Chapitre 1

32 13 14
                                    

C'ETAIT UN SOIR D'ÉTÉ, la pluie tambourinait à la fenêtre du pensionnat le plus paumé de France. Edward, des feuilles blanches dans la main, un crayon dans l'autre, regardait à travers celle-ci, à la recherche d'inspiration. Escargots qui arpentaient les feuilles, oiseaux qui cherchaient refuge dans les arbres, ou encore des élèves partis au centre-ville qui revenaient la veste au dessus de la tête pour ne pas être mouillés par la pluie.

Edward soupira, pensant à quel point ses camarades, aussi populaires soient-ils, sont débiles. Prévoir une averse est facile, surtout lorsque des nuages aussi gris qu'aujourd'hui nous menacent depuis le début de la journée.

Milo, le camarade de chambré d'Edward, se pointa par la porte, les cheveux trempés et une serviette autour du bassin. Se doucher à vingt-deux heures était en quelques sortes son rituel.

— Hé, Edward ? Regarde c'que j'ai trouvé dans les douches ! l'interpelle Milo en lui jetant un tissu noir.

Edward déplia le tissu après l'avoir rattrapé, et se retrouva avec une culotte noire dans les mains. Il regarda le sous-vêtement, puis Milo, souriant comme un enfant tout en cherchant un caleçon.

— Pourquoi t'as l'air aussi fier ? demanda Edward, pliant le sous-vêtement.

Milo enfila son caleçon avant de répondre à son camarade.

— Combien de fois t'as entendu quelqu'un ici se venter d'avoir retrouvé un string dans les douches des garçons ? Personne ! J'suis le premier !

— Ouais, mais t'es pas le premier à avoir fait ce genre de choses dans les douches.

Milo eut l'air choquée, et Edward retira aussi rapidement ce qu'il a dit, deux petits ronds rouges naissants sur ses joues.

— Pas moi, idiot ! insulta Edward en relançant le sous-vêtement à Milo.

Passant sa tête dans le trou de son t-shirt, Milo rigola et piailla des mots qu'Edward peinait à comprendre. Milo avait un gros défaut, il ne savait pas articuler.

Edward se leva et reprit la culotte abandonnée par terre. Il se dirigea vers la porte et se retourna avant de faire un pas de plus.

— Elle est à qui ?

Milo haussa les épaules.

— J'en sais rien, moi. Je l'ai trouvé par terre dans la cabine de douche. Demande aux gars, l'un d'eux le sait forcément.

Edward remercia Milo d'un onomatopée et prit le soin de claquer la porte derrière lui. Arpentant les couloirs, le sous-vêtement dans la main, il toqua à toutes les portes des chambres des garçons afin de connaître le nom de la fille de sorte à lui rendre ce qui lui appartient.

C'est au bout de la quatrième chambre habitée par deux garçons respirant la transpiration et vivant dans une porcherie qu'Edward retrouva le garçon des douches.

— Ah ouais, c'est à Marie. Elle était hyper chaude pour le faire tout à l'heure, elle doit être sous la douche par contre là.

La porte claqua après la visite à l'improviste d'Edward, qui insulta dans sa barbe le garçon de cette chambre. Les gens sont une tumeur, il l'a dit.

En direction des dortoirs des filles, Edward se rappela que lui et les autres garçons avaient l'interdiction formelle de se rendre dans cette partie des dortoirs. Mais en l'occurrence, Edward n'avait pas le choix.

Il se glissa sans un bruit par la porte menant aux dortoirs des filles et avança sur la pointe des pieds. Il ne rencontra aucun adultes, ni même une adolescente. Seraient-elles déjà endormies ?

Edward toqua à la chambre correspondante au numéro que le garçon des douches avait donné à Edward. Il toqua et vit en face de lui une rouquine à la coupe au carré.

— Marie est là ? questionna Edward.

— Euh, non. À la douche. De quoi t'as besoin ? répondit la rousse en s'appuyant contre la porte.

Edward tendit le morceau de tissu à l'amie de la fille qu'il était venu rencontrer.

— Ok, je lui donnerais, merci.

La rousse claqua la porte à son tour, faisant soupirer Edward. Il essaya de rester calme et de ne pas engueuler cette fille pour l'avoir fait prendre un risque énorme pour au final ne pas avoir vu cette Marie.

Au moins, il n'avait croisé aucun adulte. Bien heureusement. Qu'est-ce qu'il se serait passé si le directeur du pensionnat en personne aurait retrouvé Edward, comptant déjà assez de problèmes sur son dossier scolaire comme ça, vadrouillant dans les dortoirs des filles ?

Faisant demi-tour, Edward regretta ses pensées, croisant le regard du directeur en personne. C'est quel genre de blague ça ?

Edward courut dans le sens inverse, sans même que son cerveau ne l'ai ordonné à ses jambes. L'instinct de survie avait prit le dessus sur son corps.

Ses chaussures glissaient sur le sol reflétant les rayons de la lune, tournant à certains moments, à gauche, à droite, puis re à droite, et encore à gauche. Il finit par retomber sur la porte menant aux dortoirs des garçons, se faufila dans le petit espace laissé entre ouvert par les soins du directeur, pourchassant toujours Edward, sa cravate bougeant dans tous les sens.

Edward continua sa course poursuite, une assez longue avance sur le directeur. Il finit par retrouver son dortoir et entra dedans en trombe, tombant sur le sol et faisant presque une roulade. Malheureusement, Edward n'était pas dans un film, ses jambes se mangèrent donc juste le lit et il finit avec des fourmis dans les pieds.

Milo sauta sur la porte pour la claquée par précaution, comprenant qu'Edward était pourchassé. Ce qu'il ne savait pas, c'était par qui.

— Mec ! Qu'est-ce qu'il s'est passé bordel ? cria Milo alors qu'Edward disposa un index sur sa bouche.

Milo obéit à l'ordre de son camarades et baissa d'un ton, avant de murmurer à voix presque inaudible.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Edward se laissa tomber sur son lit en laissant s'échapper un soupir.

— Dortoir des filles. Pas de Marie. Amie de Marie. Culotte partie. Proviseur. Course poursuite. Mal aux jambes. Dormir.

Milo acquiesça et laissa Edward se reposer, malgré qu'il n'avait comprit que la moitié du discours de son ami.

Finalement, la soirée se finit plus tôt que prévu, des fourmis dans les jambes et la respiration altérée par cette course inattendue.

edwardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant