I. une histoire mortelle?

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Il était évident qu'Orion Kaus Patrol -puisque tel était le nom complet du jeune homme qui était nonchalamment adossé à la rambarde du balcon - était plongé dans ses pensées.
En fait, il l'était tellement qu'il aurait été bien incapable de dire qui était les gens qui faisait la fête dans l'appartement, pourquoi il était lui même dans cet appartement, et depuis combien de temps il y était.
Sa seule pensée était focalisée sur un sujet récurant : la mort, et par extension, la sienne.
Orion avait toujours eu une étrange fascination pour la mort. Si bien, que lorsqu'il avait atteint ses 13 ans, il avait tenté de se suicider. Manifestement, ça n'avait pas aboutit.
Aujourd'hui, le jeune homme en avait 22.

Orion, donc, songeait à la mort. Bien sûr, le jeune homme n'aimait pas VRAIMENT la mort. Il aurait été plus juste de dire qu'il lui vouait une admiration, une obsession plutôt malsaine. Souvent, avant de s'endormir, il pensait à sa mort, se persuadais que si il y pensait assez fort, ce soir serait le dernier où il fermerai les yeux, que chacune des bouffés d'oxygène qu'il respirait le rapprochait inéluctablement d'une mort certaine, et que le lendemain ne viendrait jamais.
Plus jeune, il ne cessait de penser à la mort de ses proches.
Il n'avais pas réellement de proches, il n'en a avait jamais eu. Il y avait sa grand mère, Granny, une vieille anglaise, sourde comme un pot et muette depuis sa naissance, qui avait porté tant bien que mal sa famille qui se cassait la gueule.
Il y avait son grand père, Grappy, qui n'avait pas tenu bien longtemps avant de rejoindre le côté obscur dont Orion rêvait tant.
Pour finir, il y avait sa petite sœur, Mina, dites Mouche, qu'il haïssait autant qu'il aimait : de manière intense, secrète et timide.
Orion n'avais pas de parents, pas de famille éloigné, pas de cousins... Du moins, pas à sa connaissance. Mais de toute façon, à 22 ans, il n'y a plus d'intérêt à traquer une possible famille caché on-ne-sait-où. Pour leur dire quoi ? Il n'y a rien à dire quand, comme c'était son cas, on ne peut plus s'attacher.

Évidement qu'il ne peut pas s'attacher. À quoi bon s'attacher, puisque sa mort sera imminente ? À quoi bon s'attacher si c'est pour perdre les gens ?
Une pédo-psychiatre avait dit à Granny qu'Orion avait une phobie de l'abandon dû à la perte de ses parents, et tout le monde s'était satisfait de cette explication en se félicitant d'avoir réussi, encore une fois, à ranger un garçon problématique dans une des nombreuses cases prévu à cet effet.
Il n'avais rien dit, bien sûr, puisque à quoi bon, mais il savait bien que ce n'en était rien. Il savait bien que ses parents, aussi merdiques soient-ils, n'avait rien à voir avec cette soit-disante phobie qu'on lui avait approprié. Il avait compris très tôt, à vrai dire il l'avais pratiquement toujours su, qu'il faut ne compter que sur soi même.
Il n'avais donc pas peur qu'on l'abandonne, puisque c'était lui qui abandonnait les gens. Mieux que ça, il ne s'y attachait pas, et les évitait.

On le décrivait comme un égocentrique, un arrogant. Il avait surfé sur sa scolarité sans trop de difficulté, sans faire de vagues. Il n'avait pas d'amis, seulement quelques connaissances. Il ne parlait pas aux gens, ne leur répondait pas, et s'ils devenaient trop insistants, il n'avait qu'à lancer un de ses fameux regards.
Son regard. Il savait qu'il avait un grand atout avec ce fameux regard. Il avait ses grands yeux gris teinté de filament d'or, ses grands yeux bordé d'épais et longs cils aussi noirs que ses cheveux.
Il transmettait tant d'émotions et d'intensité à l'aide de son regard, qu'il n'avait pas besoin de parler pour rejeter chaque personne qu'il jugeait dérangeante -ce qui correspondait finalement à plus des trois quarts de la population-.
On lui reprochait donc d'être méchant, misanthrope, et beaucoup prenait sa froideur naturelle pour de la condescendance, ce que le jeune homme admettait généralement pour qu'on le laisse tranquille. Non, il n'aimait pas les autres, et non il ne ferait pas d'effort pour leur cacher le dégoût que leur existences médiocres et leurs fausses passions ridicules et teintés d'hypocrisie lui inspirait. Au contraire.

