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« Comme on se retrouve. »

Il lui lança un regard qui en disait long sur ce qu'il pensait.

« Tu as encore raté le bus ?
-Non, fît-il, j'ai juste fini plus tard.»

Le blond acquiesça

Ce soir-là, la lune était à son apogée. Le jeune homme observait cette dernière les yeux scintillants, inhalant une bouffée d'air frais que l'hiver procurait.

Le calme inhabituel qui régnait dans l'avenue de la liberté rendait l'atmosphère encore plus spéciale.
Le blondinet qui -à son habitude animait ce silence pesant- ne dit rien. Il observait la fascination que portait le brun à cet astre -des plus sinistres- pour une simple personne des rues mais si intriguant aux yeux de rares individus.

« Pourquoi portes-tu tant d'importance à cet astre ?
-Moi qui pensais avoir du répit, il fût de courte durée » murmura le jeune homme.

Quelques minutes s'écoulèrent silencieusement avant que ce dernier ne réponde enfin à la question du garçon :

« Je l'envie, j'envie la lune. »

Son attention portée jusqu'à présent sur le brun passa quelques instants sur le satellite aux couleurs aciers avant de fermer délicatement ses yeux et écouter le monologue que livrait son partenaire.

« Un astre nocturne et solitaire. Silencieux, calme et gracieux. Admiré aux yeux de ceux qui savent faire preuve de bon sens. Elle est toujours à l'écoute des plus malheureux et ne disparaît pas du jour au lendemain contrairement à l'être humain.Mais elle n'en dévoile jamais trop. Qui sait, peut-être qu'elle aussi souffre mais plutôt que perdre son temps à s'apitoyer sur son sort comme le fait la plupart d'entre nous, elle nous montre le chemin à prendre, nous accompagnant dans nos réflexions nocturnes et nos choix qui seront pour la plupart irréversibles. »

Le blondinet ouvrit les yeux qui partirent se poser automatiquement sur la silhouette courbée du brun.

Il expira ;
« Au moins nous sommes en accord sur un point. »

Le jeune homme détourna son regard qui vint s'ancrer dans celui de l'adolescent.

En un clignement l'expression de ses yeux changea laissant place durant quelques secondes à de la compassion ainsi qu'une pointe de tristesse.

« Mais je ne pensais pas Monsieur si philosophique, taquina-t-il
-Que tu n'en rajoutes pas une couche m'aurait étonné. »soupira le brun en reportant son attention sur le ciel étoilé.

Un micro sourire étirait le coin de ses lèvres -sourire qui ne passa pas inaperçu aux yeux du blond.

« Tu as souri »
« Faux »
« Ne te voile pas la face »
« Et puis quoi encore, le jour où tu me verras sourire sera sans doute le jour de ma mort. »

« C'est ce qu'on verra »
Le crissement des baskets du jeune homme s'arrêta juste en face du bus. Il se stoppa dans son action lorsque le blondinet l'interpella encore une dernière fois :
« Au fait, souris à la vie »

« Tch » fût la seule réponse que ce dernier obtint avant de voir disparaître le véhicule dans un épais brouillard.

Androgène  (chanlix)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant