8.Le couloir

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La haine, le mépris, le dégout, la colère, la rage... Toutes ces émotions tourbillonnaient en elle mais celle qui prédominait était la déception. Et bon sang, qu'est-ce qu'elle avait honte de se l'avouer, hélas c'était bien le cas. Déçue de Malefoy, déçue qu'il ne l'ait pas aidé alors qu'elle allait se faire violer sous ses yeux, déçu qu'il ne soit même pas venu s'enquérir de son état après l'agression et tellement déçue d'elle-même. Comment avait-elle pu nourrir un quelconque espoir le concernant ? Il n'était que froideur et rancœur, rien de bon ne pouvait naitre en lui. Drago Malefoy était un Mangemort, jamais elle ne devait oublier ce fait. Et merde, il l'avait tellement fait souffrir depuis qu'elle vivait ici, n'avait-elle donc plus aucune fierté pour oser le supplier ? Lui ? Cet être infâme !

Tu tournes en rond ma pauvre fille, tu te jures de t'éloigner de son aura maléfique puis tu attends de lui qu'il te protège. Tu le détestes un jour et tu te sens attiré par lui un autre jour..., ronchonne sa Peur.

Jamais ! Au grand jamais elle n'avait été attirée par cet homme, au mieux elle avait ressenti une certaine curiosité sur sa personne mais c'était tout. Il était intriguant et charismatique, c'était indéniable, mais il n'en restait pas moins calculateur et sournois. Pour une fois, sa Peur se trompait, elle le détestait, point. Et ce sentiment n'avait fait que s'accroitre au fil des jours depuis l'agression dans la cave il y a de ça quelques semaines. A ses yeux, son « maitre » était resté le même, quoique encore moins bavard qu'à l'accoutumée, il ne la rabrouait plus et ne lui demandait plus de l'habiller. A vrai dire, son rythme de vie ressemblait à ses premiers jours passés dans le manoir, avec un Serpentard absent et l'ignorant totalement. Quant à son épouse, alors elle, elle semblait s'être volatilisée. Hermione ne la croisait presque plus. La dame s'en allait tôt le matin et rentrait très tard le soir, peu encline à passer du temps avec son mari. Soit, c'était leur problème, la Gryffondor s'en lavait les mains.

Désormais, sa Peur paraissait perdre du terrain, c'était étrange mais depuis sa mésaventure avec les deux hommes dans cette horrible pièce sombre, plus rien n'avait d'importance à ses yeux. A présent elle se montrait moins consciencieuse dans son travail, ce qui chagrinait Saku qui devait passer derrière elle pour que tout soit impeccable. Hermione aurait dû s'en soucier mais même sa crainte de voir l'elfe de maison se faire punir à sa place avait plus ou moins disparu. Après tout, pourquoi tout le temps se soucier de tout le monde ? Si jamais elle avait été battue et violée dans cette cave, est-ce que Saku l'aurait secouru ? Certainement pas ! Oui, elle devenait de plus en plus aigrie. Au fond d'elle, la lionne savait pertinemment qu'on ne pouvait demander à une elfe de maison de se révolter contre son maitre, mais merde, Hermione en avait assez de devoir rester juste alors que ce monde était injuste et pourri jusqu'à la moelle. Alors oui, étrangement, elle ressentait de moins en moins cette angoisse latente, bien que son malaise en présence du Serpentard, lui, soit resté intact.

La journée défilait lentement comme toujours, Hermione nettoyait le sol du grand hall pendant que Saku s'activait dans la cuisine. C'est alors que la porte d'entrée s'ouvrit avec fracas laissant apparaitre le « maitre » des lieux qui pénétra dans le manoir d'une démarche ferme et véloce avant de rapidement gagner les escaliers, sans même un regard pour son esclave, la mine contrariée. Depuis quelques temps, Malefoy passait toutes ces journées dehors et revenait l'humeur encore plus maussade que d'habitude, s'enfermant dans son salon fétiche sans rien avaler. A défaut d'en être inquiète, Hermione était curieuse. Sa curiosité, ça, personne ne la lui enlèverait, c'était certain. Du coin de l'œil elle aperçut Saku se précipiter à la suite de l'homme blond, un plateau repas entre les mains.

- Saku ! Attends ! s'écria Hermione en s'approchant hâtivement de la petite créature.
- Oui Mademoiselle ? s'enquit-elle.
- J'ai fini de nettoyer le sol alors que tu as encore beaucoup de travail. Laisse-moi lui amener ce plat à ta place.

Entre ces murs [Histoire ancienne - Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant