CHAPITRE IX

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- Je n'ai aucun lieu où dormir, je lui avoue avec gêne.

Ce n'est pas très poli de s'inviter chez quelqu'un alors je sous-entends ma détresse. Je pourrai aller chez moi mais je veux laisser Madison seule et ne pas la déranger.

Je la regarde dans le blanc des yeux, appréhendant sa réponse. Elle affiche un sourire en coin et semble savoir où je veux en venir.

- Pourquoi tu ne dors pas chez Normani ? Demande-t-elle avec un air de défi.

Je me gratte la nuque en menant mon regard ailleurs. C'est vrai que je peux rentrer avec ma meilleure amie.

- Je rigole. Tu peux venir chez moi dans mon domaine ultra impressionnant, dit-elle ironiquement.

Je souffle de soulagement.

- Tu veux qu'on y aille maintenant ?

Je hoche la tête précipitamment. Je n'ai pas envie de retourner à l'intérieur pour me faire juger par tous.

- Avant, il faut que je prévienne Dinah, me dit-elle.

Elle marche en direction du manoir. Je décide tout de même de la suivre. Je prends mon courage à deux mains et suis ses pas. Je la rattrape et enlace nos doigts. Elle est surprise de ce geste affectueux. Je lui souris.

Nous entrons et tous les regards sont posés sur nous. Je me fais toute petite. J'ai soudainement encore plus honte. Certaines personnes ont l'air dégoûté et d'autres n'expriment rien. Un silence se met en place. Même la musique s'est arrêtée. C'est comme si je passais au ralenti devant eux, les yeux rivés sur nos personnes. Camila est devant et nous dirige vers le bar. Nous voyons Dinah discutant avec Ally. Les deux se tournent vers nous et nous sourient.

- Vous voilà ! Crie la grande blonde.

- On va rentrer, lui annonce Camila.

Elle affiche un sourire en coin en secouant ses sourcils de bas en haut. Nous levons les yeux au ciel.

- Cette soirée a été très mouvementée, rajoute Dinah. Tu vois, tu as bien fait de venir.

Camila se mord la lèvre, embarrassée. Je me penche à son oreille.

- Elle a raison ! Je lui chuchote.

Elle se tourne et me frappe gentiment à la tête en rigolant. Je passe mon bras sur ses épaules et la rapproche de mon corps. Je lui embrasse le front. Elle m'entoure la taille et pose sa joue contre ma poitrine.

- Vous êtes mignonnes, intervient Ally. J'ai toujours su que tu avais un faible pour Camila. Sache que je ne cautionne pas ce que tu as fait à Madison mais si tu es heureuse à présent avec ta nouvelle copine, je suis contente pour toi, termine-t-elle en souriant.

- Nous ne sommes pas encore ensemble. On prend notre temps, corrige Camila.

Elle a dit : pas encore. Je souris comme une débile. Elle songe à notre futur couple.

- Merci Ally, je dis finalement.

Je regarde Camila et d'un accord commun, nous décidons d'enfin partir. Nous saluons nos amies respectives et nous sortons main dans la main.

La pluie nous tombe dessus. Je mets ma veste que j'avais repris en entrant tout à l'heure sur nos tête. Mais nous n'avons pas songé au fait que nous n'avons pas de voiture. Je prends mon portable et appelle mon chauffeur. Il arrive dans dix minutes. Je vois un banc et je m'assois. Il est mouillé mais tant pis. Camila se pose sur mes genoux et le vêtement qui nous sert de parapluie toujours au dessus de nous. Mon front est contre sa tempe. Nous sommes très proches. C'est difficile pour moi de résister à l'envie de l'embrasser. Je la fixe intensément. Le monde s'est arrêté pour ma part. Je ne sais pas si j'ai conscience de savoir à quel point je l'aime. Comment j'ai pu raté toutes ces années sans elle ? Comment j'ai pu vivre ? Qu'est ce qui me retenait à la surface ? C'est triste de penser ça mais c'est la réalité. C'est un grand soulagement de ressentir autant d'allégresse aujourd'hui. Ça fait tellement longtemps. Tout ce qui était enfoui en moi ressurgit soudainement et je nage en plein bonheur. Je veux vivre cette joie sans cesse, sans que cela ne s'arrête. C'est tellement bon.

- Je suis si belle que ça ? Me demande-t-elle en remarquant mon admiration.

- Oui, tellement.

Elle rit nerveusement. Elle joue avec ses doigts. Elle n'a pas changé. Toujours aussi anxieuse pour tout et n'importe quoi. Ça me fait sourire.

- Lauren...

Elle lève les yeux vers moi.

- Pourquoi moi ?

Je réfléchis avant de dire :

- Tu m'as été vitale dès la seconde où je t'ai aperçu. A mes yeux, tu ne ressembles pas aux autres filles. Personne ne te surpasse. C'est peut-être insensé de dire ça mais pour mon coeur, il n'y a que toi qui compte. Je ne peux plus me passer de toi, même si je ne t'ai revu qu'à cette soirée. Je t'ai perdu beaucoup trop longtemps alors profitons au maximum du temps qu'ils nous restent.

Elle hoche la tête les larmes aux yeux. Elle passe sa main sur ma joue et la caresse. J'admire ses lèvres avec insistance.

- Embrasse moi ! Je lui supplie en chuchotant.

Son souffle se fait ressentir. Nos bouches se frôlent. Mon manteau est toujours sur nos têtes se qui nous plongent dans l'obscurité. Je ne peux plus attendre. J'enlève la proximité qui nous séparait et scelle nos lèvres. Des milliers de frissons montent à mon échine. C'est puissant. Ça n'a jamais été aussi fort. C'est magnifique. La douceur de notre baiser est fascinante et le plaisir qui se propage dans tout mon corps le rend plus majestueux. C'est incroyable comment cela m'avait manqué. Je ne me rappelais plus de cette sensation retentissante. Je crois bien que je ne peux pas mieux décrire ce moment de tendresse ultime.

Cela dure jusqu'à qu'une voiture klaxonne. Nous sursautons et nous nous retournons vers le véhicule. Je reconnais mon chauffeur. Je nous fais lever et nous courons pour nous réfugier au chaud. Nous nous installons et attachons notre ceinture. Camila donne l'adresse. Je remarque que nous allons dans les quartiers très modestes. Je n'y suis jamais allée. A l'époque, c'était toujours Camila qui venait chez moi. Elle ne m'avait jamais invité sûrement par peur de jugement et de honte.

Un bâillement se fait entendre. La fatigue est présente. Mes paupières se font lourdes mais je résiste. Je sens une pression sur mon épaule. Je tourne la tête et aperçois Camila les yeux clos avec un fin sourire sur les lèvres.

Je repense à cette soirée. C'est comme si on m'avait réconforté à la venue d'une personne que j'attends depuis des années. On m'a mit du baume au cœur aujourd'hui et j'espère sincèrement que ça continuera indéfiniment. Cet échange intime m'a redonné la force de continuer. Avec elle, rien n'est dur à surmonter. Je l'aime, c'est fou.

Another LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant