- Il n'est pas encore prêt ! s'écria-t-il.
Il avait beau faire de grands gestes dans tous les sens en faisant les cent pas et s'arracher les cheveux, le chercheur savait qu'ils n'avaient pas d'autres solutions. L'autre homme, assis dans son énorme fauteuil et relié à une batterie de fils et de tuyaux, ne répondit rien. Il faisait confiance au bon sens du scientifique pour ne pas avoir à élever la voix.
- On pourrait l'envoyer dans un autre labo en attendant que...
- Je ne peux pas le confier à quelqu'un d'autre qu'à toi, et je t'ai assigné d'autres tâches, l'interrompit l'homme assis.
Le chercheur tomba à genoux au milieu de la pièce. Celui assis avait beau lui vouer beaucoup de respect, son côté drama queen l'avait toujours dérangé.
- Il est mon chef d'œuvre, je ne peux pas le laisser filer ainsi dans la nature, murmura l'autre d'une voix découragée, en prenant son visage entre ses mains. Il vient à peine de se réveiller et ne peut même pas encore parler !
L'homme branché à des machines comprit que son interlocuteur avait besoin qu'on le rassure, et prit alors son mal en patience.
- Il a montré des signes très encourageants jusqu'à maintenant, et s'est très bien adapté. Peut-être que le réinsérer dans un cadre de vie ordinaire dès à présent lui permettra de mieux se développer. C'est vous-même qui disiez que le plus tôt sera le mieux.
- Oui mais, je ne pensais pas à une date si proche... fit le savant. (On entendait dans sa voix qu'il se résignait petit à petit, en intégrant l'idée du départ de son projet.) Est-ce que je pourrais garder contact avec lui ? Pour surveiller son développement, bien-sûr.
L'autre homme l'observa d'un air suspicieux, il n'était pas dupe.
- Je garderais contact avec lui et on m'écrira des rapports hebdomadaires sur son état, vous n'aurez pas besoin de continuer à être mis au courant.
- Mais, c'est mon projet ! C'est moi qui me suis chargé de tout et qui ai jour après jour prêté attention à chaque détail de sa situation pour le maintenir en vie !
Ils s'échangèrent un regard courroucé, l'un et l'autre restaient campés sur leurs positions.
- J'ai peur que vous preniez son cas un peu trop à cœur, mon cher ; n'oubliez pas où est votre place. De plus, être trop intrusif serait contre-productif, vous savez aussi bien que moi qu'il ne faut pas qu'il soit influencé de quelque manière qu'il soit.
- Les personnes chez qui vous allez l'envoyer ne seront pas assez attentives et finiront par le faire ! Il a besoin d'un environnement stable et stérile, il est aussi malléable que de la glaise ! s'emporta l'autre.
Sa patience avait été largement entamée, mais l'homme assis prit deux profondes inspirations pour se calmer. Depuis le temps qu'il était en vie, il avait appris à se maîtriser. Et puis après tout, le scientifique n'avait vécu pendant trois longues années que pour ce projet, lui dédiant chacune de ses journées.
- Nous avions convenu que l'enfermer empêcherait son esprit de se développer correctement, qu'il avait besoin d'être confronté à la vie et à ses aléas. Je n'ai besoin pas d'un robot, mais bien d'un être doué de pensées, sinon je me serais abstenu de tout ce cirque.
Arrivé à court d'arguments, l'homme toujours à terre se tu, conscient d'être dans une impasse. Il se résigna enfin à jouer avec le feu et repris sa place.
- Combien de temps me reste-t-il ? fit-il, désespéré.
- Le destin est en marche, les évènements vont s'enclencher dans très peu de temps. Je dirais quelques jours, une semaine au maximum.
Une semaine. Il n'avait pas de temps à perdre, il lui restait tant de choses à accomplir. Il se mit à marmonner des propos incompréhensibles à propos de ses « projets ».
« Il a redémarré, constata l'homme dans son fauteuil. »
Il restait à ce dernier beaucoup de choses à faire. Il fit tourner sa chaise sur elle-même jusqu'à arriver en face d'une console. D'ici, il pouvait observer à loisir son protégé. De nouveaux vilains l'avaient récemment rejoint, c'était une bonne chose : il aurait besoin d'alliés. Il héla le barman qui répondit immédiatement.
- Dans une semaine, le joker entrera en scène, fit-il.
Même si on ne pouvait le voir, du fait de son apparence vaporeuse, le barman était réellement surpris. Lui comme tous les autres entendaient régulièrement parler de ce fameux joker. Sa présence régnait comme un mythe au-dessus de la ligue des vilains.
- Doit-on préparer quelque chose de spécial pour son arrivée ? répondit-il avec tout le professionnalisme dont il était capable.
- Oui, son état ne nécessite pas un confort particulier, mais une grande attention de votre part.
- C'est-à-dire ? demanda le barman après un petit silence.
- Il est actuellement très fragile mentalement, et aura besoin d'assistance. Ne vous inquiétez pas, il apprend très vite.
Le barman restait stoïque : allaient-ils accueillir un chaton qu'il faudrait dresser ?
- Pensez-vous que nous serons capable de faire ceci ? J'ai l'impression qu'il nécessite une attention particulière que nous ne sommes pas en mesure de lui offrir.
- Il faudra bien, répondit l'homme d'un ton sans appel. Prêtez une attention toute particulière à le laisser faire ses propres choix et à ne pas l'influencer.
- Bien, fit le barman en s'inclinant. Je m'assurerais de faire passer le mot.
Et il s'éloigna.
« Il faut que ça marche, je n'ai pas d'autres choix ! s'exclama mentalement l'homme branché à des tuyaux.
Il détestait ne pas contrôler tout ce qui l'entourait, mais cette fois-ci, tout dépendait du garçon et de son impact sur son entourage.
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Voilà le premier chapitre de mon livre ! Il fait 983 mots, les prochains seront un peu plus longs.
En espérant qu'il vous plaise :)
A la prochaine !
_avaleonne_
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beware (mha français)
FanfictionAprès la victoire de All Might sur All For One, cinq adolescents restent bien loin de toutes les festivités. Ils ont vu quelque chose. Quelque chose qui n'annonce rien de bien. Quelque chose qu'ils n'arrivent pas à comprendre. Quelque chose qu'ils s...