Nous sommes de celles qui ensorcellent
Nous sommes de celles
Parce que trop moches ou trop belles
Nous passons pour des rebelles, des infidèles
Parce que nous n'obéissons pas aux lois du genre
Nous sommes de celles qui on choisit la clandestinité
Pour pouvoir un petit peu exister
Nous sommes sans papiers, voilées, perchées, droguées, prostituées, ou précarisées,
Condamnées à être soignées ou sauvées... bon gré mal gré !
Nous sommes de celles qui ne seront jamais des princesses
Même si l'on peut briller dans nos faiblesses
Nous sommes souvent des hyper sensibles
Qui peuvent devenir des enfants terribles
Nous sommes de celles à qui on reproche d'en avoir jamais assez
Parce que l'on veut notre part de liberté
On aura beau résister, se révolter
On finira par nous emprisonner, nous menotter
Nous sommes de celles que l'on regarde de travers
Nos vies sont étalées dans les faits divers
Nous sommes vues comme des mauvaises mères
A qui, il faudrait supprimer les ovaires
Nous sommes de celles que l'on a droit de malmener
Dénigrer, humilier, bafouer, violenter ou violer
Quelque part nous avons dû le chercher
Nous n'avons pas suivi le chemin qui nous a été gentiment tracé
Nous sommes de celles à qui on ne donne jamais la parole
Car il est évident que nous sommes toutes trop folles
Si les institutions nous font violence
C'est surement par pure bienveillance
Nous sommes de celles condamnées à morfler
Le jet de pierre a été supprimé
Mais cela ne nous empêche pas d'être lapidées
Dans la rue comme dans les salons de thé
Nous sommes de celles à qui, on a toujours quelque chose à reprocher
Pour esquiver nous finirons par nous isoler, nous barricader, nous murer,
Nous nous ferons alors condamner
Par notre sentiment de honte et de culpabilité
Nous sommes de celles qui, avons appris à résister
Qui ne savent pas toujours s'épargner
A Force nous nous sommes endurcies
Au point parfois de ne plus voir les éclaircies
Nous sommes de celles qui nous épuisons
A faire entendre notre « oui » comme notre « non »
Mais le prendre en considération
Remettrait trop de chose en question
Nous sommes de celles dont on ne préfère pas connaitre la réalité
Nous sommes l'objet de tant de discriminations
Les héroïnes de milles fictions,
Mais surtout victimes de vos et nos représentations
Nous sommes de celles que l'on a de nos sœurs séparées
Conscient du danger de notre solidarité
Nous voilà condamnées à toutes nous rejeter
Alors que l'on gagnerait à se connaître et s'entraider
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Se raconter sans se dévoiler
PoesíaCes photographies et ces textes ont été réalisés au sein de la permanence « Au féminin pluri'elle » de l'association AIDES. Ces femmes sont consommatrices ou ex-consommatrices de drogues. Pour elles se dévoiler en public est risqué du fait de la loi...