Helline se questionna d'abord sur la capacité de Tristan à enregistrer une adresse sans erreur mais en vérifiant elle dû se résoudre à l’idée que cette rue était la bonne. Elle avança donc progressivement à travers une sorte de chemin étroit et bosselé délimité par des hautes herbes montant à un ou deux mètres.
Toutes les cinquantaines de mètres une boîte aux lettres surgissait et Helline ralentissait pour vérifier le nom et le numéro, ce fut au bout d'une dizaine de minutes qu’elle trouva enfin le 6, Mr Del Exsomnio.Le monsieur était mort la semaine précédente selon les informations de Tristan. Arrêt cardiaque ou quelque chose dans le genre. Mais surtout il était mort en laissant une bibliothèque extrêmement riche et sans l’avoir léguée à qui que ce soit. C’était l’occasion la plus dorée que le boss n’eût jamais eut.
La boîte aux lettres était blanche, datant plus que les autres, et des traces de rouilles apparaissaient aux extrémités. Elle était accrochée à un portail brinquebalant qui barrait l'entrée d'un long chemin dont Helline ne voyait pas le bout car il bifurquait fortement.
Ne voyant aucun moyen d'y entrer en voiture elle en sortit et constata que la pluie avait cessé. Néanmoins le vent soufflait toujours aussi puissamment.Elle attendit quelques instants devant la barrière avant de se décider à la franchir. À peine la traversa-t-elle qu’un chat noir la rejoignit en miaulant doucement. Il ne s'arrêta pas de miauler mais ce n'était pas désagréable pour autant, il était calme et se contentait de trotter à côté d’Helline.
En avançant elle ne put nier l’atmosphère envoutante et sublime qui émanait des lieux, la lumière du crépuscule projetait des éclats clairs et dorés qui étincelaient à travers les milliers de gouttelettes glissant les longs des feuilles et des brins d'herbe.
Le chemin, en bifurquant vers la gauche, semblait s'enfoncer plus profond dans les bois. La route devint droite mais beaucoup plus fermée et oppressante, les arbres et les buissons formaient une arcade d’où s’échappaient quelques rares rayons tombant droit sur le sol, telle une pluie flamboyante. L'éblouissement d’Helline pris fin lorsqu’un deuxième chat vint capter son attention. Roux cette fois.
Elle lui grattouilla l'oreille puis repris son chemin, encouragée par l'immense maison que l'on pouvait désormais voir au loin. Les petits lampadaires qui bordaient le chemin s'allumèrent ce qui apaisa quelque peu Helline car il n'y avait quasiment plus aucune autre source de lumière.
Alors qu'elle s'apprêtait à souffler de soulagement, un chien sortit brusquement des bois et lui barra la route. Helline fronça les sourcils et remarqua que les deux chats la suivaient de toujours aussi près. Elle passa au-dessus du chien qu’elle devina être un carlin et poursuivit, accélérant son pas en espérant les désintéresser.
Un autre chien sauta devant elle, plus grand cette fois, un doberman. Il aboya sèchement et grogna. Le petit fit de même et les chats miaulèrent.
La panique en Helline monta d'un seul coup alors qu'elle vit deux autres chiens du même gabarit rejoindre le groupe. Elle recula doucement et regarda frénétiquement autour d'elle pour trouver une issue de secours. Les animaux continuaient d’affluer en grognant.
Elle accéléra son pas et son souffle se raccourcit en les voyant la suivre.
Tout à coup elle buta contre un obstacle qui la fit tomber à terre.Transie d'effroi, elle se retourna lentement et se retrouva face aux pattes musclées d'un cervidé. En relevant les yeux elle aperçut une paire de bois majestueux.
Un grognement la sortit de sa contemplation et, plissant les yeux, Helline vit plusieurs masses noires se diriger rapidement vers elle.
Elle se retourna pour fuir mais de ce côté d’autres formes indistinctes grouillaient vers elle.
Le grommellement retentit à nouveau et dans un sursaut de panique, Helline se jeta dans les bois.
La forêt était compacte et n’était pas préparée au passage d’un humain. Mais Helline n'avait qu'une pensée : fuir.
Les bruissements et craquements qui la suivaient s'amplifiaient plus elle s’enfonçait et bientôt provenaient de tous les côtés.
Elle se protégeait le visage de ses bras mais les branches frappaient contre son corps et le griffait de toutes parts. Les cris des animaux se multiplièrent et si c’était seulement possible, Helline accéléra sa course déjà effrénée en priant pour les semer.
Soudainement un galopement se fit entendre et se rapprochait à grande vitesse. La chose passa si proche qu'elle se figea un instant, avant de repartir désespérément, les larmes se séchant instantanément par le vent.
Sa respiration était lourde, hachée, et certains mots inintelligibles s’échappait de sa bouche en ayant l'accent d'une supplique.
Le magma confus de cris et hurlements était absolument cauchemardesque. Helline luttait. Elle se retournait parfois et distinguait les mouvements violents des branches. Certaines fois une aile ou un sabot se distinguait. Elle pleura plus bruyamment et respira plus courtement encore lorsqu’elle comprit qu’elle avait atteint ses limites physiques.
Mais en relevant les yeux elle aperçut une lumière faible.
Sa course redoubla d’intensité et une clairière émergea devant elle. Elle continua de courir mais dû se stopper au centre de la pleine. En face d'elle plusieurs daims se tenaient droits. Au sol des lapins bondissaient et à leurs côtés, des souris. Helline reconnu plusieurs queues de renards ramper vers elle de toutes parts. Chaque branche de chaque arbre délimitant la clairière était occupée par un volatile dardant son regard perçant sur elle.
Elle tourna sur elle-même afin d’évaluer le danger et écarquilla les yeux, ahurie. De plus en plus d'animaux surgissaient et s'approchaient docilement d'elle. Les animaux les plus proches d'elle à ce point étaient les blaireaux et les rongeurs mais, tout en espérant avoir faux, Helline identifia la silhouette de plusieurs loups, eux aussi se rapprochant furtivement.
Maintenant qu’elle s’était arrêtée, le rythme s’était considérablement ralentit chez ses poursuivants.Chaque animal l'approchait pas a pas, tellement doucement qu'ils semblaient vouloir la dompter.
C’était d'un tel surréalisme qu’elle en avait oublié sa peur. Au bout de quelques minutes il ne sembla plus avoir le moindre espace séparant chaque animal de son voisin. Et pourtant certains se faufilaient encore en se rapprochant d'elle jusqu’à ne plus laissez l'air passer entre elle et eux.
Helline restait parfaitement immobile et un silence s'installa lorsque les animaux arrêtèrent d'avancer.
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Marmoréens
ParanormalHelline Mallaury n'aspire qu'à la tranquillité. Malheureusement pour elle, le jour de ses 21 ans des événements étranges perturberont tous ses plans. Voilà que des cornes lui poussent et une bande de jeunes lui annoncent qu'elle est une marmoréene. ...