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Malaise.  Il n'y a pas d'autre qualificatif pour décrire la situation dans laquelle je me trouve.

Emilio est assis à quelques centimètres de moi. Il me semble plutôt à l'aise. C'est qu'une femme comme moi n'impressionne pas grand monde. Si ce n'est personne.

Sans grande surprise l'intérieur de son véhicule est grandiose, étincelant.
J'attache ma ceinture, a demi consciente que je souris nerveusement. Emilio démarre et il se met a suivre le dépanneur. C'est partis pour plusieurs heures d'angoisse...

De quoi dois je lui parler? J'ai horreur des blancs. Réfléchis Emma ! C'est un mec, il doit aimer le football. Parles lui du Real madrid !

— Pas mal le Real madrid n'est ce pas? Je lache ça sans aucune préparation.

Emilio semble étonné il tourne la tête dans ma direction, je vois ses sourcils se froncer.

— Vous aimez le football? Me demande t-il.

— A vrai dire..... non. Je réponds honteusement.

Emilio rit spontanément. Bon sang ! Il est beau même dans la spontanéité celui la.

— Vous m'en voyez ravis. Je ne porte aucun intérêt au football. Se confie le beau brun.

Je me sens ridicule. Je ris partagée entre le soulagement d'avoir brisé le silence et la honte de ne pas savoir faire la conversation.

— Parlez moi de vous. Lache Emilio en plongeant son regard dans le mien.

Mon coeur cogne brusquement. Je sens mes mains devenir moites et ma respiration s'accélérer.

— Je ne sais pas quoi vous dire... Que voulez vous savoir? Je répond un peu perdu.

— Comment une femme comme
vous c'est elle retrouvée a travailler dans un petit supermarché?

Comme moi?!

— Oh... C'est assez plaisant d'empiler des boites de conserves...

— Je n'en doute pas mais j'ai du mal à croire que c'est votre motivation première.

— En réalité, je voulais être interprète... ou professeur de langue... mais j'ai l'impression que je ne suis pas faite pour ça.

— Comment ça?! Dit il avec étonnement.

— Il m'est difficile de l'expliquer . je reste évasive.

Je respire un grand coup car je déteste parler de ça. Je suis partagée entre le regret et la honte de passer à coté de la vie dont je rêve.
Emilio laisse les secondes s'échapper avant de me répondre.

— Vous devriez retenter votre chance. Vous pourriez faire de grande chose.

Mes joues virent au rouge. Un compliment?!
Je ne trouve rien à répondre. Je baisse la tête vers mes genoux. Essayant de calmer cette drôle de sensation qui fait frémir mon corps.

Emilio se met à rire subitement. Je lève les yeux et il me montre du doigt le camion de dépannage que nous suivons .Je ne comprend pas tout de suite ce qu'il y a de drole.

— Regardez sa plaque. M'indique Emilio.

Je lis la plaque d'immatriculation . KK 100 PQ.
J'éclate de rire comme une enfant laissant deux larmes perler sur le coin de mes yeux.
Le soucis est que... quand je ris trop. J'ai le hoquet.

— Hic ! ... Je suis désolée c'est inévitable... Hic ! Je m'explique un peu embêtée.

Je trouve ça adorable.  Annonce le bel italien.

C'est étrange. Cet homme de tout évidence inaccessible, trouve toujours les mots justes pour me rassurer. Je suis touchée.

— A vous maintenant. Dites moi quelque chose sur vous... Je me surprends à lui demander.

Emilio excise un sourire. 

— A une seule condition.

— Laquelle?! Je m'étonne.

— Qu'on cesse de se vouvoyez. 

Je hoche la tête.

— Alors ... que dire sur moi. Je suis née en 1990 à Milan. J'y suis resté jusqu'à mes 11 ans. Puis étant le fils ainé, mon père a trouvé bon de parfaire mon éducation en me scolarisant dans un internat privilégié en France. J'y suis resté jusqu'à l'obtention de mon bac.

— Je comprends mieux votre.. enfin ta parfaite maîtrise du français. L'éloignement avec ta famille a du te peser.

— Oui et non. Je les voyais à chaque vacance et ça m'a permis de devenir celui que je suis aujourd'hui.

— C'est admirable. J'aurai été incapable de vivre sans les miens. Même si avoir un petit frère qui aime jouer au protecteur avec moi,  est assez agaçant , je ne verrai pas mon quotidien sans lui.

— Un frère reste un frère qu'il soit plus jeune ou plus vieux. Je pourrais donner ma vie pour ma soeur Clara.

Il est beau quand il parle de sa soeur. Il est beau tout court.
Son téléphone sonne. Emilio décroche et glisse un de ses écouteurs dans son oreille.

Et pendant cet instant, je plane, je l'examine, je le scrute et je pense aux jolies femmes qu'il a du conduire en voiture. Des femmes époustouflantes certainement habillées avec élégance et raffinement. Immédiatement je jette un oeil sur ma paire d'Adidas... Oh que j'ai honte. Oh que j'aimerai disparaitre. Je me surprend à souffler un «  pauvre fille ! »

— Ça ne va pas? Me demande Emilio.

Je n'avais pas fais attention qu'il n'était plus au téléphone.

— Tout va très bien. Merci . Je souris bêtement.

Le temps file est bientôt je vois la rue dans laquelle je vis. Le camion de dépannage est toujours devant nous.

— Nous voilà arrivé Emilio.

— Cet endroit est charmant. Dit-il.

— Oh que oui ça l'est !

Emilio s'arrête juste derrière le camion. Me voila bel et bien arrivé.

La vendeuse Hard DiscountOù les histoires vivent. Découvrez maintenant