Lui, avait une passion, une vraie, une sincère, une avec du sens.
Orion étudiait depuis 4 ans l'astronomie à l'IoA de Cambridge, et c'était d'ailleurs la seule chose qu'il. aimait réellement. Les étoiles, les constellations, les trous noirs et les galaxies avait un sens pour lui qu'il ne trouvait pas dans l'existence de l'être humain.

Orion se redressa soudain, ses pensées se dissipant soudain à l'entente d'un bruit à l'intérieur de l'appartement. Avec un soupir, il écrasa sa cigarette dans un pot qui avait du contenir une plante autrefois mais qui ne ressemblais désormais plus qu'à un désert sec et aride, et rentra en fermant la baie vitré derrière lui.
La chaleur le surpris en premier lieu. Puis les odeurs. Alcool, tabac froid, et tous ses parfums qui se mélangeait. Il se demanda une nouvelle fois ce qu'il faisais là, se rappelant vaguement de cette fille étrange qui l'avait invité et à qui, pour une raison étrange, il se rappelais avoir dit oui.
Il chercha la source du bruit qui l'avait tiré de ses pensées précédemment.
C'était un son qui l'avait remué, sans qu'il ne puisse mettre un mot dessus, ou même comprendre ce que c'était.
Il se dirigeais vers la cuisine pour se servir un verre d'eau glacé quand il l'entendis à nouveau. 

Le bruit. 

Le bruit qui était ce qui se rapprochait le plus d'un rire. Il ne compris pas pourquoi, mais il voulait savoir à qui appartenait à ce rire qui le chamboulait.

Il entendit en fond les Beatles chanter qu'ils avaient "vu la lumière", et ce fut à ce moment, qu'il le vit. Qu'il trouva la source du rire.
Debout sur la table de la cuisine, encouragée par des gens qu'il ne prit pas la peine de regarder, entre deux éclats de rire, un jeune homme dansait de manière maladroite.
Orion fixait cet étrange énergumène sans même comprendre pourquoi il le trouvait si ridicule mais si impressionnant à la fois. Il n'arrivait même pas à comprendre comment il pouvait trouver impressionnant quelqu'un d'autre que lui même.

Il était grand, presque autant qu'Orion. Très fin. De longs cheveux blonds lui tombait tout autour de la tête comme une couronne faites de milliards de grains de blé qui caressait sa nuque, se terminant juste avant ses épaules.
Orion était en colère de ne pas pouvoir voir ses yeux, mais il apercevait son sourire qui semblait très honnête mais pourtant un peu sarcastique.
Des lors que les Beatles conclurent leur chanson, au moment où la musique s'arrêtait pour un court instant, le jeune homme baissa la tête et croisa le regard d'Orion.

Des yeux noirs, pas assez noirs pour qu'on les confondent avec la pupille, mais tout de même sombre.
Pourtant, en plongeant dedans, Orion ne ressenti qu'une impression de couleur, de sourire, d'été et de rire.
Il ressenti l'odeur forte et piquante de la menthe, il ressenti l'odeur salé de l'océan.
Orion ressenti dans ces deux pupilles qui le fixait une impression de nouveau, combiné à la sensation particulière de rentrer à la maison après un long voyage.

Ils étaient une trentaine ce soir,
pourtant ils étaient deux.
Yeux miel dans yeux noirs.
Sombre et doux,
c'était une douloureusement agréable sensation de bien être.

La musique reprit. Fin de la parenthèse enchantée, Orion sursauta, comme s'il se réveillait.
Métaphore pas tant métaphorique, puisqu'il était désormais seul au milieu d'une foule dansante.
Le temps d'un clignement d'œil, et le blond n'était plus là.
Évaporé, tel une étoile filante, une étoile filante brillante comme le soleil.

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