4.

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Son regard s'assombrit légèrement mais pas pour les raisons que j'avais en tête.

« Il t'a fait quelque chose ?
- On va dire que ce n'est pas un ange avec moi quand on se croise au lycée. Tu sais comment il est quand il est avec sa bande de copains, sourit-elle tristement. »

Si je ne risquais pas de nous noyer toutes les deux, je l'aurais prise dans mes bras.

« Avec tout le respect que je dois à sa mère, Tran n'a jamais être plus qu'un énorme fils de pute. Je suis désolée s'il t'a fait du mal, que ce soit physiquement ou mentalement. Je peux te jurer que je le laisserai plus jamais recommencer, jurai-je sincèrement. Puis, entre nous, il a toujours eu un peu peur de moi, ris-je. »

Elle rit à son tour, m'autorisant de nouveau à entendre cette mélodie si délicieusement plaisante.

« Tu l'as déjà fait tu sais.
- De ?
- Tu l'as déjà empêché de me blesser, son sourire s'élargit légèrement.
- J'ai fait ça ?
- Tu lui as dit quelque chose comme "si tu touches à un seul de ses cheveux je vais t'enfoncer ton petit sourire arrogant si fort que tu pourras le goûter", rit-elle de plus nouveau. »

Je me joignis à son hilarité. Ça ressemblait bien à quelque chose que j'aurais pu dire. Son regard se bloqua dans le mien alors que son rire s'étouffait dans sa gorge, laissant place à ce silence devenu si familier. Je me rapprochais d'elle, posant délicatement ma main sur sa joue de peur de la casser. Elle semblait si fragile.

« Dis-moi Maya, est-ce que je peux t'embrasser ? murmurai-je.
- J'attendais que tu me le demandes, murmura-t-elle à son tour. »

Alors, je posais mes lèvres sur les siennes. Elles avaient un léger goût sucré, presque comme une cerise bien mûre. Elle mordilla timidement ma lèvre, réveillant les papillons endormis dans le bas de mon ventre.
Elle finit par s'écarter, le souffle court. Un léger sourire ornait ses lèvres alors que je fermais les yeux, submergée par une vague d'émotions toutes plus intenses les unes que les autres.

« Tu es ensorcelante, Maya, dis-je dans un souffle. »

Elle me répondit par un clin d'œil puis commença à nager vers le rivage. Je n'avais pas remarqué que nous nous étions éloignées. Je la suivais, le cœur battant la chamade. Un coin de ma tête me disait que c'était mal, que je n'aurais pas du l'embrasser mais mes pensées furent vite chassées quand elle se retourna vers moi :

« Bah alors, tu ne viens pas ?
- J'arrive, dis-je en la rattrapant. »

Nous sortîmes de l'eau. Son ensemble pastel ressortait avidement sur sa peau sombre. Ses cheveux dégoulinaient sur ses épaules tandis que ses lèvres m'offraient un sourire sincère. Putain, quel beau jour pour aimer les femmes.

« Quelle bonne idée de se baigner le dernier jour d'octobre, marmonnai-je, grelotante. »

Sans doute pour me réchauffer, elle entoura mes épaules de ses bras et m'entraîna dans une étreinte. Je tentais vainement de ne pas penser à la proximité de nos deux corps presque nus. Je détestais être une adolescente pleine d'hormones.

« Merci, dit-elle simplement. »

Ses lèvres se posèrent sur ma joue, envoyant un frisson parcourir le reste de mon corps.

« Tu devrais remettre tes vêtements si tu as froid, me sourit-elle. »

Je laissais échapper un rire. Ce qu'elle pouvait être mignonne. Je suivis tout de même son conseil, remettant mon t-shirt et essorant mes cheveux. Elle enfila sa robe et abandonna bien vite son combat contre ses cheveux.

« J'ai passé des heures à me lisser des cheveux, marmonna-t-elle, mécontente.
- Tu es toute aussi jolie avec tes cheveux naturels.
- Oui, mais je suis noire alors je n'ai pas vraiment le choix que de m'accommoder aux standards de beauté occidentaux, cracha-t-elle. »

Elle poussa un long soupir, presque douloureux.

« Je suis désolée, reprit-elle. C'est difficile pour quelqu'un comme moi dans une aussi petite ville.
- Tu n'as pas à t'excuser, m'offusquai-je presque. Je ne pourrai jamais ne serait-ce que commencer à imaginer ce que tu vis. Je suis consciente de mes privilèges dans ce monde pourri. Tout ce que je peux te dire c'est d'être fière de qui tu es et s'ils trouvent quelque chose à redire, ils n'ont qu'à aller se faire foutre. Je ne crois pas que le big guy là-haut soit vraiment d'accord avec leur racisme permanent. »

Ses lèvres vinrent brusquement s'écraser sur les miennes. Ce baiser était plus passionné, moins doux. Elle glissa une main dans mes cheveux, les tirant légèrement. Mes mains se glissèrent au creux de ses hanches, la collant doucement contre moi. Elle était légèrement plus petite, ce qui l'obligeait à lever la tête pour m'embrasser.
Elle mit fin à notre étreinte, haletante.

« Maintenant, dit-elle.
- Maintenant ? répétai-je.
- C'est maintenant que je réalise que ça fait des mois que je suis follement amoureuse de toi, Elyn Bennet. »







FIN.

Maya Où les histoires vivent. Découvrez maintenant