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i don't know who she is

« Nos familles s'adoraient. Elle passait sa vie chez moi, je passais la mienne chez elle. On est partie en vacances ensemble, deux fois. Elle me disait que j'étais la meilleure amie qu'elle n'avait jamais eu mais je voyais bien qu'elle ne me traitait pas comme ses autres copines. Notre relation était.. différente.
- Quand est-ce que tu as su que t'étais amoureuse d'elle ? »

Ça question me prit par surprise, je ne m'attendais pas à ce qu'elle en pose du tout.
Il me fallut tout de même un peu de temps pour trouver la réponse.

« Je pense que c'est le jour où je l'ai vue parler devant le lycée entier pour défendre ses idées. Elle semblait si.. confiante, si sûre d'elle. Elle dégageait quelque chose de si fort.. c'est là que j'ai su que j'étais purement et profondément amoureuse d'elle.
- Elle semble fantastique, commenta Maya.
- Elle l'était.
- Tu n'es pas obligée de continuer tu sais, ne te forces pas si tu n'en as pas la force, sourit-elle timidement. »

Je posais mes yeux humide sur elle. Bon sang, comment n'avais-je pas pu la remarquer plus tôt ? Tout en elle était incroyable.

« Ça va, t'en fais pas. Je pris une inspiration. Quelques semaines après, elle m'a embrassée pour la première fois. J'étais si heureuse de voir que mes sentiments n'étaient pas à sens unique. Mais j'avais peur aussi, peur de ce que je ressentais, peur de ce qu'on vivait. Elle m'a rassurée et m'a dit que tant qu'on en parlerait a personne, tout irait bien. Alors je l'ai crue. On a vécu le parfait amour pendant quoi, trois, quatre mois ? Avant qu'elle ne commence à s'éloigner de lui. Je voyais bien que quelque chose avait changé mais je ne voulais pas y penser. C'était égoïste de ma part mais je voulais que cette petite bulle d'amour dure toute ma vie car, pour une fois, je me sentais bien, je me sentais à ma place. »

La main de Maya vint trouver la mienne. Elle ne me regardait pas, les yeux toujours portés sur les étoiles étrangement bien visibles.

« J'ai appris peu de temps avant la fin des cours que son père avait découvert notre relation secrète. On s'était retrouvées derrière l'église, à notre endroit habituel, et il l'avait suivie pour voir où sa fille disparaissait si souvent. Il avait attendu qu'elle rentre pour la menacer de mort et la prévenir qu'ils partaient aussi tôt l'année scolaire terminée, murmurai-je dans un sanglot. Nous étions derrière le lycée, au niveau des salles de Chimie où personne ne met plus les pieds. Elle m'a embrassée pour la dernière fois avant de tourner les talons. C'est la dernière fois que je l'ai vue, j'inspirais un grand coup. Le lendemain, toute la ville était au courant. »

Elle ne réagit pas tout de suite, sûrement le temps d'assimiler ce que je venais de lui dire. Elle ne prit pas la parole mais serra ma main, à presque m'en faire mal. Mais je n'ouvris pas la bouche. J'en avais besoin. Parler d'Elizabeth avait fait ressurgir beaucoup d'émotions enfouies depuis bien trop longtemps.

    Je ne sais pas combien de temps nous sommes restées ainsi, main dans la main. Seul le bruit des vaguelettes venait perturber le calme rassurant qui s'était installé entre nous. Mon regard ne l'avait pas quittée une seule seconde tandis que ses yeux à elle n'osaient pas rencontrer les miens.
Soudain, elle se leva. Sa main quitta la mienne, emportant avec elle cette chaleur trop addictive.

« Qu'est-ce que tu fais ? demandai-je. »

Mes sourcils se froncèrent quand elle enleva ses chaussures.

« Baigne-toi avec moi, dit-elle simplement.
- Pardon ?
- Viens te baigner, je suis sûre que l'eau est encore bonne. »

Elle déboutonna ensuite sa robe, me forçant à détourner les yeux. Je sentis mes joues se réchauffer. Putain, quel beau jour pour aimer les femmes.

« Rhabille-toi tu vas attraper froid, grognai-je.
- Tu peux me regarder tu sais, m'ignora-t-elle. »

Je gardais tout de même mon regard sur l'eau. Je l'entendis rire avant d'entendre un plouf.

« T'es complètement malade ! criai-je en l'observant doucement remonter à la surface.
- Allez viens, elle est bonne. »

Je soupirai et me déshabillai à mon tour. Je m'assis finalement sur le bord du ponton, mes orteils frôlant l'eau. Sa main saisit ma cheville et me tira brusquement dans l'eau.

« Mon mascara ! me plaignis-je une fois revenue à la surface. »

Elle essuya les traces noires présentes sur mes joues pâles d'un coup de pouce avant de me sourire. Ses cheveux reprenaient leur texture naturelle, les effets du lissage se dissipant peu à peu.

« T'es belle, murmurai-je.
- Tu l'as déjà dit, sourit-elle.
- J'aime bien me répéter.
- C'est les vieux qui radotent normalement.
- Qui te dis que je ne suis pas vieille ?
- Le fait qu'on soit en littérature ensemble.
- Oui mais qui te dis que je ne suis pas une sorte de créature immortelle ?
- Comme un vampire ? rit-elle.
- Exactement comme un vampire. Tu as devant toi la plus ancienne membre de la famille des Cullen !
- Cullen ? demanda-t-elle les sourcils froncés.
- Tu ne connais pas les Cullen ? m'étonnai-je en nageant vers elle. »

Elle secoua la tête.

« Mais qu'est-ce que tu lis ?
- De la vraie littérature, pour enrichir ma culture.
- Et qu'est-ce que tu fais de ta culture geek ? m'offusquai-je. Rassures-moi, tu as lu Harry Potter ?
- Non, répondit-elle timidement.
- Quelle honte ! »

Pour me faire taire, elle me coula. Offusquée, je l'entraînais avec moi. Elle rit de plus belle, manquant de s'étouffer avec l'eau qui nous entourait.

« Tu sais, je ne crois pas ce soit très légal de se baigner dans un lac privé sans autorisation du propriétaire, dis-je après quelques secondes.
- Je ne pense pas que le propriétaire comme tu dis soit en état de nous dire quoique ce soit. Je doute même qu'il connaisse l'existence de ce ponton.
- Tu es déjà venue ici ?
- Parfois, avec Maman, nous venons déjeuner avec sa mère. C'est une femme très gentille, contrairement à son fils. »

Maya Où les histoires vivent. Découvrez maintenant