La dernière Héritière, tome 1 [SOUS CONTRAT D'EDITION]

Chapitre 3

Le bras tendu, sans même regarder où se posait sa main, Lexy éteignit son réveil. Elle n'avait jamais été du matin. La tête enfouie dans son traversin, elle grommela... Enfin, cela ressemblait plus à une supplication. Un grognement sourd, étouffé par le coussin, mais empreint de lassitude, déjà fatiguée à l'idée de se lever.

Elle s'était couchée tard, enfin tôt ce matin, comme toujours. Elle avait dû dormir quatre heures en tout et pour tout, en prenant en compte ses réveils nocturnes et cauchemars. Il était tout juste six heures, le soleil se levait à peine et une douce lueur dorée commençait à filtrer à travers les volets fermés.

Son organisme s'était finalement habitué à ces courtes nuits, entrecoupées de réveils plus ou moins brutaux. À cause de ses cauchemars, il lui arrivait de se réveiller en travers du lit, la tête en bas, et même à terre lors de ses nuits les plus compliquées.

Le soir, pour elle, était devenu un moment difficile. Elle angoissait à l'idée de s'endormir, craignant ses rêves comme ses cauchemars. Elle retardait l'heure de son coucher au maximum, et ne s'endormait que d'épuisement.

Elle s'assit sur le bord du lit et se frotta le visage avec ses mains. Elle ouvrit enfin les yeux et vit le doux soleil de cette fin de printemps donner une ambiance tamisée à sa chambre. Le décor lui paraissait presque serein, en opposition totale avec la noirceur de ses songes.

Elle sortit du lit et se dirigea vers sa petite cuisine pour allumer la cafetière. L'or noir nécessaire à l'achèvement de son réveil coulerait tranquillement pendant qu'elle irait se laver. Chaque instant passé chez elle était comme autant de rituels pour maintenir le calme dans sa tête. Le matin, elle se levait, préparait son café pendant qu'elle se douchait et ensuite, elle buvait la boisson chaude tout en lisant les nouvelles du jour sur son ordinateur.

Durant la journée, elle suivait des cours à l'université de Montpellier. Après plusieurs années d'inactivité, elle avait finalement décidé de reprendre ses études. Elle était en licence de STAPS plus pour ne pas rester seule à s'ennuyer chez elle que par vocation. Cette formation sportive cependant lui correspondait totalement.

Elle avait toujours fait beaucoup de sport. Plus encore grâce à ses études. Elle avait besoin d'évacuer toutes les mauvaises ondes qui gravitaient dans sa tête à longueur de journée. Elle entretenait son corps et cela lui évitait de trop penser. Associé à ses petites habitudes du matin et du soir, elle réussissait à maintenir une certaine forme de sérénité intérieure.

Le soir, lorsque sa journée s'achevait et qu'elle rentrait, elle se faisait couler un bain, accompagné alternativement d'une bière ou d'un verre de vin, pour détendre son corps avant de se préparer à manger. Puis, elle dînait et restait devant la télé jusqu'à ce que le sommeil la gagne.

Ce matin-là, la douche brûlante déposa de la buée sur les vitres de la salle de bains. Elle se lava les cheveux et des senteurs de vanille se répandirent dans la pièce. Des parfums doux et délicats qui la calmaient et lui rappelaient la légère fragrance que portait sa mère. Elle resta immobile sous le jet d'eau, les yeux fermés, les mains posées sur la faïence, durant de longues minutes, histoire de laisser à son esprit encore embrumé le temps d'émerger.

Une fois sortie de la douche, séchée et habillée, elle alluma sa chaîne hi-fi dans le grand salon, et une mélodie discrète se répandit dans son appartement. Elle se servit une tasse de café fumant dont les effluves se mêlaient à celles, vanillées, de son parfum. Elle s'assit sur son canapé et alluma son ordinateur afin de se prêter à son rituel matinal.

Une demi-heure plus tard, elle arriva à l'université. Un endroit grouillant de monde, d'étudiants, de professeurs. Un endroit, pour elle, propice à certaines anxiétés. Son passé lui provoquait des angoisses, car l'inconnu qui s'en était pris à sa famille pouvait être n'importe qui et n'importe où. Elle n'aimait pas les lieux bondés.