Il laissa le témoin s'en aller et l'observa jusqu'à ce que la porte soit refermée derrière lui. Il espérait vraiment pouvoir en apprendre plus sur lui et sa famille le soir même. C'était un cas assez étrange qu'il avait eu devant les yeux et il voulait comprendre les raisons qui avaient fait agir sa sœur, et se faire passer pour un homme. Et surtout pourquoi lui était si tendu lorsqu'on lui disait la vérité...
En attendant, il rédigea le rapport d'autopsie.
Quelques heures plus tard, le médecin-légiste se rendit au commissariat, plusieurs rapports dans les mains. On les lui avait demandés pour la journée.
Il se dirigea vers le bureau d'un des détectives, celui dont il savait précisément qu'il s'occupait de l'affaire Simon. Il lui tendit le rapport d'autopsie de la victime avec un sourire.
« J'aimerais pouvoir jeter un œil sur le dossier que vous avez constitué sur elle, et sur son frère.
-Vous savez que ce n'est pas possible, lui répondit l'autre pas le moins du monde surpris par cette requête. »
Le policier allait prendre le tout nouveau rapport mais le légiste le retira, faisant se refermer la main de l'homme sur le vide.
« S'il vous plaît. »
Letruand avait un sourire sournois. Le policier comprenait très bien la contrepartie. Il soupira et lui tendit le dossier en même temps que le médecin lui donnait son rapport.
« Vous n'avez aucune compétence, ni responsabilités pour enquêter, lui rappela l'homme en uniforme alors que le légiste haussait les épaules.
« Vous savez très bien que je peux être utile. »
Il prit une chaise à un bureau et vint s'asseoir à côté de lui, ouvrant le dossier.
En une journée, les enquêteurs avaient fait un grand travail.
La victime s'appelait Simon Fournier, son frère Charles. Ils avaient respectivement vingt-huit et trente ans, et ils étaient nés à Lyon, où ils avaient laissé les parents, aujourd'hui décédés. Pourquoi avoir quitté leur ville natale pour aller si loin... ? D'autant plus que Charles avait spécifié que ses parents étaient tisserands. Lui et sa sœur s'étaient sûrement ruinés pour venir jusqu'à la capitale. Il était indiqué que lui était artisan et qu'il partageait les tâches et les revenus avec sa sœur.
La police avait aussi fouillé la chambre miteuse et minuscule de la victime et avait découvert qu'elle vivait avec très peu de moyens. Il y avait très peu d'objets personnels, et surtout, uniquement des vêtements d'homme.
Sur la dernière page, il était écrit que les agents devraient contacter la police de Lyon pour interroger les connaissances de Charles et Simon, vérifier ce qui avait été dit sur leur famille. Ils voulaient peut-être s'assurer qu'aucun n'était venu sur Paris au moment du meurtre, ou qu'il avait un quelconque lien avec la capitale. Il semblait que ce soit leur seule piste pour le moment.
Mais il y avait autre chose d'inscrit. Une lettre avait également été retrouvée.
Letruand tourna la tête vers le détective et pointa la ligne où il était mention de cette lettre.
« Elle parle de quoi ?
-On ne sait pas encore, lui répondit-il d'un ton monocorde en lui désignant un autre collègue. Elle était déchirée dans la cheminée.
-Merci ! »
Letruand reposa le rapport sur le bureau et alla voir où en était le collègue. Malheureusement, les morceaux étaient si petits qu'il peinait beaucoup. Peu compatissant, Letruand lui souhaita bon courage et prit congé. Il devait se rendre au café pour retrouver Charles.
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Quand les morts parlent trop
Mistério / SuspenseCe que vous vous apprêtez à lire est un document très rare, par conséquent, très précieux. Elle a été conçue à partir d'anciennes sources écrites de tribunaux, de rapports de police et de conclusions d'avocats des années 1860. Pour toucher un public...