Chapitre 1

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Roxanne soufflait. La chaleur étouffante de cette après-midi de printemps semblait ne jamais vouloir s'atténuer. Les yeux tournés vers la fenêtre à sa droite, la jeune femme se laissait distraire par tout et n'importe quoi. Un homme qui traversait au feu rouge, un sac en papier qui virevoltait dans entre les jambes de passants. Ou bien un vieil homme qui lisait son journal sur un banc. Roxanne détourna les yeux de ce dernier, et essaya de se reconcentrer sur le professeur quelques rangées devant elle. Est-ce que les autres étudiants arrivaient à se concentrer ou elle était la seule à avoir l'esprit occupé ? Elle croisa le regard de sa voisine de table, une jolie brune à côté de qui elle avait l'habitude de s'asseoir pour ce cours. Cette dernière lui sourit, et continua de prendre des notes dans son carnet.

« Il faudrait vraiment que je m'y mette ».

Roxanne se rapprocha de sa table et tenta de se replonger dans son cours d'économie, mais rien à faire, elle était ailleurs. Le temps continua à filer lentement, et quand la sonnerie indiquant la fin de l'heure se fit entendre, la jeune femme se leva en trombe et quitta la salle d'un pas rapide. Aujourd'hui n'était pas un jour comme les autres, et Roxanne n'avait qu'une envie : retrouver son amie Iris. Elle s'engouffra dans les couloirs de l'université, et bouscula quelques élèves sur son chemin, ce qui lui valut une poignée de regards noirs. Elle salua de loin une connaissance à elle, mais ne s'attarda pas, elle était pressée.

Une fois les portes vitrées du bâtiment franchies, elle respira un grand coup, et se sentit tout de suite mieux. Elle sourit. Il faisait beau dehors : beau et très chaud. Bien plus chaud que d'ordinaire pour un mois de mai, mais cela n'étonnait personne. Roxanne remonta son sac sur son épaule, et s'attacha les cheveux d'une main experte, ne supportant plus de sentir ses cheveux humides lui coller à la nuque. Ce soir, elle ne rentrait pas tout de suite à la maison, elle avait un petit détour à faire. La jeune fille pris la route à sa gauche direction l'arrêt de bus le plus proche, et s'assit sur un banc pour l'attendre. Elle déverrouilla son téléphone pour envoyer un message à Iris, afin de la prévenir qu'elle arrivait dans vingt minutes.

« Si ce bus pouvait se dépêcher de venir... ».

Posée sur le banc d'en face, une pile de magazines gratuits avec les actualités du jour attira le regard de Roxanne. Comme elle n'avait rien de mieux à faire, elle se leva pour se saisir d'un exemplaire, et le feuilleta rapidement. En première page, la photo du président et de sa femme devant une foule à la sortie d'un avion. Vêtu d'un costume gris, et d'une cravate plus foncée, le chef d'état semblait plus accablé que jamais. Les poches sous ses yeux témoignaient de sa fatigue, et son front plissé ainsi que ses cheveux grisonnants lui donnaient un air vieilli. Le président Matthews n'avait plus rien à voir avec l'homme charismatique et sûr de lui qu'il était lors de son élection il y a cinq ans. Selon le titre en gras qui surplombait l'image, le président était sur le point de rencontrer les deux nouveaux candidats aux présidentielles, et ce, dès demain matin. Roxanne soupira. Cela faisait maintenant des semaines que l'on ne parlait plus que des ces réélections, et bien qu'elle comprenait leur importance, surtout en ce moment, elle n'avait plus envie de lire un énième article sur le sujet. De toutes façons, d'ici quelques jours, on connaitra le nom du nouveau président du pays. Elle referma le journal, le plia, et le jeta dans son sac sans poursuivre sa lecture. Peut-être pour plus tard.

Quelques minutes plus tard, le bus de la ligne quatorze s'arrêta devant la jeune femme, et elle arriva enfin devant la maison de son amie. La maison d'Iris était toujours la même depuis la première fois où elle s'y était rendue lorsqu'elle avait huit ans. Iris et elle s'étaient rencontrées lors d'un cours de chant, et depuis, elles ne s'étaient plus jamais quittées. Roxanne ne prit pas la peine de sonner avant d'entrer, après tout, elle était comme chez elle ici. Elle se contenta alors d'appeler son amie en criant. Iris descendit les escaliers en courant, le sourire aux lèvres, et l'air plus joyeux que jamais.

La FuiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant