Une pensée lui traverse soudain l'esprit.
-Ellen, il faut que je passe chez moi récupérer quelque chose. C'est important.
Elle pense qu'Ellen ne va pas être d'accord, mais à sa grande surprise, elle se contente de répondre :
-Bien sûr. De toute façon, il faut que j'y passe, j'ai laissé mes affaires là-bas. J'y suis d'abord allée pour voir si tu y étais.
Arrivée à sa maison, Mathilde entre discrètement et se dirige vers sa chambre. Le dessin d'Alice est accroché au mur. Elle le détache, le plie et le glisse dans sa poche. Puis elle prend les précieuses boucles d'oreilles sur sa table de nuit et les mets en prenant le risque de ne pas les désinfecter. Puis elle ressort. Ses parents n'ont apparemment rien remarqué.
Ellen l'attend avec deux sacs à dos. Elle lui en tend un.
-Tiens, j'ai préparé ça pour toi. Tu peux mettre tes affaires dedans si tu veux.
Mathilde sort la feuille de sa poche en se demandant si Ellen va s'énerver et lui dire que ça n'avait rien d'important d'emporter ce dessin. Mais, encore une fois, elle se trompe. Son amie lui demande doucement :
-Je peux voir ?
Elles regardent ensemble le dessin.
-C'est un cadeau, explique Mathilde en le rangeant, émue. J'y tiens beaucoup. Je ne pouvais pas partir sans.
-Je comprends.
Et elles s'envolent à nouveau. Mais cette fois, elles partent définitivement.
-Alors, où tu veux aller ?
Une journée s'est écoulée depuis la fuite de Mathilde. Ellen paraît avoir un but bien précis, mais n'en parle pas ; c'est pourquoi la jeune fille vient de lui poser cette question. Ellen ne répond pas.
-Tu as toujours l'air triste, dit-elle à la place.
Un larme glisse sur la joue de Mathilde.
-Ne t'inquiète pas, continue Ellen. Tu le retrouveras sûrement. Il faudra bien que la paix reviennent pour nous. Tu en es le symbole, non ? Tu es le symbole de la paix, a dove, j'ignore le nom de cet oiseau en français.
-Colombe. C'est comme ça qu'il m'appelait, murmure Mathilde. Au fait, tu m'as pas répondu : tu veux aller où ?
-Je te préviens tu vas trouver ça bizarre.
Elle s'allonge. Mathilde fait de même et elles contemplent le ciel.
-Dans le ciel, commence Ellen, il y a des nuages. Parfois on a l'impression qu'il n'y en a pas, mais c'est une illusion d'optique. En réalité le ciel est couvert de nuages qui sont tellement haut qu'on les voit en bleu. C'est les plus hauts nuages. Et au-dessus...
Elle fait une pause, rêveuse.
-Au-dessus, c'est là que je rêve d'aller. J'y suis prête. On peut y aller ensemble, toi et moi.
-Mais qu'est-ce qu'il y a, au-dessus de ces nuages ?
-Je n'en sais rien ! L'Olympe des dieux grecs, le Paradis, qui sait ? Personne n'y est jamais allé. C'est le mystère qui est intéressant. Je veux franchir les limites du monde connu. Ça sera très dur. Il faudra monter vraiment très haut. Mais je suis sûre qu'on peut le faire.
Mathilde n'y croit pas. Pour elle, les rêves, c'est depuis longtemps quelque chose qu'elle ne peut pas se permettre. Mais après tout, Ellen l'a protégée. Elle a pris des risques pour la sauver, alors que personne ne lui avait rien demandé et qu'elle aurait très bien pu s'enfuir immédiatement. La moindre des choses que Mathilde peut faire en échange, c'est respecter ses espoirs et l'accompagner.

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Colombe
FantastiqueUn matin, une coccinelle se pose sur l'épaule de Mathilde. Que faire ? La plupart des personnes dans cette situation feraient un vœu. Mais ce n'est pas le genre de Mathilde de faire des vœux, ou en tout cas, ça ne l'est plus... Pourtant Mathilde fai...