Un matin, où les riches rayons du soleil illuminent la pièce, Mathilde se réveille brusquement avec les idées claires. Elle se sent affaiblie, diminuée, oui, mais pour la première fois depuis longtemps, son cerveau fonctionne à vitesse normale, elle peut ouvrir les yeux, tourner la tête pour regarder autour d'elle, lever une main pour se protéger de la lumière trop vive ; et ça fait du bien.
Sous son bras, l'adolescente sent quelque chose de très doux. Elle regarde de plus près : c'est une sorte de couverture couverte de plumes blanches. Mathilde rit. Sa voix est enrouée après s'être tue si longtemps, mais c'est si bon de l'entendre à nouveau...
A côté du lit, il y a une sonnette. Mais Mathilde ne l'actionne pas tout de suite : elle veut profiter encore de sa liberté nouvelle. Elle tente de se redresser en s'appuyant sur son coude, mais elle ressent une vive douleur dans un côté du dos et elle retombe brutalement, étonnée.
Cette fois-ci, l'adolescente se lève sans prendre d'appui. Son corps lui semble plus lourd que d'habitude, mais elle met cela sur le compte de sa longue immobilité. En jetant un œil à ses draps, elle s'aperçoit, surprise, que la couverture à plumes n'y est plus. En constatant cela, elle sursaute légèrement. Et dans son dos se déploient deux immenses ailes d'une blancheur immaculée.
Stupéfaite, Mathilde reste bouche bée. Les plumes ne couvrent pas une couverture, mais une paire d'ailes d'oiseaux à taille humaine. Et elles sont accrochées à son dos. Doucement, hésitante, la jeune fille passe la main sur l'aile gauche, jusqu'à sa base d'où elle ramène sa main pleine de sang. Les ailes, en sortant, ont déchiré le tissu de sa chemise de nuit.
Mathilde descend du lit et tente de faire bouger ses ailes. Au début, elle ne les contrôle pas du tout. Heureusement, il n'y a pas d'objets fragiles dans la pièce. Après plusieurs minutes d'entraînement, elle parvient à plier ses ailes, à les déployer et à les faire battre sans trop de mal. Mais elle ne s'envole pas.
Une interrogation vient à l'esprit de la jeune fille : à quoi ressemble-t-elle ? Il n'y a aucun miroir dans la pièce, et elle n'a pas de salle de bain où il pourrait s'en trouver un. Elle décide donc de partir à la recherche de toilettes.
Le couloir est long et uniforme, avec des portes toutes identiques à intervalle régulier. Les murs sont peints en bleu sombre. Mathilde marche lentement en s'appuyant contre le mur : la nouvelle forme de son corps la déséquilibre totalement. Elle tourne deux fois à gauche, une fois à droite. Dès qu'elle aperçoit une porte ouverte ou entend une voix, elle repart en arrière. Enfin, deux portes différents des autres apparaissent. La jeune fille ouvre celle qui est ornée d'un personnage portant une robe et de l'inscription "femmes". Il n'y a personne à l'intérieur. Elle referme soigneusement derrière elle, puis se retourne. En face se trouvent des lavabos surmontés de miroirs. Mathilde s'approche, le cœur battant. L'image qui lui est renvoyée est surprenante.
Les ailes dans son dos sont magnifiques et merveilleusement blanches. Elles s'accordent parfaitement avec son teint naturellement pâle. De plus, elle a l'impression d'avoir rapetissé. Ses boutons ont miraculeusement disparu et ses cheveux ont beaucoup poussé, si bien qu'ils lui arrivent à présent à la taille. Elle qui n'a jamais été jolie, elle est superbe. Eblouissante. Même sa chemise de nuit droite et terne ne parvient pas à altérer cette beauté. Et son expression, comme toujours peu souriante, lui donne un air rebelle qui lui va beaucoup mieux qu'un banal sourire.
Venant interrompre ce moment de pure perfection, la porte des toilettes s'ouvre et une femme entre. Mathilde se retourne. La femme, qui porte la même chemise de nuit qu'elle, se met à hurler.
Avant que Mathilde, paniquée, n'ait pu réagir, des pas résonnent dans le couloir et deux infirmiers se précipitent dans la pièce. Pendant que l'un prend la femme en charge, l'autre bafouille :

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Colombe
ParanormalUn matin, une coccinelle se pose sur l'épaule de Mathilde. Que faire ? La plupart des personnes dans cette situation feraient un vœu. Mais ce n'est pas le genre de Mathilde de faire des vœux, ou en tout cas, ça ne l'est plus... Pourtant Mathilde fai...