18 : Knock-Out

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Quand j'ouvre la porte de chez moi, je m'attends presque à voir écrit sur le carrelage de l'entrée : « Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance. » Mais ce que je vois est bien différent.

Je ne fais même pas un pas dans le salon qu'un cahier m'arrive en pleine figure. Quand je le rattrape avant qu'il ne tombe sur le sol, je remarque qu'il n'est pas le seul. Des tas de cahiers jonche le carrelage, avec des classeurs explosés et ouvert en deux, les anneaux ayant sautés, aux côtés de certain de mes dessins et quelques autres de mes affaires. Un nouveau truc tombe de l'étage mais je l'intercepte avant qu'il ne soit abîmé. Il s'agit de l'un de mes carnets de croquis, celui datant d'il y a quatre-cinq ans.

Des feuilles de papiers pleuvent de l'étage et à chaque fois que tombe l'une de mes affaires, un bras les jette au-dessus de la rambarde de l'escalier. Je ne sais pas à quoi joue mon frère, mais ça ne me plait pas du tout. Je monte à l'étage, mon calepin dans les bras que je pose sur le meuble du couloir. Je n'ai pas le temps de faire un pas de plus qu'il me dépasse, prêt à jeter quelque chose d'autre par-dessus la balustrade, mais je lui arrache des mains avant qu'il les jette, en hurlant :

- A quoi tu joues ?!

- DEPUIS QUAND TU LE SAIS ?!

Son visage est déformé par la rage, aussi rouge que mon pull et ses muscles sont contracter à l'extrême. Voyant que je ne réponds pas dans la minute et je ne suis pas sûr de comprendre où il veut en venir, il s'élance vers moi. Je n'ai pas le temps de parer son coup qui m'arrive presque dans l'œil. Je chancelle avant de m'étaler sur le sol.

- Je ne sais pas de quoi tu parles.

- Ne joue pas à ça avec moi, Hugo !

Son bras se déplace tellement vite vers moi, que j'ai peur qu'il me frappe à nouveau, mais l'écran de son portable apparait devant moi. Une photo de moi embrassant Victor dans le hall du lycée y est affichée. Malgré qu'elle soit un peu flou, on distingue assez bien nos visages et la distance et l'angle me fait croire qu'elle a été prise par Louis.

- Depuis quand tu es une putain de pédale ?!

J'avale ma salive en me remettant debout. Il n'attend même pas ma réponse et retourne saccager ma chambre plus qu'elle ne l'est déjà. Elle est complètement sans-dessus dessous, mes tiroirs sont par terre et le sommier est debout en travers de la pièce, mes vêtements, mes cours et une partie de mes dessins jonchent le sol, piétiné par mon frère. Ça doit faire un moment qu'il fouille dans mes affaires. Je me fous un peu de mes cours, mais les dessins que je vois date du tout début, ça me fait mal de voir tout mon travail et mes souvenir réduit à néant.

Je me reconcentre sur mon frère, qui a visiblement le diable au corps, entrain de jeter tout ce qu'il trouve par-dessus son épaule. Quand il pose de nouveau les yeux sur moi, il m'envoi le deuxième coup le plus puissant que je n'ai jamais reçu et gratuitement, éclatant ma lèvre contre mes dents avant que j'ai le temps de réagir. Je me mords la langue avant de rejoindre le sol une nouvelle fois, complètement sonné. Il a plus de force que je pensais, et même si je me suis déjà pris des raclés, jamais mon adversaire n'y a mis autant de rage. Je passe mon doigt dans ma bouche pour vérifier que j'ai encore toutes mes dents. Alors qu'il s'apprête à me redonner un coup je l'arrête de la main.

- Depuis que j'ai dix ans !

Lucas se fige.

- Ça fait neuf ans que tu caches à tout le monde que t'es gay ?! Ça fait neuf ans que tu me fais croire que t'aimes les filles ?!

- Je n'avais pas le choix !

Le coup de poing qu'il s'apprête à me lancer s'arrête dans le creux de ma main. Sa force est telle que mon poignet me fait instantanément mal.

J'ai Le Droit Aussi... - Le Secret D'une VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant