Don't come closer

Chapitre 1

Multimédia: Leslie Morgan

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 « Bon, je suppose que vous n'êtes pas sans savoir que les étudiants en langues doivent valider leur parcours par un séjour linguistique à l'étranger. A cette fin, notre université est en contact avec des universités anglophones un peu partout dans le monde et proposent des partenariats et des correspondances entre pays. Cette année, nous pouvons proposer aux meilleurs de cette classe, 12 élèves triés sur le volet, de partir dans le pays de leur choix: Angleterre, Australie, Afrique ou Amérique. Les villes concernés sont Londres en Angleterre, Sydney et Brisbane en Australie, Johannesburg en Afrique et pour finir, New York en Amérique. Mais sachez bien que ce séjour n'est pas à prendre à la légère, et peut constituer une excellente expérience vous permettant d'être en contact direct avec le pays et des natifs. Y aurai-t-il donc déjà des candidats? »

Quand notre professeur de littéraire anglo-américaine nous a annoncé ça, j'en suis presque tombé de mon siège. Est-ce qu'on me proposait vraiment de réaliser mon rêve, tout ça dans le cadre de mes études? C'était trop beau. Comme on pouvait s'y attendre, toutes les mains se sont levées simultanément, faisant rire notre enseignante. Elle nous a demandé à mains levées qui voulait aller dans quel pays. Je n'ai pas hésité une seule seconde, pour moi, c'était New York ou rien. Après, nous avons du nous inscrire sur des feuilles qu'elle nous avait donné et attendre les informations supplémentaire qui viendraient après. Mais pour moi, c'était évident. C'était juste maintenant qu'il fallait s'investir à fond et montrer notre motivation. J'ai passé des soirées et des weekends entiers à bosser et j'ai même arrêté de voir mes amis pour me concentrer davantage sur mon objectif. Et mon travail a porté ses fruits, car j'ai été sélectionnée parmi la cinquantaine d'élève de ma classe pour passer l'oral de motivation, qui me donnerait l'occasion en 5 min de convaincre le jury de me laisser aller étudier dans la ville de mes rêves. J'ai écrit un petit discours et l'ai appris par cœur jusqu'à ce que je puisse le réciter en passant à tout autre chose sous la douche, même s'il ne s'agissait que d'un simple petit interrogatoire avec mes professeurs. J'ai extrêmement motivée, je voulais y arriver et aller à New York.

Le jour de l'entretien, j'avais d'horribles nœuds dans l'estomac, si bien que je n'avais rien pu avaler le matin. C'est donc avec le ventre vide que j'avais attendu jusqu'à 14 heures pour prouver ma valeur. J'avais un peu la tête qui tournait et des vertiges, mais un peu d'eau fraîche passée sur le visage et j'étais de nouveau en pleine ( ou presque ) possession de mes moyens, bien décider à éblouir les examinateurs de ma détermination à toute épreuve. Finalement, ça s'est plutôt bien passé. J'ai bien répondu aux questions, ils ont eu l'air satisfaits et j'ai pu quitter la salle, après qu'ils m'ait dit que je saurai si j'étais prise ou non le lendemain. Je n'en ai pas dormi de la nuit. Mon esprit, trop occupé à s'imaginer que j'avais tout raté, que j'avais déçu mes professeurs, refusait catégoriquement de me laisser me reposer et de cesser d'être pessimiste. Mais le meilleur épisode de NCIS n'a pas réussi à me changer les idées. J'ai donc décidé, au bout milieu de la nuit, très exactement à 3 heures 21 du matin, d'aller réveiller Éléonore pour discuter avec elle. Je ne lui avais pas touché un seul mot à propos de cet échange linguistique car je savais qu'elle ne m'aurait pas soutenu. Elle aurait essayé de me faire changer d'avis car elle a du mal à être séparée de moi. C'est également mon cas, mais il s'agit ici de mon rêve le plus cher et rien de pourra m'empêcher d'y renoncer et de faire quoique ce soit me permettant de le concrétiser.

J'ai toqué à la porte de sa chambre: aucune réponse. Puis j'ai ouvert sa porte tout doucement, pour éviter qu'elle grince, car je savais pertinemment ce qui allait se passer si c'était le cas. Éléonore se réveillerait, verrait une masse sombre dans la faible lueur du couloir, avec sa porte ouverte ( elle ne la ferme jamais à clé, donc c'est aussi un peu de sa faute ) et se mettrait à hurler ses morts. Elle réveillerait tout le monde autour, telle une sirène stridente et tous rameraient leur fraise pour savoir qui et pourquoi on égorge un cochon à cette heure-là. Le surveillant de service se lèverait aussi et je me ferai coincer hors de ma chambre en pleine nuit alors que c'est strictement interdit. Et si ça arrive, je pourrais dire adieu à mon voyage pour attitude irresponsable et contraire au règlement. J'aurai presque tourner les talons en imaginant tout ça, si je n'avais pas eu autant envie de parler à quelqu'un.