Sandrina, dimanche 19h21

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« Bon, » commence Cindy. « rapelles-toi; tu es extrêmement recherchée par la police. Tu vas devoir te faire très discrète, te fondre dans la masse sans laisser aucune trace de toi. Compris?' »

« Oui, ne t'inquiètes pas. Avec tout ce maquillage et ses lentilles, je ne crois pas que je serais reconnue. »

« Parfait... » ajoute-elle, marquant une pause. « Et en même temps... essaies de te rappeler qu'est-ce qui s'est passé, d'accord? Ne te concentre pas juste sur ça par exemple! Le plus important est... »

« Le numéro d'immatriculation et extrait vidéo de sa destination, je sais... » je réponds, la coupant au milieu de sa phrase.

« Sois prudente! » me crie-t-elle, alors que je ferme la portière.

Notre aventure a commencé dans l'hôpital, alors que nous sommes sorties par une porte secrète à l'arrière du bâtiment. Une petite voiture noire nous attendait. Nous nous sommes donc dépêchées d'y entrer et de partir hors de la vue des caméras. Sorties de leurs champs de vision, nous avons pris la direction inverse, jusqu'à une petite ruelle déserte. De là, Cindy m'a donné des vêtements et quelques accessoires. Elle avait pensé à absolument tout; lentilles de couleur, lunettes de soleil, perruque blonde, fausses cartes, etc. J'ai alors enfilé les vêtements, la tignasse platine et les verres de contact bleus. Puis, Cindy m'a appliqué le maquillage, transformant mon apparence à celle d'une femme plutôt coquette. Faisant de simples retouches, elle m'expliqua son plan; j'allais entrer dans la station de police et y expliquer que ma voiture avait été volée la nuit de samedi alors qu'elle était stationnée sur l'avenue Pierre de Coubertin, en face du stationnement public du stade olympique. Je souhaitais voir les extraits vidéo de la veille pour prendre la plaque d'immatriculation et essayer de retrouver le voleur. Lorsqu'on me la montrera, je prendrais en note le numéro de la voiture noire que je me rappelle avoir vue le soir du bal. Ensuite, j'allais demander l'aide du service de localisation pour voir où se trouvait la voiture à l'instant. Je devrais ensuite sortir du commissariat et aller donner le positionnement du véhicule à Cindy. Le reste, elle n'avait pas à me l'expliquer, j'avais tout compris.

Les évènements de la veille me revenaient peu à peu. Les premiers souvenirs, ma préparation et ma folle descente d'escaliers ne me sont revenus que vers neuf heures. Peu à peu, et avec l'aide de Cindy, j'avais jusqu'à maintenant retrouver la mémoire sur d'autres aventures arrivées au cours de ma soirée; la majestueuse entrée que Morgan nous avait donnée dans sa robe verte, l'épouvantable embouteillage qui l'y avait sur l'autoroute, mon émerveillement lorsque j'avais vu l'horizon qui se présentait à nous du haut de la tour, notre souper accentué de rires, et autres. Mais le plus important était celui de la voiture que j'avais remarqué avant d'entrer dans l'enceinte. C'est de là que c'est écoulé le plan de Cindy.

Pourtant je sais que j'ai un autre souvenir qui va revenir dans ma mémoire, et je sens que c'est un souvenir important pour notre chasse à l'homme. Il est comme un mot sur le bout de notre langue; sur le bord d'entrée dans ma mémoire. Marchant vers la porte de la station de police sur mes hautes sandales à talons blancs, j'enfile mes lunettes fumées tout en essayant de me rappeler ce maudit évènement.

Jetant un dernier regard vers la voiture pour y trouver le regard approbateur de Cindy, j'attrape la poignée et la tire, juste avant d'entrer dans la petite bâtisse au plafond bas. Le contraste imminent de l'air chaud de juin à celui de l'air glacial de l'air climatisé me donne une poussée de frisson. Malgré ma chair de poule très voyante, je m'approche du bureau central prenant une démarche très prononcée en déhanchement.

« Euhhh... bonjoureuh? » je commence, accompagnant le tout d'un petit accent parisien. « Je me suis fait volée ma voiture hier, une petite bagnole noire. Pourriez-vous m'aider? »

« Mais bien sûr! » me réponds un jeune homme, d'environ 25 ans, aux yeux vert pâle et aux cheveux bruns frisés. « Où était-elle stationnée lorsqu'elle s'est fait voler? Je vous demande aussi votre nom, date de naissance et une carte d'identité s'il vous plaît. Préférablement un permis de conduire... »

Je plonge la main dans le petit sac à main de cuir et y retire les petites cartes. Mais alors que je lui tends les fiches, mon œil gauche commence à me bruler énormément, tellement que je dois étouffer le cri coincé dans ma gorge. Cette douleur est insupportable, j'ai vraiment besoin que ça arrête. J'écarte donc mes paupières, pince la lentille et la retire, presque du même mouvement. La sensation que cela procure est une vraie délivrance. Comprenant la surprise que j'ai créée dans la salle, je fonce vers les salles de bain, à moitié recroquevillée sur moi-même avec ma main recouvrant mon œil blessé.

Je me regarde dans le miroir, ne voyant mon reflet que d'un seul œil. L'autre, embué de larmes et sans lentilles, est rouge écarlate. Je le rince avec de l'eau froide ainsi que tout le visage. Ne voulant pas qu'un autre incident de la sorte se reproduise, j'enlève délicatement le contact bleu qui recouvre la cornée de mon œil droit.

Je relève ma tête, recoiffe mes cheveux artificiels et au moment où je pousse la porte afin de sortir, une paire d'yeux d'un brun presque noir me vient en tête. Puis, un visage timide l'accompagne; des cheveux foncés en bataille, une mâchoire bien découpée, de larges sourcils... Un visage reconnaissable entre mille; celui de Timothée Lemoine. Mais pourquoi lui maintenant? Après quelques secondes, le visage se change, comme dans un film. Tout disparait sauf les yeux, qui se font recouvrir d'un masque noir.

Coups de fusil, peur, Morgan, douleur à la tête...

« C'EST TIMOTHÉE QUI L'A FAIT! » je crie, tellement fort que ça résonne dans mes tempes.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 29, 2020 ⏰

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