VI - La perte d'une référence

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Avant sa pause déjeuner, Adrien finissait de vérifier ses mails quand son portable sonna. Il jeta un coup d'œil à son appareil pour voir le correspondant. C'était Nathalie. Cela l'étonna. Elle appelait généralement le soir quand il était chez lui pour qu'il puisse lui passer les enfants. Pas aux heures de bureau en semaine.

Vaguement inquiet, il prit l'appel.

— Adrien...

Rien qu'au ton, il sut que quelque chose de grave était arrivé. Sans même y réfléchir, il se leva pour ne pas poursuivre cette conversation au milieu de ses collègues. Il se dirigea vers une salle de réunion vide.

— Que se passe-t-il ? demanda-t-il tout en marchant.

— La voiture... la voiture. J'ai perdu le contrôle...

— Comment allez-vous ? Et mon père ?

— Oh, Adrien...

Il réalisa qu'il connaissait la réponse avant même de poser la question. Il referma la porte de la pièce où il venait d'entrer derrière lui, prit une inspiration et dit :

— Nathalie, j'arrive le plus vite possible. Où êtes-vous ?

— Encore à l'hôpital.

— Bordeaux ou Libourne ?

— Bordeaux.

— Je vous recontacte quand je sais mon heure d'arrivée.

— Merci, Adrien.

Il raccrocha et contempla sans la voir la table de la salle où il s'était réfugié. Il ne ressentait rien. Il savait que cela viendrait. Mais il avait des dispositions à prendre avant.

Il commença par rechercher sur son téléphone le prochain train pour Bordeaux au départ de Paris. Un bref calcul lui indiqua qu'il avait le temps de se rendre à la gare dans les temps.

Il alla ensuite voir son supérieur :

— Je suis désolé, je dois partir tout de suite pour un problème familial. Si tu as besoin d'une info, demande à Myriam, elle a accès à tout et pourra te répondre.

— Euh, d'accord. Bon courage. Tu penses revenir quand ?

— Quelques jours.

— OK. Si on peut faire quelque chose, dis-le-nous.

— Merci, Karim.

Il repassa à son bureau fermer son ordinateur et prendre son manteau. En descendant dans la rue, il fit l'inventaire de ce qu'il emportait. Il avait ses papiers et sa carte de crédit. Il n'avait besoin de rien de plus. Il reprit son téléphone et appela Marinette :

— Je viens d'avoir Nathalie, commença-t-il.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-elle immédiatement, alertée par son ton.

— Ils ont eu un accident de voiture.

— Comment vont-ils ?

— Mon père...

Il fut incapable d'aller plus loin.

— Oh non ! comprit Marinette. Chaton, je suis désolée. Tu y vas ?

— Je suis en route. J'ai un train dans quarante minutes.

— Tu veux que je t'accompagne ?

— Oui mais... il y a les enfants. Leur dire... Je ne sais pas encore si je veux qu'ils viennent.

La demande d'un pèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant