Chapitre 2

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Je fermais les yeux, laissant des larmes couler sur mon visage, et attendais que ce mauvais moment passe, lorsque soudainement j'entendis un violent coup, suivi d'un bruit de chute.

J'ouvrais à nouveau les yeux craintivement pour découvrir un de mes agresseurs à terre, la tête pleine de sang. Un autre bruit de coup suivit, et un deuxième des trois garçons tomba à terre. Je relevai la tête et vis, avec stupeur, le troisième garçon debout, un morceau de bois à la main. Il avait frappé sans aucune hésitation ses deux amis de sang froid. Je n'osais même pas imaginer ce qu'il allait me faire à moi, s'il était capable de frapper d'une telle violence ses propres amis. Les deux jeunes hommes mis K.O., il s'avança vers moi et m'empoigna fermement le bras. Il m'entraina dans une autre ruelle, un peu plus loin, avant de me jeter dans une impasse et de se coller à moi, maintenant fermement mes poignets au-dessus de ma tête.


Garçon 3 : Alors écoute-moi bien ma belle, tu n'as pas intérêt à parler à qui que ce soit de ce qu'il vient de se passer ! Si jamais tu me balances, tu peux dire adieu à ta vermine de mère !


Il tenait mes poignets d'une telle force que je ne pouvais m'empêcher de gémir de douleur. Il me retourna et me força à me pencher en avant, maintenant fermement ma nuque de sa main moite. Il souleva mon jupon de l'autre main et commença à déboutonner son pantalon.


Garçon 3 : Et maintenant, tu vas te laisser faire ! Je vais te baiser telle la salope que tu es, sans avoir à te partager avec les deux idiots qui me servaient d'amis ! Ces connards ont vraiment cru que j'allais te ramoner après eux, les sots ! Ha ha !


Je voulais me taper la tête contre le mur jusqu'à ce qu'elle explose. Ce geste me semblait doux comparé à l'enfer qui m'attendais. Je serrais les dents et les poings en attendant la douloureuse pénétration.


Garçon 3 : Surtout t'as pas intérêt à crier, pense à ce qui arriverait à ta mère sinon ! Ha ha ha !


Je sentais ses doigts passer sous ma culotte. La mort aurait été un bien meilleur sort à cet instant précis. Dans un dernier élan d'espoir, je tournai mon visage vers mon agresseur et lui lançai un regard qui implorait sa miséricorde. Lorsqu'il vit mes yeux, il prit un air effrayé, dégoûté. Il me lâcha aussitôt et recula.


Garçon 3 : Mais... mais !


Il tremblait, tout comme sa voix. Il avait l'air totalement paniqué, déboussolé, et apeuré.


Garçon 3 : Ne t'approche plus jamais de moi ! Tu m'entends ?! Espèce de monstre !!


Il prit ses jambes à son cou et détala aussitôt. J'étais plantée là, seule, complètement perdue. Je me rhabillai doucement, les mains tremblantes, repassant en boucle ses paroles dans ma tête. Espèce de monstre... Un monstre ? Moi ? 

Je n'avais rien d'un monstre. J'étais une jeune femme ordinaire. Être fille de prostituée ne faisait pas de moi un monstre, ni une mauvaise personne.

Encore désorientée, je remontai la ruelle lentement, m'appuyant contre les murs pour m'aider à avancer. Je ramassai quelques mètres plus loin mon panier et poursuivis ma route, tremblante comme une feuille. Je remarquai des morceaux de verre brisés sur le sol. Je me penchai pour en prendre un : je n'étais plus sereine de marcher dans la rue seule et désarmée, un morceau de verre tranchant n'était donc pas un luxe. J'examinai ce couteau de fortune ; il était suffisamment coupant pour blesser un homme. Je m'apprêtais à le dissimuler sous mon jupon lorsque j'y remarquai mon reflet. J'avais l'air miséreuse. Je m'apitoyais sur mon sort lorsque je remarquai quelque chose d'inhabituel dans mon reflet : mes yeux. Ils étaient d'ordinaire d'un vert émeraude éclatant. Mais là, et je dus me pincer pour y croire, ils étaient dorés. Ils brillaient de mille feux, comme si plein de petits soleils brûlaient dans mon iris. Ils n'étaient pas naturels. Ils n'étaient pas... humains.

Je secouais la tête vivement, comme pour me réveiller, et regardai mon reflet à nouveau : mes yeux étaient redevenus normaux.

La Lune RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant