Loup, y es-tu ?

Lune De Sang

Cela faisait presque une semaine qu'Hermione avait rencontré Remus Lupin au milieu de la forêt. Six petits jours pendant lesquels son inconnu n'avait pas refait surface, hormis dans ses rêves. Elle ne comprenait pas pourquoi une si petite rencontre la troublait au point que ses rêves soient peuplés de sa voix douce, de son rire grave, de son regard d'ambre. Elle n'en avait pas pour autant parlé à sa grand-mère, sachant que cette dernière s'inquièterait que sa petite fille avait parlé à un inconnu au beau milieu de la nuit. Et de toutes façons, il n'y avait rien à dire. La jeune femme doutait qu'elle revoit un jour cet homme, et pour l'instant ses rêves la contentaient.

Jean et Hermione avaient plantée les graines de topinambour ensemble, dans le potager, où elles avaient pu cueillir les pommes de terre qui avaient échappées au froid. Un marchand ambulant avait fait halte devant leur maison la veille, et elles avaient pu se procurer une saucisse de porc qui avait l'air succulente.

« - Hermione chérie, pourrais-tu venir m'aider ? » demanda Jean depuis le coin cuisine.

La jeune femme se leva du fauteuil installé devant la cheminée, posa son roman et plia la couverture dans laquelle elle s'était emmitouflée avant de rejoindre son aînée.

« - Tu pourrais couper les pommes de terre pour le ragoût ? Je vais aller m'allonger un peu. »

« - Bien sûr mère-grand. » assura Hermione avec douceur.

Elle enfila un tablier, trempa ses mains dans la petites bassine d'eau prévu à cet usage, et entreprit de couper les pommes de terres en cubes épais. Sa grand-mère lui avait appris à ne pas en retirer la peau, seulement bien les laver pour enlever la terre, car la peau des patates contenait énormément de vitamines. Et c'était Elizabeth qui lui avait conseillée de couper des carrés assez gros quand c'était dans le but d'un ragoût : la pomme de terre gardait un côté fondant sans se désagréger, et en plus de ça elle se gorgeait du jus de la viande qui se libérait sous la langue une fois le cube croqué.

Une fois les pomme de terres coupées, et puisque la vieille dame s'était assoupie devant la cheminée, Hermione finit de préparer le ragoût. A vrai dire, ce plat n'avait pas vraiment de non officiel. C'était des pommes de terre, des carottes, du chou et de la saucisse de porc, le tout foutu dans la même marmite pour mijoter à feu doux pendant des heures. Les Granger avaient l'habitude d'y ajouter du thym et parfois des herbes de Provence quand la saison le permettait. En hiver, elles faisaient souvent ce plat, l'accompagnant de tartines de beurre salé, et mangeait ensemble au coin de la cheminée dans des gros bols en bois.

Après avoir mis le ragoût à mijoter au milieu de la cheminée, Hermione reprit son livre là où elle s'était arrêtée.

Jean Granger dormit tout l'après-midi, et ne se réveilla que lorsqu'il faisait nuit. Elle avoua à sa petite-fille qu'elle ne se sentait pas très bien, et Hermione, qui avait lut tout ce temps, abandonna son ouvrage pour couvrir sa petite grand-mère et lui servir un bon bol chaud de ragoût. Elle la fit manger, lentement, soufflant doucement sur la cuillère pour qu'elle ne se brûle pas. Et le tableau était beau. La petite-fille et la grand-mère, ensemble devant la cheminée, la première faisant manger la seconde. Jean sourit intérieurement. Cela lui rappelait l'époque où c'était elle qui devait faire manger la petite Hermione et qu'elle la tenait sur ses genoux en lui racontant des histoires.

Le feu faiblissait, et Hermione borda sa grand-mère en sortant la marmite de l'âtre.

« - Je vais aller chercher du bois, mère-grand, il n'y en as plus. »

Jean acquiesça mais lui recommanda d'être prudente, ce à quoi Hermione répondit avec son éternel sourire que la réserve de bois était à moins de cinquante mètres. Alors elle sortit dans le froid, resserrant sa cape rouge autour d'elle en sentant le vent glacé mordre sa peau. Depuis que sa grand-mère la lui avait faite, Hermione ne quittait plus cette cape douce qui la protégeait du mauvais froid.