CHAPITRE 1

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[Mandy]

Qu'est-ce qui te fais aller mieux ?

Le fait que tout ne soit pas perdu.

Le froid glacial me ramène chaque soir à la réalité lorsque je tente de me changer les idées en plein milieu de la nuit. Je n'ose même pas compter le nombre de clopes que j'ai fumées en l'espace d'une demi-heure. Aussi triste que cela puisse paraître, c'est l'unique moyen que j'ai trouvé pour anéantir ne serait-ce que quelques minutes mon anxiété. L'alcool m'est également venu à l'esprit... cependant, je souhaite me souvenir de chaque seconde, chaque minute, chaque heure de chaque jour qui s'écoule. Malgré tout ça, je tiens. Je ne perds pas espoir. J'ai une idée, et elle va marcher, elle doit marcher. C'est tout ce qu'il me reste. Tout n'est pas perdu, je dois les retrouver. James et Lou ne peuvent pas être si loin... Nous allons y arriver. Je ne sais combien de temps cela prendra, mais nous y arriverons. Il le faut.

[Lou]

Qu'est-ce qui te fais aller mieux ?

James Harper.

Qu'est-ce qui te fais rester ?

James Harper.

Je sais que ma place est ici, avec lui et nulle part ailleurs. Pourtant, mes nuits agitées et mes crises de panique récurrentes pourraient bien me convaincre du contraire.

Cela ne fait qu'une semaine que nous avons été accueillis à bras ouverts chez les "Angels of Shadows". Pourtant, ils nous ont apporté beaucoup plus que ce que nous avions dans notre ancienne vie. Oui, ancienne vie. Je n'ai plus peur de le penser ni de le dire désormais. Nous nous sommes enfuis et avons tout laissé derrière nous. James et moi ne sommes plus prisonniers, c'était ce qu'il m'avait promis. Aujourd'hui, je me sens entourée de personnes sur qui compter, des amis qui jour après jour me prouve leur fidélité. Daria a su me prendre sous son aile, je n'oublierais jamais ce qu'elle fait chaque jour pour nous venir en aide. John malgré son caractère bourru, transmet autant de soutien et d'amour à James qu'il le peut. Je sais ce que vous vous dites, que je m'emballe, que je me précipite, que je ne suis qu'une jeune adulte qui a tant à apprendre. Je le sais. Je ne le nierais jamais. Cependant, je ne me souviens pas avoir déjà ressenti ça. C'est fort, puissant et réconfortant. Je veux m'apaiser l'esprit avec ces personnes et saisir tout ce qu'elles peuvent m'offrir, quitte à prendre le risque d'avoir le cœur brisé. Ce raisonnement peut sembler puérile, ou encore naïf, néanmoins j'ai besoin de tout cela pour recouvrer les forces dont j'ai besoin. Je sais pertinemment que nous ne sommes pas au bout de nos peines, il reste encore tant de choses à régler... Clay est toujours à nos trousses, attendant la somme que je lui dois, et je doute fortement que la patience soit sa qualité première. Encore faut-il qu'il puisse en exister ! De plus, depuis que John l'a évoquée, la mort du père de James me hante l'esprit. Ce sujet m'effraie, après tout, je ne connais pas ce côté sombre de mon petit ami. Dois-je en parler à James ? Que se passera-t-il lorsque le corps sera retrouvé? Quant à Clay, comment vais-je bien pouvoir m'en sortir ? Va-t-il venir me tuer ? S'en prendre à ceux que j'affectionne tant ?

De mes petites mains, je resserre plus fort le drap contre moi. Mon cerveau est en ébullition, je ne peux pas dormir avec autant de choses en tête, c'est impossible. Une nouvelle crise d'angoisse menace de pointer le bout de son nez.

- Non, pas encore ... Je chuchote pour moi-même afin de ne pas réveiller la montagne de muscles qui dort à mes côtés.

Avec une lenteur et une douceur incroyables je parviens à m'extirper du lit. Je me saisis à la hâte d'un gilet étendu sur le sol avant de sortir de la chambre. James est paisiblement endormi et je ne compte pas m'attirer les foudres de ce dernier si jamais j'ose le réveiller. Je souris malgré moi, son mauvais caractère cache tellement de belles choses. Une fois dans le couloir, je me dirige discrètement vers les escaliers que je descends à la hâte. Je traverse le hall dans le noir afin de me diriger vers la porte. Ce n'est que lorsque le vent frais vient me caresser le visage que je prends une grande bouffée d'air afin de m'apaiser. Bien que je sois pieds nus, je me faufile entièrement dehors et enfile précipitamment le gilet, avant de croiser mes bras sur ma poitrine. Le ciel est magnifique ce soir, aucun nuage à l'horizon. Je souris bêtement devant le spectacle que m'offrent les étoiles brillantes qui me surplombent. Au bout d'une dizaine de minutes, une petite pointe de douleur désagréable se propage dans mon cou, signe que pencher la tête en arrière de la sorte n'est pas un très bon exercice nocturne. Mes yeux se focalisent alors sur le vaste terrain qui s'étire devant moi, ainsi que sur le reste des braises du feu de camp, allumé durant la soirée.

- Quelle idée de sortir par un froid pareil !

Un rire m'échappe lorsque je reconnais la voix grave et encore ensommeillée de James. Il s'avance jusqu'à arriver à mes côtés.

- Tu n'avais qu'à mieux te couvrir! Ce n'est pas avec un T-shirt et un short que tu vas te réchauffer. Dis-je tout sourire en lui jetant un rapide coup d'œil avant de regarder de nouveau devant moi.

- Je te signale que c'est toi qui porte mon gilet.

- Il ne fallait pas laisser tes affaires traîner par terre.

- Ah ça, tu aurais dû y penser avant ! Je te rappelle que c'est toi qui a arraché mes vêtements. Et je crois aussi me souvenir que tu ne t'es pas arrêtée au gilet !

Je sens le rouge me monter aux joues immédiatement. Bien que James et moi avions désormais couché plusieurs fois ensemble, il savait pertinemment que ma timidité prenait le dessus. Je me retourne et aperçoit son regard malicieux se balader sur chaque recoin de mon corps.

- Abruti ! Je m'écrie tout en tentant de lui donner un coup de poing sur l'épaule qui s'avère être tristement ridicule mais qui tout de même a le mérite de le faire rire.

Sans que je m'y sois préparée, l'une de ses grandes mains vient empoigner mon bras droit pour m'attirer avec rapidité contre son torse.

- Je te taquine ma belle. Mais tu veux bien m'expliquer pourquoi tu es toute seule dans le froid ? Tu ne ferais pas mieux de te reposer ?

Tout en restant au creux de ses bras, je pousse un long soupir.

- J'aimerais beaucoup, mais ce n'est pas aussi simple.

James. TOME 2. [Douleurs passées.]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant