Chapitre 27 - Toute une histoire

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POV Ailee

Je lève les yeux vers le chevalet devant, je suis septique du résultat qui n'est pas vraiment celui escompté.

Je mords la peau de mon pouce en plantant mon pinceau tout juste propre dans mes cheveux, ma blouse est maculée de taches de toutes les couleurs, je ne peux aisément pas rendre ce devoir en l'état il trop brouillé par ma cuite de la veille, même Picasso aurait fait un travail plus propre.

L'odeur de la gouache envahie toujours autant la pièce, j'aime l'atmosphère qui règne dans la pièce, c'est pour cela que l'a Nola choisi, on a l'impression que l'automne y habite toute l'année, elle est constamment baignée par une douceur et une lumière tamisée qui est parfaite pour développer ma créativité.

Il y a la musique et tandis que je me déhanche en utilisant ma brosse, mon esprit vagabonde, ce garçon que j'ai rencontré hier soir et qui m'a intrigué. Il a fait preuve de prévenance qui m'a touché en me déposant un plateau de soupe de riz avant qu'ils ne partent de l'appartement. Nola est partie tellement vite que je n'aie même eu le temps de lui demander son numéro afin de le remercier, cette morue, je suis presque sure que l'entendre se vautrer dans le couloir m'a réveillée pour la seconde fois.

En même temps, elle est plutôt dans la team «se lever au dernier moment» qui comme d'habitude fini par la mettre tout le temps en retard, en résulte des gamelles monumentales et un juron bien fleuri.

Je l'ai toujours connue ainsi, d'une maladresse et d'une connerie attachante, depuis le jardin d'enfant, elle n'a pas changé d'un poil, bien sûr son corps à changé mais son esprit est toujours aussi enfantin et rempli de bêtises.

Je me souviens que lorsque nous étions encore à Paris, elle m'avait réveillé une nuit pour danser bêtement en buvant de la bière bon marché avec pour seul spectateur notre vieux chat qu'elle avait appelé Berlioz. Il nous arrivait souvent de nous perdre dans nos délires en pleine nuit, dansants comme deux vieilles mamies sur des rythmes tout pourris.

Ces moments me manquent parfois, quand elle était partie aux États-Unis, on ne se parlait que peu de temps par jour, notre complicité s'étiolant au gré des semaines qui passaient. Et depuis son retour j'ai du laisser ma place à 7 garçons qui savent faire rire aux éclats ma meilleure amie, le travail creuse des cernes sur son visage mais l'amour et l'amitié la font sourire d'une façon si mignonne que je ne peux pas lui en vouloir de prendre ses distances avec moi.

Il y a d'ailleurs toujours ses photos accrochés sur les murs de la chambre que j'ai transformée en atelier, quand je me sens démoralisée, je me pelotonne dans un plaid et je contemple nos 16 ans d'amitié, nous avons tant grandis que nos dents du bonheur ont disparues, redressées par un appareil dentaire pendant notre adolescence, nos premiers émois se trouvent aussi sur ces murs, nos premiers conflits d'enfants pour savoir qui aurait la poupée Sakura dont on se partageait la garde une semaine sur deux. Les têtes dans la crème glacée, nos batailles de polochons, la remise des diplômes de Jeremy où il m'avait donné un baiser sur la joue et que j'avais finie rouge comme un coquelicot, nos nombreux voyages avec pour seuls compagnies nos sacs à dos et nos coupes de cheveux approximatives.

Nola a toujours été celle qui prenait des centaines de photos, dégainant son appareil photo au moindre prétexte, c'est toujours le cas, les photos qui ont été vendues lors de son exposition ont été longtemps exposées dans sa chambre. Du coup, j'avais presque l'impression de connaître ces garçons qui ont gagnés son cœur, chacun à sa manière, je tombe sur un de ses nombreux albums photos et je trouve intéressant de m'en inspirer pour un croquis, il y a ce garçon, soupe de riz, qui sourit de toutes ses dents, son sourcil dépassant de ses lunettes de soleil avec un air surpris, c'est un bon cliché, je décide de reprendre la main en copiant la photo. Mais je n'arrive pas à mettre la main sur mes fusains et je sais que ma propriétaire qui tiens aussi la librairie du dessous, m'en commande régulièrement de côté. Je lave brièvement mes mains maculées de peinture et enfile ma paire de converses pour descendre au magasin.

Hold me tightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant