait lisse. C'est alors qu'elle constata qu'une petite porte était dissimulée sous le vieux papier peint. Au milieu du corridor. N'étudiant pas plus la chose elle entrepris d'ôter le papier qui couvrait cette mystérieuse issue. Après quelques minutes de travail acharné, dû sans nul doute à son esprit obstiné, elle découvrit enfin la porte.

Celle-ci se trouvait faite de planches vieillies par le temps mais qui conservaient malgré tout un charme certain. Elle poussa délicatement la poignée. Malheureusement une fois le seuil franchi Charlie se trouva devant le noir le plus obscure. Elle reparut quelque instants plus tard, munie de bougies et d'allumettes. C'était tout ce qu'elle pu trouver dans les tiroirs de la cuisine. Elle ne put trouver d'interrupteur, et en conclu donc qu'étrangement l'électricité n'avait pas été installée dans cette partie de la maison. Cette pièce était donc fermée depuis longtemps ? Des centaines d'années ? L'ancienne propriétaire ne l'avait pas remarquée ? Ou bien avait-elle était fermée pour une raison ?

Delta•Charlie•DeltaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant