Un calme inquiétant semblait régner sur la vieille maison, tandis que Charlie dormait profondément. La nuit était déjà bien avancée lorsqu'elle fut réveillée par un bruit étrange. Il lui fallut quelques minutes pour réaliser qu'elle se trouvait dans son lit, bien enveloppée dans ses draps. Le bruit se répéta de nouveau. Elle entendait maintenant les sons plus distinctement et réalisa qu'il s'agissait d'un craquement régulier. Semblables aux pas de quelqu'un qui s'approche. Semblables au bruit qu'elle avait entendu la veille. L'inconnu semblait maintenant déambuler dans le couloir de l'étage.
Prise de terreur Charlie se raidit. D'une main impatiente elle fouilla le mur à tâtons afin d'allumer, mais une fois de plus, rien ne se passa. Pas d'électricité. L'oreille aux aguets elle attendit, s'efforçant de se décontracter. Le piétinement décrut petit à petit allant se perdre à l'autre extrémité de la maison.
De telles nuit sont longues. Charlie, à moitié pétrifiée attendait que l'aube se lève. Elle sortie de son lit pour se rendre à la fenêtre, de là elle se rendit sur le balcon de derrière la maison, celui qui dominait la prairie. Elle huma l'odeur du pétrichor et admira les montagnes au loin. Elle avait toujours aimé ce paysage et cela lui parut soudain une éternité qu'elle l'admirait tous les matins.
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L'après-midi était déjà bien entamée lorsque Charlie se munit d'un livre et partit à la recherche d'un coin tranquille. Elle arriva dans le jardin et prit un peu de recul afin d'avoir une vue d'ensemble sur toute la bâtisse.
Celle-ci fut construite en pierre et avait dû par le passé être recouverte de lames de bois noir lui donnant ainsi un air plus sinistre. Une porte qui autrefois devait mener à la cuisine se trouvait murée empêchant alors l'accès au jardin depuis celle-ci. Deux fenêtre asymétriques achevaient la bizarre architecture de l'ensemble.
Arrivée près de la rivière elle eut la bonne surprise de découvrir là un tapis de mousse qui avait l'air fort confortable. La chaleur conservait cette légèreté des heures matinales si bien qu'elle s'adossa confortablement à un cerisier, et se laissa aller dans ses pensées.
C'est à ce moment précis, qu'un bruit attira son attention. A n'en pas douter quelqu'un marchait dans le sous bois derrière la palissade.
Intriguée Charlie posa mon livre et glissa un œil entre les planches mal équarries qui formaient une petite clôture blanche séparant le jardin des taillis de la forêt. Ceux-ci étaient loin d'être aussi épais qu'on aurait pu l'imaginer. Seuls quelques jonquilles tapissaient le sol feuillus entres les arbres se balançant au gré de vent.
Parmi les ronces et les fougères elle distingua une silhouette qui se déplaçaient lentement dans sa direction. Sa première pensée fut qu'il s'agissait sûrement d'un chat passant par là mais la silhouette était bien trop grande pour que cela le soit. Elle secoua la tête espérant ainsi s'éclaircir les idées. Mais cet épisode lui a laissé un sentiment étrange, dont elle n'a pas réussi à se défaire.
Quand elle regarda de nouveau elle ne vit que les pins et l'épaisse végétation qui les entouraient. La pénombre et l'obscurité avaient repris leur place à travers les herbes folles.
En rentrant Charlie fit un détour pour voir s'il y avait du courrier. Une épaisse enveloppe blanche apparut coincée, à l'extérieur de la boite aux lettre. Elle l'attrapa du bout des doigts, déchira le haut et parcourut vivement les premières lignes. Interrompant le va-et-vient auquel elle s'était livrée pendant la lecture de cette longue missive, elle s'immobilisa comme frappée par une évidence soudaine.
La lettre ne lui était pas destinée. Elle l'était à un dénommé Jules. Elle songea que l'auteur s'était surement trompé d'adresse. Après tout cela pouvait arriver. Elle fourra la lettre dans sa poche, passa la porte de la maison et la posa sur le buffet.
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Delta•Charlie•Delta
Mystery / ThrillerElle s'était entendue dire, qu'une demeure était habitée par la mort. La demeure immuable d'un fantôme oublié. Et qui s'amusait parfois, à danser dans l'ombre des vivants. Lorsque des portes et des fenêtres s'ouvrirent toutes seules, que des bruits...