Prologue

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Les premières gouttes de ce qui semblait être une averse violente se firent sentir sur sa peau. Elle allait être trempée, pour ne pas changer. Roxanne se passa la main sur le visage, cherchant à chasser les traces de l'eau glacée qui venait de la réveiller.

« Jamais je ne m'habituerais à ce réveil ».

Elle se leva rapidement, prenant appui sur le tronc d'arbre sur lequel elle était adossée quelques minutes auparavant, et s'épousseta rapidement. Autour d'elle, la forêt semblait encore endormie. Il faisait encore sombre, et la jeune fille avait du mal à distinguer les multiples arbres et bosquets qui l'entouraient. Pliant sous le léger vent, les feuilles du chêne sous lequel elle se trouvait lui chatouillaient la nuque, malgré le pull en laine qu'elle avait revêtu avant de s'endormir. Sous ses pieds, des racines sortaient du sol, comme pour parsemer le chemin de pièges qu'elle ne pourrait éviter. Entre deux arbres, on pouvait encore voir la lune qui n'avait pas encore tout à fait laissé place au soleil. Si le ciel n'avait pas été rempli de nuages, la lune se serait reflétée dans les flaques d'eau brunâtres pleines d'écorces et d'insectes qui emplissaient la forêt. Mis à part le bruissement des feuilles contre les troncs d'arbres, ainsi que le ruissèlement de la pluie, il n'y avait pas un bruit, et Roxanne se sentait mal à l'aise de briser un tel silence en respirant bruyamment. Elle se gratta machinalement le mollet, où étaient restées collées des herbes sèches, et s'étira doucement.

« Saleté de forêt. »

Elle saisit son fidèle sac à dos, qui trainait sur le sol, tout aussi trempé et sale que sa détentrice, et le jeta sur son épaule, avant de vérifier qu'elle n'avait rien oublié. Ceci fait, elle resserra son élastique à cheveux qui les retenaient en queue de cheval, non sans esquisser une grimace de dégout lorsqu'elle les sentit glisser sous ses doigts. Elle rêvait d'une bonne douche bien chaude. La jeune fille inspira un grand coup, et rejoignit le chemin de terre battue qui traversait la forêt, afin de continuer sa marche. La douche ne serait pas pour tout de suite.

Cela faisait déjà quatre jours que Roxanne marchait sans relâche, seule, et loin de sa petite ville natale. La fatigue se faisait ressentir, et ses jambes étaient toutes courbaturées. En plus de cela, son sac à dos, qui pesait une tonne au début de son périple, était à présent presque vide, du fait que la nourriture qu'il contenait avait été mangée. Le manque de nourriture, d'hygiène, et à présent, d'eau, accentuait le caractère, déjà mauvais à la base, de la jeune fille. Mais elle n'avait personne auprès d'elle à qui se plaindre, et elle ne pouvait se contenter que de râler intérieurement, ce qui ne l'empêchait pas de lâcher quelques jurons de temps en temps, bien que personne ne les entende. Ou du moins, elle l'espérait. Depuis qu'elle était partie, Roxanne fuyait la population, et essayait de cacher ses traces du mieux qu'elle pouvait. Si quelqu'un la trouvait maintenant, elle ne donnait pas cher de sa peau, car si elle était dehors, sous la pluie glaçante, et grelottante, ce n'était pas sans raison. Elle appréciait bien trop son petit confort personnel pour se risquer à cette vie de baroudeuse. On l'avait poussée à jouer les aventurières. 

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