Les jours passaient et Hermione commençait à se faire à sa pauvre condition. Chaque matin elle se levait aux aurores, se lavait brièvement à l'eau glacée, enfilait sa robe et ses chaussures de la mort, puis descendait rejoindre Saku pour préparer le petit déjeuner de madame et monsieur. Madame se réveillait généralement assez tôt le matin, s'éclipsant à l'extérieur toute la journée pour revenir tard le soir, au diner. Pour être sincère, Hermione s'était attendue à bien pire de la part de la mégère. Certes elle aimait la houspiller, lui crier dessus, lui dire qu'elle était idiote incapable de se servir de ses dix doigts, il n'empêche qu'elle n'avait jamais la main sur elle, ce qui était très rare dans ce genre de maison pour une esclave.
Quant à monsieur, c'était une autre paire de manches, certes lui non plus ne l'avait jamais frappé, néanmoins il planait autour de lui une aura menaçante qui ne s'en allait jamais, même lorsqu'il ne pipait pas un seul mot de la journée. Encore aujourd'hui, elle avait bien du mal à reconnaitre en lui son ancien camarade d'école. Oui, la lionne ne l'avait jamais porté dans son cœur, cependant elle avait toujours pensé que ses mauvais choix dans la vie découlaient de l'influence qu'exerçait son père sur lui. Maintenant, elle devait réviser son jugement, car il était indéniable que Malefoy n'était plus le gamin froussard à la langue acérée qu'elle avait connu et à qui elle avait donné un formidable coup de poing. A présent, son expression était toujours fermée et il parlait peu, se contentant de donner quelques ordres de-ci de-là.
Néanmoins, une chose la perturbait réellement, le fait qu'il la demande toujours auprès de lui. La première fois qu'elle avait dû l'habiller, elle avait cru mourir de honte, s'agenouiller ainsi devant ce foutu Serpentard blond, devoir l'habiller, toucher son corps et surtout apercevoir sa saleté de marque des ténèbres, noire comme l'enfer. Cela avait été une horreur, cependant elle pensait que ce n'avait été qu'une lubie passagère, mais pas du tout. Chaque matin, elle devait le réveiller, l'aider à se préparer puis lui apporter son petit-déjeuner dans le salon. Ensuite elle attendait, patiemment, qu'il daigne lui adresser la parole pour lui demander de sortir. Certains jours, elle ne quittait presque pas la pièce, un meuble, voilà ce qu'elle était. Lui était tranquillement posé dans son foutu fauteuil, à bouquiner, écouter de la musique, jouer aux échecs alors qu'elle devait rester plantée non loin de lui, tel un lampadaire, attentive à la moindre de ses demandes. Au fond d'elle, Hermione était certaine que ça l'amusait de la garder à sa disposition, cela la renvoyait encore davantage à son pitoyable rang d'esclave. Et par Merlin, qu'est-ce que ça faisait enrager la Gryffondor.
Quand enfin elle avait le droit de le quitter, elle en profitait toujours pour se rendre devant la porte de l'entrée principale, la main sur la poignée, espérant idiotement qu'un jour la porte s'ouvre et lui permette de regagner sa liberté au lieu de la propulser plus loin, les fesses direction le sol. C'était son petit rituel, sa petite routine coutumière. Quelques fois, le soir, elle discutait avec Saku dans la cuisine, un verre de thé bouillant à la main, cherchant désespérément un peu de chaleur avant de regagner sa chambre froide. C'était le cas ce soir-là. Malefoy et sa gueuse s'étaient couchés plus tôt qu'à l'accoutumée, Hermione et Saku en profitaient pour prendre leur repas et papoter un petit peu, bien que Saku soit toujours mal à l'aise à l'idée de « se prélasser » alors qu'il y avait tant de choses à faire dans le manoir.
- Tenez Mademoiselle, mangez ! Le Maitre a demandé à Saku de bien vous nourrir, expliqua l'elfe en déposant une assiette bien remplie devant une Hermione éberluée.
- Le « maitre » t'a demandé de me nourrir ?
- Tout à fait ! Vous savez, je connais le Maitre depuis qu'il est né et il a toujours été un bon Maitre pour la petite Saku, chuchota-t-elle fièrement.Hermione ne pouvait qu'en douter, elle se souvenait très bien comment avait été traité le pauvre Dobby, cependant elle préféra ne rien dire à ce sujet, Saku pourrait le répéter à Malefoy et alors il commencerait à se douter de son identité. Cela lui manquait tellement de ne pouvoir se confier à personne. L'elfe de maison était certes gentille, mais pas fiable, étant donné qu'elle révérait Malefoy depuis toujours. Hermione était tellement fatiguée de toujours être sur ses gardes, de devoir tout le temps se méfier des personnes qu'elle devait servir. Le pire était le matin, quand elle devait habiller Malefoy alors qu'il était presque nu. Ses expériences passées lui avaient appris qu'il ne fallait jamais se retrouver seule et sans baguette en présence d'un ennemi masculin, surtout quand ce dernier était quasiment nu. Bien que jusqu'à présent, le Serpentard n'affichait constamment qu'une moue glaciale et inexpressive au possible, elle préférait éviter tout contact corporel avec lui, il ne fallait pas tenter le diable.
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Entre ces murs [Histoire ancienne - Terminée]
FanfictionLa guerre dure depuis des années et ne semble pas vouloir s'arrêter. Hermione, enfermée dans une prison d'esclaves et ayant perdu tout espoir, est achetée par une riche femme qui se trouve être l'épouse de Drago Malefoy. Mais l'homme ne ressemble pl...