CHAPITRE 1

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1an plus tard.

Le réveil est difficile mais comme chaque matin je me lève rapidement et ouvre mon ordinateur. La première page qui apparaît sur l'écran est une page géographique me permettant de voir tous les moindres mouvement de Julien et de ses acolytes, tout ça grâce à une clé USB relié à son réseau en direct.
   - Vous êtes encore loin, parfait. Une bonne journée qui s'annonce.
Je ferme mon ordinateur et m'étire en baillant exagérément tout en allant vers la cuisine où je me sers une tasse de lait pour la mettre au micro-onde. Deux secondes avant je la remplis de chocolat en poudre et mélange la mixture pendant que j'allume la télévision. Le café n'a jamais été mon ami, je trouve le goût infâme et je suis une fan de chocolat il m'est donc impossible de commencer ma journée par du café. Le micro-onde sonne et je m'y précipite en faisant attention à la température de ma tasse en allant dans mon lit. Mon studio est assez petit mais largement suffisant pour moi seule, c'est dans un quartier tranquille assez reculé du centre ville et il n'est pas cher ce qui me permet de payer le loyer sans travailler juste en utilisant ce que j'avais volé à Julien un an auparavant. Il me doit bien ça, après tout ce que j'avais vécu à ses côtés, la seule chose qu'il peut bien m'offrir est une vraie vie, sachant qu'il ne me l'offrirait jamais de lui même, je m'étais moi-même servie. Je ne suis plus si sûre qu'il me cherche pour se venger maintenant, depuis que je me suis enfui il a juste tenté de me retrouver pendant quelques mois, après cela j'ai remarqué que ses mouvements étaient moins à l'affût, moins proches des miens et ça me rassure, car plus je m'éloigne de lui, plus je m'approche d'une vie simple mais avant ça j'ai mes habitudes et mes conditions pour me protéger. Les règles sont simples: payer tout en liquide, ne pas se montrer, éviter les conflits et surtout, le plus important, ne s'attacher à personne, ne se rapprocher de personne et n'aimer personne. Ce n'est pas compliqué sachant que je passe mes journées majoritairement chez moi ou alors au café d'en bas pour utiliser leur WIFI. Je ne parle même pas à mes voisins ou même mon propriétaire. J'ai tous les jours peur de devenir folle suite à cette solitude permanente mais finalement je m'y suis faite. L'habitude a fait de moi quelqu'un de sans coeur, je ne me sens même pas capable de sourire à un inconnu dans la rue, je dois éviter n'importe quel contact. Parfois je me sens seule, tout le temps même mais je n'ai pas le choix, c'est encore trop tôt pour reprendre une vie totalement normale.

Devant le miroir je remarque mes cernes. Je ne fais plus de cauchemars depuis quelques mois maintenant mais mon sommeil reste tout de même perturbé, le moindre bruit dans la rue me réveille dans la panique. Je suis à l'affût de n'importe quel événement qui peut se produire dans la journée et dans la nuit. Finalement ma vie n'est pas encore une vie puisque je ne dors pas, je ne sors pas, je ne parle à personne et c'est à peine si je pense. Il m'a tout pris et quand je laisse tomber le peignoir par terre tout en continuant à me scruter, ce sentiment s'amplifie. Il m'a littéralement tout prit, que ce soit matériel, relationnel ou mentalement, tout est à lui dorénavant et je me bats chaque jour pour tout récupérer. Les larmes montent vite mais je les essuient très vite. Je m'interdis souvent de pleurer à cause de lui, j'ai fais tant de chemin, je ne peux pas abandonner maintenant, c'est dur mais je ne suis plus très loin de l'objectif. Je sais que je peux être heureuse, il faut encore un peu d'effort tout simplement. Je secoue la tête pour extraire les mauvaises pensées et vais dans la douche, l'eau chaude ruisselle sur mon corps et ça me fait un bien fou. Je me savonne le corps tout en prenant les précautions nécessaire quand je passe au dessus de certaines marques encore douloureuses émotionnellement. Les pires sont celles sur mes bras et mes poignets. Que ce soit des marques ou des cicatrices elles sont maintenant permanentes et seront omniprésentes sur moi me rappelant chaque jour ce que j'ai pu endurer, et contre qui je me suis tant battu et contre qui je me bats encore. Je ne suis ni triste ni fière, je ne sais pas comment me sentir face à mon chaotique destin, j'espère juste chaque jour que tout ira mieux, que je finirais par être complètement heureuse et que j'arrêterais de regarder toujours au dessus de mon épaule.
Quand je sors de la douche je me sèche fructueusement et m'habille en vitesse. Malgré la météo d'aujourd'hui qui prévoit un temps ensoleillée j'ai prévu comme tout le temps de mettre un haut à manche longue afin de cacher aux autres ce que je ne veux pas voir moi-même, dans tous les cas je vais juste au café d'en bas où la clim est allumée constamment. Je sors enfin de la salle de bain et remplis mon sac à dos de mon ordinateur et d'un peu d'argent afin de pouvoir consommer et ne pas juste profiter de la WIFI gratuite. Lorsque je descend les marches de mon bâtiment je sens déjà l'air chaud de dehors et cette chaleur ne fait qu'augmenter quand je passe la grande porte rouge me menant à l'extérieur du bâtiment. Je marche quelques mètres et me retrouve face à la porte de mon café favori. Leurs prix sont raisonnables, les employés ne posent aucune question indiscrète malgré le fait que je passe mes journées là bas et en plus j'ai le code WIFI après avoir fait croire au patron que j'écrivais un futur Best Seller. En réalité j'écris simplement mon passé et j'écris des pages et des pages de sentiments cachés, inavoués ou bafoués. Comme un genre de journal intime mais en bien plus intime que juste raconter sa journée, chacune de mes émotions, sensations et sentiments y sont retranscris, ça me libère énormément et ça me permet de me comprendre car des fois je n'y arrive pas, je n'arrive pas à interpréter mes réactions. Les écrire me permet de les visualiser et de les anticiper pour la prochaine fois. J'ai toutes ces pages de sentiments depuis maintenant six mois, je sais que si un jour je meurs les gens comprendraient peut être et finalement je trouve ça pratique car la mort est la chose la moins compréhensible de ce monde. Naître pour mourir, où est l'intérêt certains pensent ? Moi je pense qu'on meurt pour renaître. Je suis morte il y a peu et j'essaye de renaître. Chaque opinion est différente. Chaque vision est différente mais la mienne je la comprend. Grâce à ces pages. Je rentre et m'installe à une petite table face à une fenêtre et près de la caisse, je sors mon ordinateur et met tout en place avant d'aller à la caisse me prendre un merveilleux chocolat liégeois ainsi qu'un muffin aux myrtilles. Je me réinstalle à nouveau à ma table tout en prenant une gorgée de ma délicieuse boisson et commence à regarder mon ordinateur passionnément. Je profite de leur excellente connexion pour télécharger quelques films et épisodes de séries pour les prochains jours. Je met mes écouteurs et au fur et à mesure il n'y a plus rien autour de moi, juste ma musique, mes sentiments et cette carte géographique me hantant régulièrement. Le temps défile, ma boisson se vide et mon muffin disparaît, je ne vois ni le temps ni les gens passer, je suis à fond dans mon monde et dans ces moments là il est dur de m'en retirer. Enfin c'est ce que je pensais quand finalement un grand brun décide d'être maladroit et de trébucher en renversant son café sur mon ordinateur faisant instinctivement éteindre l'écran. J'enlève mes écouteurs et me lève vivement en commençant à jurer.
   - Bordel de merde mais c'est pas vrai !
   - Oh mon dieu, je suis terriblement désolé, je me suis pris les pieds dans la chaise j'ai pas fais gaffe.
Je lève le regard et tombe nez à nez avec ce grand brun, son visage est extrêmement doux et sexy à la fois, sa peau a l'air douce et ses cheveux ont l'air de poussés en se bouclant naturellement et sa mâchoire est fraîchement rasé, je sens d'ici l'après rasage, une agréable odeur qui se mélange à son parfum envoûtant. Je secoue la tête.
   - Mon ordi est foutu comment je fais maintenant ?
Je me dépêche de prendre les quelques serviettes traînant à ma table et de les déposer sur le clavier afin qu'elles imbibent un maximum des dégâts.
   - Je suis désolé, je peux vous offrir votre prochaine boisson ?
   - Le prix de cette ordinateur ne vaut pas un café.
Il met sa main dans ses cheveux d'agacement, il sait qu'il est en tort et cherche un moyen de se rattraper, il a plutôt intérêt, j'ai besoin de cet ordinateur.
- Je peux l'amener chez un réparateur ! Les frais seront pour moi bien sûr.
Cet ordinateur est bien trop important pour moi et je ne peux clairement pas le laisser dans les mains de quiconque, et je ne l'accompagnerai certainement pas, je ne le connais pas.
- Laissez tomber.
Je me lève précipitamment et enlève les serviettes pleines de café de mon clavier avant de fermer l'ordinateur et de le ranger dans sa pochette.
- Je suis vraiment désolé, vous êtes sûre que je ne puisse rien faire pour arranger ça ?
- Vous n'êtes même pas fichu de marcher sans faire de conneries donc permettez moi de douter de n'importe laquelle de vos compétences.
Je glisse la pochette de mon ordinateur sous mon bras et le regarde une dernière fois. Il a un sourire malicieux, il n'a pas l'air habitué à ce qu'on lui rentre dedans. Je n'ai pas l'habitude non plus.
Je secoue la tête en le regardant et me dirige vers la sortie le plus rapidement possible. Je panique. Cet ordinateur est bien trop important pour moi, il raconte toutes les émotions refoulées que j'essaie encore de comprendre et d'apprivoiser, il me rappelle la force que j'ai eu de fuir mon passé et ces derniers temps, j'en ai besoin. Heureusement ce café se trouve à quelques mètres d'un vendeur de téléphone et d'ordinateur et je suppose donc qu'il peut me réparer tout ça. J'entre dans la boutique pressée et explique la situation. Par chance, l'homme face à moi s'y connaît et me promet qu'il sera réparer d'ici demain sans problème et qu'il faudra que j'aille le chercher. Sur le moment je veux dire à l'homme face à moi de le faire maintenant, qu'il doit se dépêcher, que je dois le récupérer mais les règles sont claires. Je respecte les règles à la lettre, c'est ce qui me permet de tenir. Malgré beaucoup d'appréhension suite à la durée de réparation, je hoche la tête et un soulagement rempli mon corps de savoir que tout ça est réparable. Mais il faut que je fasse attention, c'est également grâce à cet objet que je peux voir où mon passé se trouve.
Ce n'est même plus une question de besoin, c'est une question de vie ou de mort. Au sens premier.
Règle numéro 2: Ne pas paniquer bêtement.

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⏰ Dernière mise à jour : May 14, 2021 ⏰

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