Le réveil de Iolanda sonna et Tarik eut envie de jeter son portable par la fenêtre. Qui programmait encore une heure pour se lever ? En plus, elle n'avait vraiment pas besoin de le faire. Ainsi, pour changer de ses habitudes, il grogna et se retourna dans le lit de sa femme.
Heureusement, Iolanda éteignit rapidement la sonnerie mais hésita à se lever ou se caler contre le dos de son homme. Tarik se tâtait toujours entre se rendormir ou la serrer contre lui. Cette nuit, leur corps, leur esprit et surtout leur âme avaient fusionnés. Ils s'étaient retrouvés comme s'ils ne s'étaient en réalité jamais quittés et notamment avec cette saveur qu'ils semblaient se connaître depuis l'aube de l'humanité.
Le rituel matinal de Iolanda consistait à prendre le temps de s'éveiller, généralement en restant un quart d'heure dans son lit avant de définitivement se lever. Elle en profitait pour d'abord boire une longue gorgée d'eau pétillante, avaler ses médicaments et ensuite saisir son portable pour s'informer de l'actualité.
Lorsque Iolanda écouta le souffle de Tarik qui était redevenu régulier - et qui constituait la preuve irréfutable qu'il voulait profiter de cette matinée pour se reposer -, elle se permit de se rapprocher de lui. Contre son dos, elle se sentait bien puisque le corps de son homme était chaud. Du bout de ses doigts aux ongles temporairement rongés jusqu'aux peaux, elle effleura en premier lieu les épaules musclées afin de progressivement descendre le long de sa colonne vertébrale. Elle affichait malgré elle un sourire qui, si cela avait été physiquement possible, s'étendait jusqu'à ses oreilles.
Tarik se réveillait doucement. Il sentait la peau de Iolanda contre la sienne et ne put attendre davantage avant de reculer son bras pour saisir sa taille pour davantage la rapprocher de lui. Elle frissonna et cette réaction physique d'autant plus intentionnelle donna envie à son homme de se retourner brusquement vers elle. Elle était belle. Au naturel, avec ses petits yeux pétillants et amoureux tandis qu'il portait malgré lui une coupe de cheveux désordonnée. Ils se regardèrent, se dévisagèrent, leur souffle concordant. Ils étaient heureux, calmes et libres. Que la mif.
Aucun des deux n'osa briser ce silence si caractéristique aux lendemains de retrouvailles amoureuses. Iolanda et Tarik s'aimaient et ce matin allait incontestablement être l'un des plus beaux de leur vie.
En remarquant que Iolanda était devenue sa femme, le cœur de Tarik s'emballa. Ce dernier cognait si fort contre son torse qu'il redoutait qu'elle ne l'entende. À présent, et surtout pour l'éternité, elle était sienne. Cela ne pouvait être autrement. Donc, afin de lui prouver tout l'attachement et l'affection qu'il ressentait envers elle, il l'embrassa sur le front. Puis, de nature tactile et câline, elle passa ses bras sur son buste pour l'enlacer.
Iolanda et Tarik restèrent liés un moment, jusqu'à ce qu'elle se redresse et gratte son cuir chevelu. Les gars avaient vraiment serré les tresses fortement et son crâne n'étant pas habitué à ses coiffures, les racines présentaient quelques plaques de rougeur. Elle se tourna donc vers sa table de nuit où elle saisit un tube de crème apaisante. Au pied de son lit se trouvait également un petit miroir portatif qu'elle déplaçait généralement sur la table de la cuisine pour se maquiller.
Tarik regarda Iolanda agir, le dos nu grâce au drap qu'elle avait remonté uniquement sur sa poitrine. Sur le devant, elle graissa ses tresses sans aucune difficulté. Par contre, quand elle arriva au niveau de sa nuque, elle se tourna pudiquement vers lui. Ils ne sentait pas le besoin de se parler puisqu'en réalité, n'en ressentaient pas la nécessité. Il se redressa donc, les abdominaux déjà gainés - parce que secrètement, il se faisait un malin plaisir de voir les yeux de sa femme descendre sur eux -, saisit le tube de ses mains, appuya dessus pour placer un peu de crème dans l'une de ses paumes et délicatement, passa son doigt sur les blessures de Iolanda.
De nouveau, Iolanda eut intentionnellement une vague de frissons. Tarik ne put donc plus se retenir. Presque de manière féroce, il embrassa la naissance de son cou. De surprise, elle sursauta et lâcha un petit cri. Elle ne ressentait quasiment plus aucune douleur mais était vraiment étonnée de l'animosité de son homme. Il était si imprévisible... Or, elle aimait ce côté protecteur presque possessif par lequel il agissait.
Toutefois, Tarik fut très doux lorsqu'il appliqua le soin à Iolanda. Puis, une fois ce dernier terminé, elle se retourna vers lui. Il était beau. Fier, conquérant avec son regard de lion et son attitude de roi de la jungle. Il avait un charme indéfinissable et donc indescriptible, dont plus précisément une aura qui emportait tout sur son passage. Elle était follement amoureuse de lui. Cependant, le seul détail dont elle n'osait pas encore tout à fait penser était que Tarik l'aimait au même niveau qu'elle le faisait.
« Bonjour princesse... ». Alors que Tarik voulut bien choisir ses premiers mots du matin qui auraient dû rester gravés, il fut interrompu par la sonnette de l'appartement. Qui cela pouvait-il être de bon matin ? Les gars avaient finalement tous les clés. De façon logique, il ne restait donc plus que l'option du livreur. Qu'avait commandé Iolanda de nouveau ?
Avant que Iolanda ne se lève aussi vite qu'elle le put pour notamment enfiler son T-shirt noir à la fameuse marque des skateurs et un short de sport moulant ses formes, elle caressa la joue de Tarik. Elle savait que son geste ne resterait pas anodin parce que ce dernier le déstabiliserait. Pas manqué. Sous le regard attentif de son homme, elle sortit de la chambre en trombe, lui laissant aussi le temps de maudire la personne qui les avait stoppés. La minute suivante, elle revint tout sourire avec un petit carton de livraison. Il savait que l'emballage ne pouvait que contenir des livres.
Iolanda se recoucha en prenant soin de ses nouveaux ouvrages de grammaire, conjugaison et orthographe. Cet achat était étonnant pour une femme qui ne cessait jamais d'écrire, qu'importe les événements de la vie... Face aux yeux inquisiteurs de Tarik, elle lui répondit de suite : « Mes employeurs m'ont demandé ce que je voulais comme compensation pour les quelques articles que j'ai écrits pendant ma période de convalescence. Officiellement, je suis encore en arrêt donc mes heures travaillées donc dues ne devaient pas apparaître sur mon bulletin de salaire. ». Où Iolanda trouvait-elle cette force et entente qui faisaient qu'aucune relation ne se révélait compliquée ?
Même si Tarik l'admirait, il ne put s'empêcher de répliquer : « Io, t'exagères, vraiment. ». Sincèrement, il le pensait. Ces dernières semaines, elle avait traversé un état épouvantable pour d'autant en sortir grandie, femme, sérieuse, mature et intelligente.
« Comme nous... Tarik, il faut qu'on en parle maintenant car je souhaite continuer d'être honnête envers ton frère, Jason, Fabrice, Mohamed et Rilès. Je pense qu'il serait très sage de leur dire pour notre relation. Au fond, je suis convaincue qu'ils le savent déjà... ». Iolanda possédait cette maturité tant recherchée par les hommes de sa vie. Cela était la raison pour laquelle ils l'avaient accepté dans leur vie. Elle ne pouvait leur provoquer que du bien, leur apprendre à devenir des hommes meilleurs et surtout en leurs noms de toujours parfaitement les représenter.
Tarik pensait à tout cela puisque contrairement à Iolanda, lui était au courant de ce qu'il se passait chez les kabyles lorsqu'un homme souhaitait vivre avec une femme. Il devait la présenter officiellement par des fiançailles pour ensuite lui jurer devant Allah qu'elle serait sa seule femme, son épouse, sa confidente, son soutien, son gars sûr jusqu'à sa mort.
« Je te vrai-sui. Un jour, prépare-toi juste déjà que... Je t'emmènerai un de ces quatre, dans le village de mon grand-père, là-haut c'est calme. ». Tarik était tellement hypnotisé par Iolanda et ses goûts musicaux qu'il en chantonnait les derniers sons de Nekfeu qu'elle écoutait.
« En Corse ou Algérie ? ». Cette réponse de Iolanda était bien la dernière qu'attendait Tarik. Étant tellement imprévue que cette ambiance lui provoqua un sourire du coin des lèvres.
Iolanda était couchée sur Tarik en n'ayant vraiment pas l'intention de nouveau bouger. Excepté éventuellement pour leur préparer son petit-déjeuner digne de son nom. Café, jus d'orange, croissants, pains au chocolat et sur demande ce chocolat chaud italien dont elle avait le secret.
« Les deux. De toute façon, on ira où tu veux quand je le souhaiterais. On est indépendants. ». Tarik était enfin fier de pouvoir proposer cette vie qu'il avait toujours rêvé à la femme qu'il aimait.
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Une histoire de frères - PNL
FanfictionDans l'ombre des tours, au rythme envoûtant du rap, se déroule une histoire où le lien de la fraternité se mêle à l'intensité d'une romance. Ademo orchestre cette symphonie des cœurs et des rues, où chaque vers est un cri du cœur et où chaque rime...