12.

873 65 0
                                    

Point de vue Kate.

Devant la maison de mes beaux-parents, je m'apprête à rentrer pour récupérer Lizzie après ma garde de nuit. Aujourd'hui, nous rentrons à la maison. L'idée me réjouit et m'angoisse en même temps. J'ai envie de retrouver Carter, car elle m'a atrocement manquée pendant cette séparation que je nous ai imposée, mais j'ai également peur d'entendre ce qu'elle a, à me dire.

D'un pas lent, je franchi le hall d'entrée pour me rendre au salon où je suis presque sûre de retrouver Lizzie. Dans ma marche, je passe devant la porte de la cuisine qui est fermée, de l'autre côté, j'entends les voix de Molly et Trevor, mais pas assez pour comprendre ce qu'ils se disent. Pas plus curieuse que ça de connaître leur sujet de conversation, je n'y prête pas attention et rejoins Lizzie.

Dés qu'elle s'aperçoit de ma présence, ma fille vient me sauter au cou en s'exclamant de joie. Heureuse de la retrouver, je la prendre dans mes bras, en la serrant contre moi. Si je dois être honnête, c'est grâce à elle que je tiens encore debout aujourd'hui. Cette situation avec Carter est épuisante. Je suis en permanence entrain de réfléchir à des solutions. Notre étreinte dure encore quelques instants, quand finalement, j'entends l'arrivée de mes beaux-parents dans mon dos, mais alors que je me détache du corps de Lizzie, je remarque quelque chose briller autour de son cou. Perplexe, j'attrape doucement la chaînette dorée et laisse glisser mes doigts jusqu'au pendentif.

Mon cœur se serre dans ma poitrine et les larmes me montent aux yeux, alors que j'ai l'impression que la pièce se met à tourner autour de moi. Ce bijou représentant Saint-Georges, je ne le connais que trop bien, pour l'avoir déjà porté à plusieurs reprises. Il appartient à Carter, elle le tient de son grand-père et ne s'en sépare jamais, sauf quand... Je me tourne vers mes beaux-parents, tremblante et le cœur battant à mille à l'heure.

- S'il vous plaît, dites-moi que ce n'est pas ce que je crois ?

Ma belle-mère baisse les yeux.

- Je suis navrée, Katherine.

- Quand ?

- Cette nuit... Elle a laissée ça pour toi.

Toujours sans croiser mon regard, elle s'approche d'un petit meuble, pour finalement me tendre une enveloppe. D'une main lente et fébrile, je l'attrape en posant Lizzie au sol. Mon corps pèse une tonne et j'ai l'impression que mes jambes peuvent me lâcher à tout moment.

- Il... Il faut que je m'asseye, dis-je étourdie.

- Lizzie, ma chérie, va jouer dans ta chambre, s'il te plaît.

La voix de Molly est calme, mais je sais qu'elle est inquiète. Quant à Trevor, il n'a ni bougé, ni parler depuis son arrivée dans la pièce. Il est impassible et garde une stature stricte, digne d'un ancien soldat. Parfois je lui en veux d'avoir attiré Carter dans l'armée. Lizzie me regarde perdue. Pour la rassurer, j'acquiesce avec un maigre sourire et avec une petite mine triste, elle disparaît dans le couloir.

Mon regard se porte ensuite sur l'enveloppe marquée à mon nom. Mes mains tremblent contre le papier, incapable de l'ouvrir. Je suis terrorisée à l'idée de découvrir son contenu. Néanmoins, après une profonde et douloureuse inspiration, je me décide à prendre mon courage à deux mains. Ses premiers mots me serre le cœur.

« Kate, mon ange,

Je sais qu'à l'heure où tu lis ces quelques mots, tu dois probablement me détester, mais je ne t'en veux pas, moi aussi je me déteste de t'avoir fait souffrir comme je l'ai fais et de le faire encore aujourd'hui, mais j'avais besoin de le faire pour espérer pouvoir te donner ce que tu attends de moi. J'espère que tu comprendras.

Pardonne-moi.
Je t'aime.

Carter. »

Mes larmes s'écrasent contre le papier. Pourquoi ? Je ne comprend pas pourquoi elle avait besoin de faire ça et surtout comment on a pu la laisser partir. Immédiatement, je jette un regard noir à mes beaux-parents, maintenant installés dans les autres fauteuils de la pièce.

- Comment avez-vous pu la laisser partir sans rien dire ?! M'emporté-je.

- Katherine, tu... Commence Molly faiblement.

- Ma fille remplit son devoir de soldats, Katherine ! Intervient Trevor d'un ton ferme. Elle a décidée de servir à nouveau son pays. Tu devrais en être fière !

Je reste bouche bée face à mon beau-père. Comment peut-il dire une chose pareille, en connaissant l'état de Carter ? Je sais que les valeurs et principes de l'armée sont importantes pour lui, mais je ne pensais pas qu'il approuverait ce qu'a fait sa fille, c'est à dire se mettre en danger.

- Fière ?! Vous plaisantez, j'espère ? Carter n'était absolument pas en état d'être déployée ! C'est du suicide de l'avoir envoyé là-bas !

- Carter est coriace, elle s'en sortira très bien ! Vous vous inquiétez trop, Katherine.

- On parle de la vie et de la santé de ma femme, bien sûr que je m'inquiète ! Hurlé-je. Molly, s'il vous plaît, dites moi que vous ne cautionnez pas ça ?

Ma belle-mère jette un coup d'œil craintif à son mari. Je sais qu'il n'est pas violent mais il est rare qu'elle le contredise, la plupart du temps, elle se range à son avis. Elle ne répond pas.

- Très bien, je vois !

Sans perdre de temps, je pars récupérer Lizzie dans sa chambre. En passant devant mes beaux-parents, avant de sortir, je leur dis avec animosité :

- Si il lui arrive quelque chose, vous l'aurez sur la conscience !

Puis, je claque la porte d'entrée avec rage. Je sais que je ne devrais pas les accabler de la sorte mais a cet instant précis, j'en veux à la terre entière. Même si la seule coupable dans cette histoire c'est moi. J'ai l'impression de l'avoir envoyée là-bas moi-même. Mon cœur est broyé par la culpabilité. Si il lui arrive quelque chose, je ne me le pardonnerai jamais.

Semper Fidelis.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant