La dernière Héritière, tome 1 [SOUS CONTRAT D'EDITION]

Chapitre 2

Pour tout adolescent, la majorité était source d'excitation. Passer enfin à l'âge adulte. Avoir des responsabilités. Être considéré comme un grand. Passer son permis de conduire. Mais pas pour Lexy qui, elle, était adulte depuis déjà bien longtemps maintenant. Elle avait appris avant les autres jeunes de son âge à être responsable, à faire attention et à vivre seule.

Elle avait « fêté » ses dix-huit ans, seule, enfin presque. Mark était toujours là, près d'elle, la surveillant et s'inquiétant sans cesse pour elle. Lui aussi s'était battu contre sa protégée, du moins contre la froideur qu'elle laissait volontiers apparaître pour qu'on ne l'approche pas. Elle avait tellement changé depuis le meurtre de ses parents. La petite fille douce et joyeuse était devenue une jeune femme fermée et distante.

Ils avaient passé la journée ensemble. Il s'était occupé d'elle, car c'était sa journée. Il avait commencé par lui apporter son petit-déjeuner au lit. Une tasse de café noir, deux sucres, des petits gâteaux à la fraise, une poignée de fruits secs ainsi qu'un grand verre de jus d'orange.

Il lui avait donné le temps d'émerger de son sommeil. Il savait que la jeune femme n'était jamais de bonne humeur au réveil. Pour lui parler, il fallait attendre qu'elle ait bu son café et qu'elle se soit douchée. Il l'avait donc laissée seule après lui avoir remonté le journal du matin.

Elle l'avait rejoint deux heures plus tard, rassasiée, lavée et habillée. Dire qu'elle était de bonne humeur ce jour-là aurait été une exagération, mais au moins elle parla. Et elle ne s'adressa à lui que pour une chose : avoir des réponses à ses questions.

Son père adoptif avait redouté ce jour. Il avait longuement réfléchi à ce que ses défunts amis auraient souhaité pour elle, qu'auraient-ils réellement voulu lui dire ? Parce que des choses, il en savait, mais il estimait devoir en cacher une partie à sa protégée. Ce qu'il avait à lui dire, du moins les grandes lignes, allait déjà être assez dur à avaler et il voulait tellement l'épargner, la protéger de tout.

Lexy avait pu lui poser ses questions, du moins celles qu'elle avait gardées en tête. Parce que la vie avait continué depuis le meurtre de ses parents.

Et le temps avait effectivement fait son œuvre. Les rancœurs s'étaient estompées, comme l'absence et la peine, laissant plus de place à la résignation. Sa colère, par contre, était toujours enfouie au fond d'elle-même, tapie comme un démon dans le noir, prête à surgir. Mais ce jour-là, elle avait eu quelques réponses. Et les révélations que Mark lui avait faites l'avaient plus que troublée.

— Tes parents sont morts pour te protéger. Tu es spéciale, Lex. Tu as des dons.

— Je ne comprends rien, répondit-elle une fois de plus, complètement perturbée.

La jeune femme ne cessait de se demander si elle rêvait, si tout cela n'était qu'une blague. Mark lui avait raconté une histoire complètement fantasque pour résumer tout ce qu'il s'était passé dans sa vie, et elle n'y comprenait rien. Comment pouvait-on réellement débiter ce genre de fables et rester sérieux ?

Il avait commencé par lui apprendre que, dans le monde, se dissimulaient des Forces que seuls certains humains pouvaient voir et comprendre. Il lui avait ensuite vaguement parlé d'Obscuranti, une espèce de sorciers noirs, de puissances maléfiques, de Mages et de pouvoirs magiques !

Elle qui avait toujours pensé que son mentor était trop cartésien pour croire à ce genre de choses !

— Tu ne penses pas sincèrement que je vais croire ça, Mark ? reprit-elle.

— Lex, tu ne comprends pas. Tout ça n'a rien d'une blague ! Écoute-moi. Tes dons sont uniques. Personne ne doit savoir qui tu es ni les pouvoirs que tu possèdes.